Mort de l'artiste Douglas Trumbull
Une fois n'est pas coutume, nous allons parler d'un cinéaste producteur-réalisateur mais surtout technicien majeur du Septième Art en tant que Directerur des Effets Spéciaux. Nous apprenons ainsi la mort du génial Douglas Trumbull ce 7 février 2022 à 79 ans.
Né en 1942 à Los Angeles, il est le fils de Donald Trumbull, pionnier des effets spéciaux ayant notamment oeuvré sur "le Magicien d'Oz" (1939) de Victor Fleming, et avec qui le fils travaillera plus tard. Passionné de constructions mécaniques et électriques, l'enfant adore aussi les films d'extraterrestres. Il voulait d'abord devenir architecte pour lequel il a suivi des cours d'illustration mais ces cours l'ont plutôt conduit vers l'art photoréaliste.
Ses capacités et son talent l'ont poussé sur cette voie et s'est fait ensuite engagé chez Graphic Films. Il travaille ensuite sur le court métrage "To The Moon and Beyond" (1964) de Con Pederson, documentaire commandé par la NASA et présenté à l'Exposition Universelle de New-York 1964 où il met au point le slit-scan (tout savoir ICI), technique permettant d'obtenir des animations psychédéliques. Ce travail est remarqué par un certain Stanley Kubrick qui cherche des artistes et techniciens pour son nouveau projet de science-fiction. Ainsi, le réalisateur engage Douglas Trumbull et ses collègues de Graphic Films dont Con Pederson pour diriger les Effets Spéciaux sur le futur chef d'oeuvre mythique "2001, l'Odyssée de l'Espace" (1968 - ci-dessous de trois-quart dos au premier plan, à droite de Kubrick), sur lequel Trumbull adapte justement son slit-scan. Trumbull dira : "ça a été la plus grande école de tous les temps de travailler avec Stanley Kubrick qui fut mon mentor".
Désormais remarqué et reconnu par d'autres, il travaille sur "Le Mystère d'Andromède" (1971) de Robert Wise mais surtout il passe à la réalisation avec son premier film, "Silent Running" (1972 - ci-dessous) où il utilise diverses techniques élaborées sur "2001..." mais non gardées. Le film reçoit des critiques dithyrambiques mais le public ne suit pas, peut-être à cause d'une promo trop confidentielle et finalement peu engageante.
Il travaille avec son père sur ses deux prochains tournages dont il supervise les effets spéciaux, d'abord "Rencontre du Troisième Type" (1977 - ci-dessous avec le réalisateur) de Steven Spielberg pour lequel Douglas Trumbull a refusé un certain "Star Wars" (1977) de George Lucas , puis ils enchaînent avec le film "Star Trek : le Film" (1979 - ci-dessous) de Robert Wise, tournage compliqué dont il dira avoir failli "y laisser la vie" !
Entre temps il produit des téléfilms comme "The Starlost" (1973-1980) puis réalise le court métrage "Night of Dream" (1978), un format qu'il appréciera de plus en plus et qui lui permet d'expérimenter ses techniques. Alors qu'il avait pour idée de ne plus travailler pour d'autres réalisateur il accepte à nouveau d'être superviseur sur une des plus grosses productions de l'époque, "Blade Runner" (1982 - ci-dessous) de Ridley Scott car comme il l'a déclaré en interview dans le magazine Cinefex : "L'une des choses qui m'ont séduit dans le projet était que ce n'était PAS un film spatial. Je suis vraiment fatigué de faire des bateaux spatiaux sur fond d'étoiles." On me sait, le film sera à l'instar de "2001..." l'un des films les plus mythiques de la SF mais pourtant Douglas Trumbull ne terminera pas le film, remplacé par son ancien collègue David Dryer parce qu'il préfère continuer le tournage personnel de son second long métrage en tant que réalisateur.
Ainsi le cinéaste signe "Brainstorm" (1983 - ci-dessous), film pour lequel il invente le Showscan (tout savoir ICI), procédé qui améliore et accroît la sensation de réalité et de profondeur qu'il avait expérimenté dans ses deux courts métrages "New Magic" (1983) et "Big Ball" (1983). Malheureusement, la mort de son actrice principale Nathalie Wood entache la promo et le film est un nouvel échec personnel pour le cinéaste.
Par la suite l'artiste se focalise sur des courts métrages comme "Let's Go" (1985) ou "Luxor Live" (1996) et/ou également pour les parcs d'attractions avec "Back to the Future : the Ride" (1991) pour Universal Studios.
Etonnament, l'artiste accepte d'être superviseur des effets visuels une ultime fois pour un long métrage, "The Tree of Life" (2011 - ci-dessous) de Terrence Malick où il revient un peu plus à ses travaux originels sur la photographie.
Douglas Trumbull aura poussé beaucoup plus loin l'univers des effets spéciaux, innovant et cherchant constamment la perfection des idées essentiellement dans le Science-Fiction. Un travail conséquent qui lui a valu 5 nominations aux Oscars et une statuette d'honneur pour l'ensemble de sa carrière artistique.
Douglas Trumbull est mot ce lundi 7 février 2022 à l'âge de 79 ans d'un tumeur au cerveau.