The King's Man : Première Mission (2021) de Matthew Vaughn
Prequel de l'excellent Kingsman : Services secrets sorti en 2015 et du très discutable second opus Kingsman : le cercle d'Or sorti en 2017. Ce troisième volet revient sur les origines de la création du fameux bureau d'espionnage britannique toujours sous la réalisation de Matthew Vaughn.
Dans un contexte de Première Guerre mondiale, afin d'éviter une Angleterre assaillie, le duc d'Oxford cherchant à protéger son fils Conrad de la cruauté du monde, va faire émerger le fameux service d'espionnage et ainsi contrecarrer les plans machiavéliques influant sur cette guerre immédiate.
Déjà la mise en place de l'intrigue est assez longue mais celle du bureau d'espionnage prend beaucoup trop de temps (près de 40 minutes). L'idée principale est bonne, celle d'espions couverts par leur fonction de domestiques, les rendant discrets et invisibles dans des lieux stratégiques mais idée antinomique aux préceptes évoqués dans le premier où toutes les recrues sont issues de la haute société sauf le mouton noir Egsy - sujet au cœur du film. Ensuite, on est très loin d'une réalité historique, on est embarqué dans un 14-18 abracadabrantesque où Vaughn s'est tout de même régalé à placer des personnages historiques. Ainsi le complexe Raspoutine (Rhys Ifans - "Snowden") est utilisé de manière centrale dans un registre déjà bien exploité : manipulateur et débauché. On rigole de l'humour un peu absurde dans ce personnage tout en se régalant de la prestation de l'acteur et l'on peut sourire à une énième version de l'assassinat de Raspoutine lors d'un évènement mondain, avec les différentes blessures qu'il a réellement reçues. A côté de lui, Mata Hari ou encore Erik Jan Hanussen passent inaperçu là où l'on aurait aimé l'approfondissement d'un historique décalé et surtout des acteurs (Valérie Pachner - "Une vie gâchée" et Daniel Brühl - "Good Bye Lenin") absolument pas utilisés à leur juste valeur. Par contre, jouer avec l'Histoire est toujours intéressant à partir du moment où l'on garde certains éléments clés et quand est dit l'Entente, on s'attend à ce que la France rentre en jeu et pas qu'elle soit complètement effacée (ou sinon on change le terme).
On remarquera que le film tient sur un synopsis plutôt bien écrit, il tient à peu près la route sans être transcendant, et gros bémol en ce qui concerne les effets de surprise. En effet, le déroulement est assez logique et la volonté de garder le méchant dans une semi obscurité - de le filmer de dos ou de placer un masque d'escrime sur la tête ne fonctionne pas quant à la révélation finale trop évidente. Vaughn retombe sur ses acquis dans certains domaines, des chorégraphies de scènes d'actions épatantes, un casting quatre étoiles avec des superbes interprétations, on s'amuse de Ralph Fiennes en espion gentlemen, de la nanny Gemma Arterton qui manipule très bien les armes et l'on se régale de revoir Charles Dance et enfin ce côté décalé qui a déjà fait le charme de Kingsman : services secrets.
Si l'idée de Vaughn était de faire de ce film un long-métrage complètement différent des deux autres et de partir dans un registre de film épique comme il l'avait déclaré... Et bien c'est à demi-raté ou demi-réussi... Le ton est différent, on est dans un registre plus grave, avec beaucoup plus d'émotion. Il a laissé de côté l'humour et le flegme britannique très présents dans les deux précédents volets pour ne conserver de la patte Kingsman que le décalage à la limite de l'absurde dans l'abord de certains personnages et dans les contrastes linguistiques et culturels mis en scène (Britanniques - Russes et Germaniques). Par contre, il manque complètement la forme épique du film, rappelons qu'une épopée est censée narrer une aventure fabuleuse dans une suite d'évènements et d'actions extraordinaires souvent à travers les exploits d'un homme. Rien de tout cela, mais une suite de scènes d'action (toujours aussi bien réussies) amenant à une réussite collective ; ça ne fait pas de The King's Man : première mission, une épopée, on attendra donc un prochain volet pour voir si le réalisateur y arrive enfin.
Finalement, on se retrouve dans un méli-mélo mal abouti ou seuls les acteurs et certaines scènes d'action viennent relever le long métrage. Assez dommage car la promesse aurait pu aboutir à un farfelu et savant mélange de réécriture historique pour comprendre la création de l'agence Kingsman. Mais Vaughn s'emmêle les pinceaux avec trop de sujets abordés et trop de personnages.
Note :
09/20
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