En Même Temps (2022) de Benoît Delépine et Gustave Kervern

Quasi un anniversaire avec ce nouveau film du mythique duo grolandais Delépine-Kervern qui signe là leur 10ème long métrage en tant que réalisateurs-scénaristes-acteurs depuis "Aaltra" (2004) et après "Effacer l'Historique" (2020) en passant par "Avida" (2006), "Le Grand Soir" (2012) et "Saint-Amour" (2015). Ce film est presque à part puisque les deux compères y font aussi l'acteur, ce qui est devenu rare puisque Benoît Delépine qui n'avait plus fait l'acteur depuis "Louise-Michel", contrairement à son ami Gustave Kervern qui est plus habitué notamment en tournant très régulièrement pour les autres comme récemment dans "Cette Musique ne joue pour Personne" (2021) et le plus navrant "Murder Party" (2022) de Nicolas Pleskov. Ce projet, éminement politique a été tourné fin 2021 et terminé rapidement pour qu'il puisse sortir avant l'élection présidentielle... À la veille d'un vote pour entériner la construction d'un parc de loisirs en lieu et place d'une forêt primaire  un maire de droite décomplexée essaye de corrompre son confrère et adversaire écologiste. Lors d'une rencontre ils sont victimes d'activistes féministes dont une qui réussit à les coller littéralement l'un contre l'autre. Dans l'incapacité de se séparer ils vont devoir assurer une nuit surréaliste l'un dans l'autre... 

Le maire est incarné par Jonathan Cohen vu récemment dans "Terrible Jungle" (2020) de Hugo Bénamozig et David Caviglioli et "Enorme" (2020) de Sophie Letourneur, il retrouve après "Blanche comme Neige" (2019) de Anne Fontaine son confrère Vincent Macaigne qui retrouve Gustave Kervern après le récent "Cette Musique ne joue pour Personne" (2021) de Samuel Benchetrit ainsi que François Damiens vu dernièrement dans "Adieu Paris" (2022) de et avec Edouard Baer. Comme à leur habitude, Delépine-Kervern retrouve plusieurs de leurs acteurs fétiches avec Yolande Moreau dans son 5ème film avec le duo depuis "Louise-Michel" (2005) sans compter plusieurs autres films avec Kervern  dont le récent "Les Sans-Dents" (2020) de Pascal Rabaté, Jo Dahan 6ème film depuis "Aaltra" (2003), Anna Mouglalis qui retrouve donc une partie de l'équipe après "Mammuth" (2010) et vue récemment dans "L'Événement" (2021) de Audrey Diwan, et l'humoriste Doully qui débuta dans "Groland" (2016) et au cinéma dans "CE2" (2021) de Jacques Doillon et en prêtant sa voix singulière au film d'animation "Les Bad Guys" (2022) de Pierre Perifel. Citons ensuite India Hair qui retrouve Macaigne après "Marvin ou la Belle Education" (2017) de Anne Fontaine, Kervern après "Poissonsexe" (2020) de Olivier Babinet et Moreau après les deux films "Brèves de Comptoir" (2014) de Jean-Michel Ribes et "Crash Test Aglaé" (2017) de Eric Gravel. Citons ensuite Anne Benoît second rôle récurrent qui retrouve Macaigne après "T'as Pécho ?" (2020) de Adeline Picault, Thomas VDB qui retrouve Yolande Moreau après "Zaï Zaï Zaï Zaï" (2021) de François Desagnat, Laetitia Dosch qui retrouve Macaigne après "La Bataille de Solférino" (2013) de Justine Triet, puis Jehnny Beth aperçu dans "Kaamelott : Premier Volet" (2021) de Alexandre Astier et surtout remarquée dans le très beau "Les Olympiades" (2021) de Jacques Audiard... Pour le début on a une pensée pour l'excellent "Présidents" (2021) de Anne Fontaine, soit deux hommes politiques que tout oppose se retrouvent à s'apprécier et à s'entendre comme à l'insu de leur plein gré.

Evidemment, le duo Delépine-Kerven va plus loin notamment et surtout dans le message et la dimension militante, leur film est forcément plus politique. L'ouverture est une présentation des deux hommes, caricatures politiques drôles et sarcastiques jusqu'à cet instant unique et inédit de collage de corps par une activiste féministe prise à son propre jeu. Cette séquence est hilarante d'autant plus qu'elle n'est pas si surréaliste que ça, reposant sur le "cerveau" d'entre-jambe de l'homme... primaire ! Les conséquences directes sont assez logiques, savoir marcher en quadripède, tenter de trouver une solution soluble, rester discret, assumer à minima les prises de contact inévitables... etc... Du vétérinaire à la sophrologue en passant par la police, le périple est mouvementé, dans un rythme de croisière soutenu où les situations cocasses et loufoques sont entrecoupées par les actions féministes tout aussi folles et extrêmes. Les dialogues sont savoureux, souvent en adéquation avec l'actualité, souvent symptomatiques de l'opinion du peuple, et souvent aussi pertinents qu'irrévérencieux, et souvent très drôles à l'instar des situations aussi incongrues que surréalistes. Le duo grolandais signe un film hilarant autant sur le fond que dans la forme, servi par des acteurs au diapason, des loosers d'horizons différents mais qui sont finalement le ciment d'une société qui changent. Bienvenue à Groland, enfin un retour inspiré et tonitruant de Kervern-Delépine. Un super moment, à voir à revoir et à conseiller.

Note :