The King's Man : Première Mission (2021) de Matthew Vaughn

par Selenie  -  30 Décembre 2021, 08:18  -  #Critiques de films

Après les succès de "Kingsman : Services Secrets" (2015) et "Kingsman : le Cercle d'Or" (2017), qui ont amassé respectivement 405 et 409 millions de dollars pour 80 et 105 millions de budget, voici que le producteur-réalisateur-scénariste Matthew Vaughn revient mais cette fois pas pour une suite mais pour un prequel. L'idée est donc de revenir aux origines de la désormais célèbre agence, à savoir durant la période du début des années 1900. Matthew Vaughn précise sur son choix : "Je souhaitais faire cette fois un film vraiment différent des précédents. J'avais très envie d'une grande aventure, de quelque chose d'épique. Quand j'étais gamin, des films comme Lawrence d'Arabie remplissaient littéralement l'écran ; c'était grandiose et on ne s'ennuyait pas une seule seconde. J'avais soif de renouer avec ce genre, alors je me suis lancé !" Le cinéaste retrouve sa fidèle scénariste Jane Goldman qui est de quasi tous ses films, associé avec Karl Gajdusek auquel on doit plutôt des déceptions comme "Taken" (2008) de Pierre Morel, "Oblivion" (2013) de Joseph Kosinski et plus récemment "Last Days of America Crime" (2020) de Olivier Megaton... Début du 20ème siècle, lord Oxford et son épouse sont des humanistes qui tentent d'apporter leur pierre à l'édifice fragile de la Paix. Après un drame, leur fils a grandi mais est sur-protégé par son père pacifiste convaincu. Mais alors que l'Europe est au bord du gouffre en 1914, les événements vont forcer leur destin et tandis que les tranchées se gorgent de sang les Oxford vont tenter d'éviter le pire et d'empêcher une mystérieuse organisation de mettre de l'huile sur le feu dans les relations internationales...

Le duc d'Oxford est incarné par Ralph Fiennes vu dernièrement dans "The Dig" (2021) de Simon Stone et "Mourir Peut Attendre" (2021) de Cary Joji Fukunaga, et son fils Conrad est interprété par Harris Dickinson vu dans "Darkest Minds : Rebellion" (2018) de Jennifer Yuh Nelson, "Matthias et Maxime" (2019) de Xavier Dolan et "Maléfique : le Pouvoir du Mal" (2019) de Joachim Ronning. Les "employés" de la maison Oxford sonr joués par Gemma Arterton vue récemment dans "Murder Mystery" (2019) de Kyle Newacheck et "My Zoe" (2019) de et avec Julie Delpy, puis Djimon Hounsou vu récemment dans "Sans un Bruit 2" (2021) de John Krasinski. Du côté des "gentils" citons Charles Dance vu dernièrement dans l'excellent "Mank" (2020) de David Fincher, Tom Hollander qui retrouve Gemma Arterton après "Byzantium" (2012) de Neil Jordan, Aaron Taylor-Johnson qui retrouve le réalisateur Matthew Vaughn après le dyptique "Kick-Ass" (2010-2013), Stanley Tucci vu cette année dans "Supernova" (2021) de Harry Macqueen et "Jolt" (2021) de Tanya Wexler, un court passage avec Alexandra Maria Lara qui retrouve son partenaire Ralph Fiennes après "The Reader" (2009) de Stephen Daldry. Puis enfin citons Matthew Goode pas vu depuis "Downton Abbey" (2019) de Michael Engler et "Official Secrets" (2019) de Gavin Hood, Rhys Ifans actuellement en salle dans un autre film avec "Spider-Man : No Way Home" (2021) de Jon Watts, à l'instar de Daniel Brühl dans son premier film en tant que réalisateur avec "Next Door" (2021), puis l'actrice autrichienne Valerie Pachner révélation du film "Une Vie Cachée" (2019) de Terrence Malick... Première chose qu'on constate et qui déçoit a justement rapport avec la déclaration de Matthew Vaughn citée plus haut ; en effet, on est ravi de revoir et retrouver les King's Man, leur boutique, le style gentleman... etc... Mais on cherche "quelque chose d'épique", le côté "Lawrence d'Arabie" et surtout "un film vraiment différent des précédents". Bien au contraire, ce film, ce prequel est dans la veine et dans le moule des deux premiers, dans un sens ça nous rassure et d'un autre côté on se dit que le réalisateur a manqué un peu d'audace. Le prologue déçoit d'entrer, trop classique ou plutôt sans surprise. Ensuite le début du film est trop long, le papa surprotecteur et son fils au courage inné tournent beaucoup trop en rond. La partie des tranchées est par contre une réussite, trop de CGI (images de synthès) dans la reconstitution mais l'immersion est efficace, et l'émotion joint à merveille l'action. Mais la grande idée du film reste la composition de la mystérieuse organisation soit réunir quelques noms historiques "tendancieux" pour faire face au grands noms des force du bien (?!). Ainsi du côté allié on croise le roi britannique George V, le héros britannique lord Kitchener, ou encore le président américain Wilson, et en face on croise Lénine, Mata Hari, le Kaiser, un certain Erik Jan Hanussen et surtout Raspoutine.

Mais ce choix s'avère aussi jouissif qu'hasardeux, d'abord d'un point de vue logique vis à vis de l'importance historique de ces personnages, ensuite parce qu'il y a forcément des différences de traitement frustrant voir même illogiques voir même (très) maladroits. Par exemple on peut souligner les clins d'oeil proche des faits historiques comme les liens de parentés des monarques en guerre ou la mort de Kitchener/Dance, mais on est déçu par la caricature courte et primaire d'autres comme Mata-Hari/Pachner ou ceux complètement sous-exploités comme Hanussen/Brühl (il sera d'ailleurs un soutien originel d'un homme nommé Hitler !). Dans tous, seuls Raspoutine/Ifans offre un réel intérêt, appuyé par une performance dantesque de l'acteur, tandis qu'un tel personnage aurait mérité un rôle plus central et décisif alors qu'on tombe dans un suspense fantoche pour le grand méchant ; car dès sa première apparition on devine qui il est, et ce subterfuge de filmer ce "mystérieux" méchant de dos durant les 2/3 du film  est carrément grossier. Cela est idem pour les parallèles entre ces années 1910-1918 et aujourd'hui, souvent malencontreuses, mais qu'on espère surtout involontaires. Pêle-mêle on note par exemple le "méchant" écossais qui fait forcément écho aux récents référundums et brexit, l'absence totale de la France dans le film complètement incompréhensible au vu du contexte géo-politique et des faits historiques, ou encore un Rastoutine montré en gay lubrique et pervers... etc... Alors que Matthew Vaughn s'était fait une place de choix parmi les cinéastes innovants et funs à l'instar d'un Eggar Wright (récemment "Last Night in Soho") ou James Gunn ("The Suicide Squad" cette année), cette fois il trébuche fortement d'abord à cause de nombreux choix douteux au niveau des sujets abordés, puis en ne réussissant jamais à créer un suspense valable ou une cohérence historique valable. Le film surnage avant tout grâce au climax singulier siglé "Kingsman", le plaisir de retrouver les ingrédients des deux premiers, un casting idéal, malgré tout un côté assez jouissif de voir autant de personnages historiques réunis, et surtout un énorme bonus et atout coeur pour Raspoutine/Ifans. Vu la conclusion du film, soyons plutôt assurés que la suite (logique) va arriver et en espérant que Matthew Vaughn reviendra avec un ton plus "neutre", et une réelle envie de fun irrévérencieux. Note indulgente !

 

Note :            

 

10/20
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