Moonfall (2022) de Roland Emmerich
Après "Midway" (2016) le réalisateur Roland Emmerich revient à un projet aussi éculé que rébarbatif, à savoir une suite à "Independance Day : Resurgence" (2016). Mais finalement le projet change au fil des séances d'écriture pour se focaliser sur une idée : "Certains estiment que la lune n'est pas un objet naturel. (...) Je me suis dit que c'était un postulat intriguant pour un film. Que se passerait-il si cet objet tombait sur la Terre ?" Le réalisateur-scénariste co-signe son histoire avec Harald Kloser, son scénariste attitré depuis "Le Jour d'Après" (2004), puis avec Spencer Cohen auquel on doit le scénario du film "Extinction" (2020) de Ben Young. Les auteurs s'inspirent de plusieurs théories plus ou moins fantaisistes, de la planète creuse (tout savoir ICI), de la mégastructure (tout savoir ICI), de la sphère de Dyson (tout savoir ICI) et des thèses complotistes autour des missions spatiales Appolo (Tout savoir ICI). Ainsi Emmerich surfe sur ce qu'il sait faire, de la SF catastrophe à la sauce fantasme comme. Le budget du film est de 136 millions de dollars soit une moyenne honorable pour le genre...
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Après un gros incident lors d'une mission spatiale, la NASA a licencié un astronaute et n'a plus envoyé de vaisseau sur la Lune. Des années après, des scientifiques constatent que la Lune a modifié son orbite et qu'elle se rapproche dangereusement de la Terre. La nouvelle directrice de la NASA tente d'organiser une mission de la dernière chance avant que les militaires n'utilisent le nucléaire comme ultime solution... La directrice est interprétée par Halle Berry surtout connue pour la franchise des "X-Men" (2000-2014) initiée par Bryan Singer, sans oublier un tour SF dans "Cloud Atlas" (2012) des Wachowski et vu dernièrement dans sa première réalisation avec "Meurtrie" (2020). L'astronaute sauveur du monde est incarné par Patrick Wilson déjà habitué à l'espace après "Prometheus" (2017) de Ridley Scott et "The Passenger" (2018) de Jaume Collet-Serra et qui retrouve Emmerich après "Midway". Le 3ème homme est incarné par John Bradley-West aperçu dans "Grimsby : Agent trop Spécial" (2016) de Louis Leterrier et "Marry Me" (2022) de Kat Coiro et surtout remarqué dans la série TV "Game of Thrones" (2011-2019). Citons ensuite Michael Pena qui a effleuré l'espace dans "Seul sur Mars" (2015) de Ridley Scott et qui retrouve le scénariste "Extinction" (2018), Charlie Plummer révélé dans "Tout l'Argent du Monde" (2017) de Ridley Scott, Frank Schorpion qui retrouve Emmerich après "Le Jour d'Après" et vu dans "Premier Contact" (2016) de Denis Villeneuve, puis citons un caméo de luxe de Donald Sutherland vu dans l'espace récemment avec "Ad Astra" (2019) de James Gray... Comme souvent désormais la production a reçu le soutien de la NASA notamment pour le tounage au sein d'un véritable vaisseau, l'apport de photographies haute définition de la Lune ou l'assistance de conseillers techniques pour un minimum de réalisme dans une film qui ne l'est pas du tout. Se décider un voir un tel film est une preuve de faiblesse, une espérance que peut-être Roland Emmerich surprendra bien que ses meilleurs films restent justement et étonnamment des films qui ne sont pas de la SF. Comme l'espoir d'un péché mignon mais malheureusement ce film prouve une fois de plus que le réalisateur n'a rien changé à ses objectifs si peu audacieux, si peu originaux, si basiques. Rien ne va à commencer par des personnages hyper stéréotypés, un has been qui s'avère le héros (et qu'on sait depuis le début), un geek un peu beauf qui s'avère évidemment génial, un divorce voir deux, un enfant délinquant mais c'est pas sa faute, et comme le monde est bien fait la directrice de la NASA a un ex hyper gradé à l'armée... etc... Un cahier des charges hyper calibré avec un panel bien représentatif en prime.
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On hallucine des invraisemblances et des incohérences à la pelle même dans ce qui paraît le plus inutile. Pêle-mêle et loin d'être exhaustif citons un geek sans qualifications qui donnent des leçons aux meilleurs experts de la NASA, un ado qui pilote comme un as du volant et qui assure une partie action movie quasi hors sujet, une patronne de la NASA en mission de la dernière chance qui gueule pour une fusée non repeinte (?!), et le pire reste sans doute les dialogues ineptes qui, souvent, rajoutent à la stupidité des actions jusqu'à cet instant de lucidité quand le geek Houseman/Bradley-West dit : "ça n'a pas de sens, Brian" ! En effet... On notera chez Emmerich un appétit toujours aussi navrant pour le chauvinisme (pour un allemand ?!) où quoiqu'il arrive comme une catastrophe planétaire genre une Lune qui s'écrase seul les Etats-Unis comptent ; la directrice de la NASA ne s'adresse d'ailleurs qu'à ses compatriotes ("tout le pays vous remercie" ou "allez retrouver vos familles dans le Colorado"...) comme quoi qu'importe la situation et le média les Etats-Unis sont seuls maîtres à bord. Reste toute la dimension spectaculaire et les effets spéciaux mais qui s'avèrent également très décevant, d'autant plus quand on a un tel budget. Les effets spéciaux sont souvent très laids, pixels trop visibles et visuellement peu agréables, outre les images de synthèses hideuses même pour une simple course poursuite automobile, on remarque l'utilisation peu maline de simples maquettes tandis que Emmerich use encore te toujours de ralentis là où il en faut pas. On rigole bien quand le récit fait un petit twist métaphysique grossièrement pompé sur des monuments de la SF bien plus intéressants que ce qu'a pu faire Emmerich jusque là. Certains y voient un "divertissement décomplexé", en effet, à ce niveau de n'importe nawak il faut se foutre du qu'en-dira-t-on ! Emmerich est capable parfois du meilleur, mais souvent du pire et il le prouve une fois de plus. A oublier, à ne pas voir à ne pas conseiller.
Note :