Le Visiteur du Futur (2022) de François Descraques

Premier long métrage de l'artiste multi-facette François Descraques qui a déjà réalisé plusieurs courts métrages comme "L'Eternel Combat" (2003) ou "Le Roi des Cons" (2017), mais il est surtout un précurseur dans le domaine des web-séries avec entre autre "Frenchman" (2008-2010) et "Rock Macabre" (2015), mais surtout celle qui a fait sa renommée, l'éponyme "Le Visiteur du Futur" (2009-2014) qu'il décide d'adapter dès 2014 : "J'ai mis quasiment sept ans à trouver la bonne façon de porter le Visiteur au cinéma. Il fallait une histoire qui soit dans la continuité de ce que l'on avait créé depuis plusieurs saisons et qui puisse en même temps s'adresser à tout le monde, tout en faisant sens au format long métrage." Précisons qu'entre temps la web-série a accumulé plus de 45 millions de vues, a été porté en bande-dessinée, a valu un roman et même un jeu de plateau. Le potentiel semble donc assuré...  2555, dans un futur qui a vu la Terre être de plus en plus dévastée, l'apocalypse semble inévitable. Mais un jour, un homme apparaît et dit venir du futur pour sauver la Terre, sa mission : changer le cours des événements. Mais il doit faire aussi avec la Brigade Temporelle, une police du temps qui le traque. Une course contre la montre s'engage pour sauver la Terre... 

Le casting est essentiellement composé de comédiens et humoristes issus des troupes et collectifs Suricate et Frenchnerd qui ont donc l'habitude de tourner ensemble. En premier lieu Florent Dorin qui reprend donc son rôle titre de la web-série, et qui retrouve donc plusieurs de ses camarades dont Raphaël Descraques, Slimane -Baptiste Berhoun, Mathieu Poggi, Bruno Muschio ou Davy Mourier. Plusieurs ont également des attaches avec le Palmashow dont il retrouve David Marsais vu récemment dans "Les Vedettes" (2022) de Jonathan Barré et dont "La Folle Histoire de Max et Léon" (2016) est un film après lequel plusieurs partenaires se retrouvent dont Simon Astier vu aussi dans "Cassos" (2011) de Philippe Carrese ou "Christ(off)" (2018) de Pierre Dudan, Vincent Tirel qui retrouve après Kyan Khojandi vu notamment dans "Nous Trois ou Rien" (2015) de et avec Kheiron et "Les Méchants" (2021) de Mouloud Achour et Dominique Baumard, puis Monsieur Poulpe vu également dans "Budapest" (2018) de Xavier Gens. Tout ce petit monde se sont donc plus ou moins déjà croisés sur les tournages des deux collectifs et surtout sur les web-séries, citons par exemple "Bref" (2011), "Le Golden Show" (2011-2013), "Serge le Mytho" (2016). Et enfin citons un de leur invité Arnaud Ducret devenu un acteur populaire avec les comédies "Les Dents, Pipi et au Lit" (2018) de Emmanuel Gillibert et "Divorce Club" (2020) de et avec Michaël Youn retrouvant après ce dernier Marc Riso vu aussi dans "Ami-Ami" (2018) de Victor Saint-Macary et "Zaï Zaï Zaï Zaï" (2022) de François Desagnat, Assa Sylla vu dans "Bande de Filles" (2014) de Céline Sciamma et "Lola Pater" (2017) de Nadir Moknèche, les youtubeurs McFly et Carlito, puis enfin n'oublions pas Enya Baroux qui n'est autre que la fille de Olivier Baroux compère de Kad et réalisateur de la franchise "Les Tuche" (2011-2021)... Jamais entendu parler de cette web-série avant ce projet, mais une chose est sûre c'est qu'on ne peut s'empêcher de penser à la saga des  "Terminator" (1984-2019) dont ce film reprend quasi tout le cahier des charges à la différence près que ce film est une pastiche qui paraît comme un "fan-film". Les premières minutes du film sont un calvaire, où on a droit à l'humour collégien (le roquefort !), et surtout des acteurs franchement pas bien folichons. Un début qui va être à l'image de la grande partie du film, une sorte de jeu de rôle entre copains qui auraient les moyens de leur rêve.

L'humour est au ras des pâquerettes, simpliste et si banal ou si peu créatif et encore moins inspiré, on ne rit pas une seconde tant c'est soit pathétique soit trop gentillet. Heureusement, on est par contre agréablement surpris par la qualité des décors et des effets spéciaux, pour une qualité visuelle agréable bien que toujours très influencée par les films majeurs du genre. Le scénario est un canevas éculé mais toujours aussi efficace, les voyages dans le temps sont assez passionnants et énigmatiques pour être nous séduire. Surtout, le réalisateur réussit à donner du rythme et quelques bons rebondissements. Le plus caricatural reste l'idée est une question de conflits des générations comme l'a explique François Descraques : "Les jeunes envisagent l'avenir à long terme, ils ont pleinement conscience du temps qu'ils ont devant eux et de tout ce qui peut arriver. (...) Plus on vieillit, plus on perds ça, naturellement. Je voulais raconter ce conflit, et je suis très vite arrivé à ces deux nouveaux personnages : un père et sa fille. Lui veut trouver des solutions maintenant, pense au présent. Elle, elle voit les conséquences et pense au futur." Bonne blague ! Au contraire les jeunes ne s'imaginent pas à quel point le temps s'écoule vite, et depuis quand les jeunes seraient effectivement plus écolos que les vieux ?! On a donc droit à un père dans le pire des clichés, une jeune femme qui a tout de l'ado pourrie gâtée, tandis que du côté "méchants" il y a aucune crédibilité, la brigade tient  plus de pieds nickelés. Dans la forme la mise en scène est trop télévisuelle, ça tient de la sitcom alors qu'il aurait fallu un minimum de panache et de souffle. Bref, il y a assurément des idées et une vrai sincérité dans ce film surtout dans l'action et l'émotion (moins dans l'humour !), mais sur trop de paramètres ça frôle l'amateurisme (acting, écriture des personnages) ou le manque d'inspiration (mise en scène). Note indulgente !

Note :