Tel Aviv - Beyrouth (2023) de Michale Boganim

par Selenie  -  10 Novembre 2023, 15:30  -  #Critiques de films

4ème long métrage de la réalisatrice franco-israélienne Michale Boganim après "Odessa... Odessa !" (2004), "La Terre Outragée" (2012) et "Mizrahim les Oubliés de la Terre Promise" (2021). La cinéaste se rappelle l'année 2006 où elle était à Tel-Aviv : "La rapidité des événements m'a questionnée sur ces dix-huit années, d'abord l'invasion dès 1982 puis d'occupation à partir de 1984, avec le retrait des forces israéliennes entre 2000 et 2006. J'ai découvert l'histoire de ces libanais qui avaient collaboré avec les israéliens pendant cette période. Le récit du film commence en 1984, aux premiers temps du Hezbollah et de cette collaboration, entre l'armée du Sud Liban et l'armée israélienne, qui paie les salaires des miliciens libanais, leur donne des armes et des médicaments en échange d'informations et de missions d'infiltration. L'armée israélienne s'est servie d'eux puis les a trahis au moment de son retrait, les abandonnant sans prévenir avant de les laisser finalement se réfugier en Israël. C'est ce que le film raconte." Michale Boganim  est la réalisatrice-scénariste de son film. Le destin entre 1984 et 2006 de deux familles que tout devrait opposée, une israélienne et l'autre libanaise qui sont prises dans la tourmente des guerres à répétition sur la région...

Dans la famille libanaise citons les acteurs Sofia Essaïdi (franco-marocaine) vue entre autre dans "La Clinique de l'Amour" (2012) de et avec Artus de Penguern, "Mea Culpa" (2014) de Fred Cavayé et "Overdose" (2022) de Olivier Marchal, Zalfa Seurat dont la première apparition était en femme de Oussama Ben Laden dans "Zero Dark Thirty" (2013) de Kathryn Bigelow et vue depuis dans "Asfouri" (2012) de Fouad Alaywan et "Vénus Obscura" (2017) de Christophe Karabache, puis Younes Bouab (marocain) vu notamment dans "Cheba Louisa" (2013) de Françoise Charpiat, "Achoura" (2018) de Talal Selhami et "Rebel" (2022) de Adil El Arbi et Bilall Fallah. Dans la famille israélienne citons Sarah Adler (française vivant en Israël, épouse du réalisateur Raphaël Nadjari) vue par exemple dans "Avanim" (2005) de Raphaël Nadjari, "Tsili" (2014) de Amos Gitaï, "Tiens-Toi Droite" (2014) de Katia Lewkowicz ou "Je voudrais que quelqu'un m'attende Quelque Part" (2019) de Arnaud Viard, puis Shlomi Elkabetz (israélien) frère de la regrettée Ronit Elkabetz avec qui il a réalisé et écrit et joué dans "Prendre Femme" (2004), "Les Sept Jours" (2008) et "Le Procès de Viviane Amsalem" (2014), puis Avishai Cohen dans son premier rôle pour ce compositeur-musicien qui avait d'ailleurs travaillé sur le film "Le Sens de la Fête" (2017) du duo Toledano-Nakache. N'oublions pas Maayane Boganim vue auparavant dans "Mizrahim les Oubliés de la Terre Promise" (2021) de sa soeur, ou sa fille ?!... Le film est donc chapitré en trois époques distinctes, 1984, 2000 et 2006, à trois événements fatidiques autour de la frontière israélo-libanaise, et surtout aborde un sujet inédit au cinéma, la collaboration libanaise pro-israélienne qui renvoie forcément à de nombreuses autres guerres puisque la collaboration est un fait indéniable et récurrent comme évidemment 39-45, mais aussi la guerre d'Algérie ou en Afghanistan. Qui dit collaboration dit raison plus ou moins alimentaire ou géo-politique, dit survie et aussi trahison, aussi convenu que logique. A l'instar de la collaboration qui arase la notion de frontière, le titre suggère deux capitales qu'on ne voit pourtant jamais, seule le frontière semble avoir son importance, une importance pourtant poreuse et friable.

La bonne idée est de raconter ce récit par le point de vue féminin, les hommes font la guerre, dans deux sociétés qui restent très patriarcales, mais comme toujours les femmes sont aussi les piliers, les soutiens, les épaules dont les hommes ne pourraient se défaire et sans lesquels ils ne pourraient tenir débout, elles sont pourtant aussi les victimes directes et indirectes de ces guerres incessantes, des victimes qui se rejoignent pourtant entant qu'épouse, soeur ou mère. Le récit débute en 1984 (naissance du Hezbollah) pour d'abord montrer les bases dramatiques, ce qui va amener forcément aux conséquences de l'année 2000, puis encore en 2006. Par  ces deux trajectoires de femmes, la réalisatrice-scénariste dénonce d'abord les dommages collatéraux des guerres, qui saignent les familles des deux côtés, libanais ou israélien, sans aborder les causes et origines du conflit. La cinéaste évite ainsi tout manichéïsme pour se focaliser sur l'intime avec une certaine pudeur, mais en même temps elle évite le pourquoi du comment ces libanais ont décidé d'opter pour Israël plutôt que leur pays ?! On n'aura pas la réponse. Cette neutralité se retrouve dans la mise en scène qui montre peu la guerre, qui reste comme ne retrait des violences, qui s'attarde plutôt sur la détresse des hommes et des femmes, dans une mise en scène académique, sans souffle qui instaure malheureusement une monotonie qui empêche les émotions de réellement exister. Un film intéressant, touchant parfois, mais auquel il manque un peu de passion et d'audace sur le fond comme sur la forme.

 

Note :                 

12/20
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D
Bonsoir Selenie, j'avais bien apprécié ce film qui est passé inaperçu, ce que je trouve dommage. Un sujet tout à fait d'actualité. J'avais écrit un billet à son sujet qui n'a eu aucun écho. Bonne soirée.
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