La Petite (2023) de Guillaume Nicloux
Nouveau film de Guillaume Nicloux, réalisateur capable du très bon voir du meilleur avec "Le Poulpe" (1998), "La Religieuse" (2013) ou "Les Confins du Monde" (2018), mais aussi du méciocre voir du plus mauvais comme "Le Concile de Pierre" (2006), "Valley of Love" (2015) ou "La Tour" (2022). Ce nouveau film n'est pas une de ses idées, ce sont les producteurs François Klaus et Denis Pineau-Valencienne qui lui ont proposé d'adapter le roman "Le Berceau" (2019) de Fanny Chesnel : "Ils savaient que que son sujet intégrait la problématique récurrente de certains de mes films, disparition d'un être cher et processus conduisant à la résilience. L'histoire qu'ils me proposaient était à l'opposé des structures narratives assez complexes que j'affectionne habituellement, où j'aime laisser le spectateur face à ses doutes. Ce récit linéaire et compréhensible par tous m'a donné l'opportunité d'aborder le mélodrame sans autre souci que l'empathie et l'émotion, sans fantastique ni questionnements métaphysiques." Le réalisateur-scénariste co-signe son scénario avec l'autrice elle-même Fanny Chesnel qui a auparavant adapté son propre roman avec "Les Beaux Jours" (2013) de Marion Vernoux, suivi ensuite par "Le Baiser" (2013) de Marion Vernoux et "L'Ex de ma Vie" (2014) de Dorothée Sebbagh...
Joseph apprend que son fils et son compagnon ont péri dans un accident. Ils attendaient un enfant vie un mère porteuse. C'est plus fort que lui, Joseph prend contact avec la mère porteuse qui s'avère désemparée. Petit à petit Joseph devient obnubilé par cette éventuelle naissance, comme un prolongement possible de son fils. Mais que va vraiment devenir le bébé ? Et Joseph est-il un grand-père légitime ?... Le grand-père est incarné par Fabrice Luchini vu récemment dans "Mon Crime" (2023) de François Ozon et "Un Homme Heureux" (2023) de Tristan Séguéla, et retrouve après "Alice et le Maire" (2019) de Nicolas Pariser la jeune actrice Maud Wyler vue dans "La Place d'une Autre" (2021) de Aurélia Georges ou "Sur la Branche" (2023) de Marie Garel-Weiss, puis l'acteur retrouve également après "Un Début Prometteur" (2015) de sa fille Emma Luchini sa partenaire Veerle Baetens révélation de "Alabama Monroe" (2012) de Felix Van Groengingen et vue ensuite dans "Les Ardennes" (2015) de Robin Pront ou "Bluebird" (2018) de Jérémie Guez. La mère porteuse est interprétée par Mara Taquin vue dans "After Blue (Paradis Sale)" (2021) de Bertrand Mandico, "Rien à Foutre" (2021) de Emmanuel Marre et Julie Lecoustre puis "La Syndicaliste" (2022) de Jean-Paul Salomé... Le film aborde un sujet d'actualité sociale brûlant et polémique, le genre de sujet qui divise violemment nos sociétés. La GPA est interdite en France, en Belgique elle est hypocritement tolérée si il n'y ait pas question de rémunération et sans cadre juridique d'où une histoire qui se déroule entre nos deux pays. Ainsi, le couple gay est-il justement franco-belge.
Le début du film est un peu troublant, où comment il faut accepter que notre inénarrable Fabrice Luchini soit un menuisier, on y croit pas franchement. Mais c'est un détail (ou pas), Joseph/Luchini semble plus en retraite qu'en activité et sa quête auprès de sa petit-fille qui n'en est pas vraiment une, c'est la raison du film, c'est le débat ouvert qui s'impose pour une morale qui symbolise aussi le différent immuable entre pro et anti-GPA. On s'aperçoit que l'histoire nous tient dans l'intérêt grâce à ce personnage de père et futur grand-père incarnée merveilleusement par un Luchini tout en sobriété, particulièrement touchant et ce, même si on ne partage pas ou ne comprend pas son point de vue. C'est là la réussite du film. Par contre, on ne comprend pas très bien le personnage de la mère porteuse... ATTENTION SPOILERS !... elle fume comme un pompier, mélange sans sourciller pilule et alcool, surtout elle cherche à se débarrasser de l'enfant mais tique à la proposition de Joseph qui paraît pourtant idéale, les seconds rôles restent trop sous-exploités surtout celui joué par Anne Consigny quasiment inutile, et que dire de ce berceau de luxe dont l'importance s'avère chimérique... FIN SPOILERS !... En conclusion un joli petit film, comédie dramatique émouvante mais qui manque cruellement d'ambition et d'audace pour rester dans les clous du "Grand Public" sans prendre le risque de froisser quiconque. C'était sans doute nécessaire pour ouvrir juste le débat ou du moins la réflexion.
Note :