Primadonna (2024) de Marta Savina

par Selenie  -  14 Février 2024, 15:26  -  #Critiques de films

Après "Mississippi Requiem" (2018) le réalisatrice italienne Marta Savina revient avec un nouveau projet qui s'inspire de son court métrage "Viola, Franca" (2017) lui-même tiré d'une Histoire Vraie, celle de Franca Viola (Tout savoir ICI !). Rappelons que l'histoire a déjà été porté à l'écran dans  lm "Seule contre la Mafia" (1970) de Damiano Damiani avec Ornella Muti. La réalisatrice-scénariste est connue dans osn pays comme étant la créatrice de la série TV "Trois Mètres au-dessus du Ciel" (2020-2021)... Sicile en 1965, Lia a grandi dans un village rural. Belle et têtue elle a toujours su ce qu'elle voulait. Un jour, Lorenzo fils d'un patron local tente de la séduire mais elle le rejette, fou de rage il la viole. Elle parle mais les convenances voudraient imposer un mariage. Lia refuse et porte plainte. Son acte bouscule les habitudes sociales et bientôt ce scandale va dépasser les limites du village... 

Lia est incarnée par Claudia Gusmano surtout connue en Italie pour des séries TV dont "La Mafia tue seulement l'Eté" (2018) ou "Guide Astrologique des Coeurs Brisés" (2021-2022). Ses parents sont joués par Fabrizio Ferracane "L'Ordre des Choses" (2018) de Andrea Segre, vu récemment dans "Le Traître" (2019) de Marco Bellochio, "Ariaferma" (2022) de Leonardo di Costanzo et retrouve après "Prima Che la Notte" (2023) de Daniele Vicari sa partenaire Manuela Ventura vue dernièrement dans "La Tresse" (2023) de Laetitia Colombani, mais aussi Dario Aita vu notamment dans "La Prima Linea" (2010) de Renato De Maria. Citons ensuite Francesco Colella vu dans "La Terra dei Santi" (2015) de Fernando Muraca ou "Made in Italy" (2018) de Luciano Mugabue, Thony vue dans le film "Chaque Jour que Dieu Fait" (2013) de Paolo Virzi ou la série TV "Trois Mètres au-dessus du Ciel" (2020-2021) sous la direction de Marta Savina, Gaetano Aronica vu dans "Malena" (2000) et "Baadia" (2009) tous deux de Giuseppe Tornatore, puis Paolo Pierobon retrouve l'acteur Fabrizio Ferracane après  "L'Ordre des Choses" (2018), et vu dans "Vincere" (2009) de Marco Bellochio, "Les Opportunistes" (2014) de Paolo Virzi ou "L'Enlèvement" (2023) de Marco Bellochio... Si l'histoire vraie a défrayé la chronique en Italie à l'époque, le film est particulièrement d'actualité aujourd'hui encore renvoyant à la question du consentement. Néanmoins, la cinéaste fait un choix facile, ou plutôt trompeur car elle utilise une histoire vraie en modifiant tout ce qui fait sa singularité dans la Sicile de 1965 pour correspondre plus généralement à la question du consentement aujourd'hui. Changer le prénom de Franca en Lia est le premier pas, ensuite la cinéaste a soustrait trop d'éléments des faits historiques (mafia complètement occultée, fiançailles en Allemagne omises...) ce qui n'a plus grand chose à voir avec l'histoire de 1965. 

En effet, à l'époque le mariage était envisagé même par le père de Franca ou Lia, ce ne sont que les accointances de Lorenzo avec la mafia qui font annulé le mariage par le père et qui provoque l'enlèvement, un rapt qui est dans la tradition sicilienne depuis des lustres et qui fait jurisprudence dans la législation italienne. Le film occulte toute cette partie pourtant avérée et particulière certe choquante aujourd'hui mais pas du tout en 1965 en Sicile. Ensuite, la cinéaste est un peu maladroite car elle montre une Lia/Gusmano d'abord séduite et amoureuse, hésitante ensuite et sans qu'elle ne soit clairement dans le refus et la lutte ce qui laisse un doute factuel même si tout est fait au contraire pour que Lorenzo soit bel et bien le salopard. Il aurait fallu une histoire originale plutôt que de réécrire l'Histoire (et donc mentir sur tout un pan). De même, si Lia peut lutter et aller au procès c'est surtout et avant tout grâce à l'aide et au soutien du père ce qui n'est pas assez montrer dans le film. Mais le plus grave reste la partie procès, résumé à deux déclarations, celles des deux principaux intéressés, puis le verdict. Pas de débat contradictoire ou constructif, donc juste une ligne directrice unilatérale sans réflexion, bref un résumé dirigé express vite fait bien fait pour être sûr que la belle Lia ne puisse être qu'une victime de A à Z et le Lorenzo le salopard dans une once de remise en perspective des us et coutumes siciliens d'il y a plusieurs décennies. Intéressant mais un peu bâclé, trop militant aveugle et donc manichéen même si sur le fond on ne peut qu'être d'accord.

 

Note :                 

12/20
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