Stella, une Vie Allemande (2024) de Kilian Riedhof

par Selenie  -  18 Janvier 2024, 13:13  -  #Critiques de films

Réalisateur allemand resté surtout connu dans son pays, Kilian Riedhof revient avec un biopic qui renvoie aux années noires du nazisme en Allemagne, à savoir la vie de la juive collabo Stella Goldschlag (Tout savoir ICI). Pour ce projet le réalisateur-scénariste co-écrit le scénario avec Jan Braren qu'il retrouve après ses films "Homevideo" (2011) et son dernier en date "Vous n'aurez pas la Haine" (2021), ainsi qu'avec Marc Blöbaum également co-auteur du dernier film et de "La Dernière Course" (2013). Officiellement le scénario n'est pas directement adapté des livres sur le sujet, le roman "Vera Kaplan" (2016) de Laurent Sagalovitsch et surtout "Stella" (2019) de Takis Würger... Stella grandit à Berlin sous le régime nazi. Elle rêve d'une carrière de chanteuse de jazz malgré les restrictions pour les juifs. Arrêtée en 1943, elle va alors prendre une décision qui va transformer sa vie en une tragédie coupable... 

Stella Goldschlag est incarnée par Paula Beer vue en France dans "Frantz" (2016) de François Ozon et "Le Chant du Loup" (2019) de Antonin Baudry, puis devenue actrice fétiche de Christian Petzold dont le récent "Le Ciel Rouge" (2023), puis elle retrouve après "The Dark Valley" (2014) de Andreas Prochaska son partenaire Tobias Moretti vu dans "Une Vie Cachée" (2019) de Terrence Malick et "La Leçon d'Allemand" (2019) de Christian Schowchow. La maman est jouée par Katja Riemann vue entre autre dans "Rosenstrasse" (2003) de Margarethe Von Trotta, "Une Famille Allemande" (2004) et "Enfant Terrible" (2020) tous deux de Oskar Roehler. Citons ensuite Jannis Niewöhner vu dans "Mute" (2020) de Duncan Jones, "L'Affaire Collini" (2022) de Marco Kreuzpaintner et "L'étau de Munich" (2022) de Christian Schowchow, Lukas Miko vu dans "Mademoiselle Paradis" (2018) de Barbara Albert, "Angelo" (2019) de Markus Schleinzer et retrouve après "Le Joueur d'Echecs" (2022) de Philipp Stölz son partenaire Joel Basman vu dans "Kursk" (2018) de Thomas Vinterberg, "Une Vie Cachée" (2019) de Terrence Malick et "The King's Man : Première Mission" (2022) de Matthew Vaughn, Damian Hardung vu dans des séries TV comme "Club der Roten Bänder" (2015-2017 ou "How to Sell Drugs Online" (2019-2023), Gerdy Zint vu entre autre dans "Shahada" (2011) de Burhan Qurbani et "Guerrière" (2013) de David Wnendt, Peter Miklusz aperçu dans "Retribution" (2023) de Nimrod Antal, puis Jeanette Spassova apparue dans "Liberté" (2019) de Albert Serra... Si les films sur les collabos en 39-45 sont légion cette fois le film aborde une facette sans doute plus douloureuse de cette pratique, quand un juive dénonce ses congénères et co-victimes et de surcroît quand on sait que bien que juive elle deviendra antisémite. Le film débute en 1940 et on remarque très vite que malgré la forte documentation dont s'est servi Kilian Riedhof il fait un choix évident de complaisance envers son sujet et qu'il omet donc volontairement des pans de vie de cette femme, par exemple rappelons que dès 1939 Stella Goldschlag trafiquait des faux papiers et se prostituait de temps à autre. Le cinéaste choisit plutôt de montrer une jeune femme pétillante qui rêve juste de jazz. 

Après une ellipse la jeune femme est devenue une étoile jaune dont les rêves sont brisés, qui se soumet aux brimades et lois antisémites mais elle aspire à plus de liberté et elle a un avantage certain, une blondeur (réelle ou pas comme dans le film) et les yeux bleus font d'elle une jolie aryenne qui se fond dans les rues si normales et si urbaines de Berlin. Ensuite on reste un peu perplexe sur la façon dont Stella/Beer est montrée dans ses missions en ville, où elle serait une agent de la Gestapo à part entière mais maladroite, qui aurait des remords ou des regrets, et surtout le film ne montre pas son assiduité et ce même après avoir appris la déportation de ses parents. Rappelons que tout de même, la jeune femme était particulièrement efficace avec plusieurs centaines de juifs dénoncés en moins de 2 ans. On constate donc encore de la complaisance dans ce scénario même si on comprend qu'elle a agi aussi pour sauver ses parents et par instinct de survie. Il est d'autant dommageable que le film occulte une grande partie des dernières années, tandis que la fin nous inflige la leçon qu'elle était aussi une victime, certe mais tout en omettant qu'elle est devenue une femme détestable comme si elle ne regrettait pas franchement. On ne saura jamais a priori. En conclusion le film est un biopic classique et peu convaincant mais Paula Beer est parfaite en femme dédaigneuse et le sujet reste passionnant. 

 

Note :                 

13/20
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