Godzilla Minus One (2023) de Takashi Yamazaki
Voilà un énième film Godzilla, énième sortie comme du papier à musique nippon pour ce projet qui est le 37ème film depuis "Godzilla" (1954) de Ishiro Honda, mais seulement le 33ème développé par Toho Studios après "Godzilla : le Dévoreur de Planètes" (2019) de Kobun Shizuno et Hiroyuki Seshita, et depuis que Hollywood s'est lancé avec "Godzilla" (2014) de Gareth Edwards suivi de "Godzilla 2 : le Roi des Monstres" (2019) de Michael Dougherty, "Godzilla vs Kong" (2021) de Gareth Edwards et en attendant le d'ores et déjà annoncé "Godzilla x Kong : the New Empire" (2024) de Adam Wingard. Dès 2019 Toho a annoncé que la réalisation de ce nouveau projet serait confié à Takashi Yamazaki à qui on doit entre autre "Kamikaze le Dernier Assaut" (2013), le dyptique "Doreamon et Moi" (2014-2020) ou "Lupin III : the First" (2019). Réalisateur -scénariste a déclaré s'être inspiré de "l'anxiété mondiale et le manque de fiabilité du gouvernement", mais il cite aussi le précédent film "Godzilla, Mothra and King Ghidorah : Giant Monsters all-out Attack" (2001) de Shusuke Kaneko. Le film est doté d'un budget "raisonnable" de 15 millions de dollars, et est devenu le film japonais en live action qui a eu le plus de succès aux Etats-Unis où il a engrangé plus de 51 millions de dollars, pour plus de 100 millions au box-office Monde...
1947, le Japon est en pleine reconstruction après la Seconde Guerre Mondiale et soigne ses plaies. Mais un autre péril émerge des océans et s'apprête à attaquer Tokyo, bientôt il faut se rendre à l'évidence c'est le retour de Godzilla. Koichi, un kamikaze déserteur traumatisé par une première confrontation avec le monstre voit là l'occasion de se racheter... Le kamikaze est incarné par Ryunosuke Kamiki vu auparavant dans "Bakuman" (2015) de Hitoshi One ou "Last Letter" (2020) de Shunji Iwai et retrouve après "Kenshin : l'Achèvement" (2021) de Keishi Ôtomo l'actrice Munetaka Aoki vue dans "Hara-Kiri Mort d'un Samouraï" (2011) de Takashi Miike ou "Hokusai" (2023) de Hajime Hashimoto. Citons ensuite Minami Hamabe vu entre autre dans "Je veux manger ton Pancréas" (2017) de Sho Tsukikawa, retrouve son réalisateur Takashi Yamakasi après "The Great War of Archimedes" (2019) et retrouve après "Ajin : Semi-Humain" (2017) de Katsuyuki Motohiro son partenaire Yuki Yamada vu dans "Fullmetal Alchemist : la Vengeance de Scar" (2022) de Fumihiko Suri, puis retrouve après "Une Affaire de Famille" (2018) de Hirokazu Kore-Eda l'actrice Sakura Ando qui retrouve aussi son réalisateur après "Destiny : the Tale of Kamakura" (2017), vue également dans "Shokuzai" (2012) de Kiyoshi Kurosawa ou "L'Innocence" (2023) de Kore-Eda, puis Hidetaka Yoshioka qui retrouve aussi le réalisateur après "Always Zoku Sanchome no Yuhi" (2007) mais surtout acteur récurrent chez Yoji Yamada dans "L'Echo de la Montagne" (1980), "La Servante et le Samouraï" (2004) ou "La Maison au Toit Rouge" (2014), et enfin Kuranosuke Sasaki vu dans le dyptique "20th Century Boys" (2008-2009) de Yukihiko Tsutsumi et "Little Zombies" (2019) de Makoto Nagahisa... Si le film reste un film de SF voir fantastique le titre rappelle aussi le contexte social et militaire, le Japon vient de capituler après les attaques nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki, le pays est exsangue et doit se reconstruire et donc le titre renvoie aussi au chef d'oeuvre "Allemagne Année Zéro" (1948) de Roberto Rosselini. Un pays entier en ruine, qui tente de tourner la page et soudain la tragédie qui se poursuit avec un monstre destructeur comme ultime punition. Le film débute directement dans le vif du sujet, la dernière journée de guerre, un déserteur, puis un monstre marin sorti de nulle part et malheureusement déjà des maladresses et des invraisemblances.
En effet, Godzilla mord de petits humains sans les manger ou les écrase mais quand ensuite on voit les corps ils sont quasi indemnes (?!), sans compter l'absence magique de sang. Ensuite l'histoire s'enrichit sur le contexte de reconstruction, sur l'environnement social le film aborde donc plusieurs thèmes comme la culpabilité, le syndrome post-traumatique, la désertion, courage et lâcheté, mais on s'étonne aussi qu'il n'y ait aucune conséquence juridique pour un déserteur ou que le ménage "non convenable" dans un pays aussi singulier que le Japon soit finalement si acceptable et accepté. Par contre la reconstitution d'une ville en ruine et de sa population qui se reconstruit est parfaitement rendu, les notions de dignité ou de patriotisme sert de ligne directrice face à une nouvelle adversité qui va servir à souder une nation. Mais les meilleures parties restent celles avec Godzilla, un monstre dont le design reste fidèle au premier monstre "Godzilla" (1954) avec un style à l'ancienne dans ses mouvements qui ne manque pas de charme mais qui pêche par une absence totale d'âme dans les yeux, mais on adore l'allure et la matérialisation de ses pouvoirs. On apprécie aussi le travail sur les effets spéciaux notamment et surtout sur les effets visuels de destruction qui restent bluffants avec un budget au moins 10 fois inférieur aux productions hollywoodiennes. Le happy end est capillotracté et est assurément un mauvais choix, surtout qu'on repense à la scène fatidique où on se dit qu'elle avait le temps de plonger avec lui (vous comprendrez !). En conclusion, on adore tout le contexte post-39-45, Godzilla lui-même et les effets visuels lors des face à face, mais c'est malheureusement arasés par des incohérences trop nombreuses.
Note :