Silent Night (2023) de John Woo

Nouveau film du réalisateur hong-kongais John Woo après son échec "Manhunt" (2017), mais surtout ce projet annonce le retour du cinéaste à Hollywood 20 ans après "Paycheck" (2003). Entre temps il a tout de même signé "Les Trois Royaumes" (2008) et "Le Règne des Assassins" (2010). Il semble que ce film soit une commande d'après le scénario écrit par Robert Archer Lynn à qui on doit son film "Prisoner" (2005) et qui n'avait rien fait depuis son scénario pour "Already Dead" (2007) de Joe Otting. Derrière, outre sa star à l'affiche, on notera la présence de plusieurs producteurs comme Tony Mark, Basil Iwanyk ou Erica Lee dont les films ne sont pas pour la plupart de grandes promesses. Le projet interpelle néanmoins sur un paramètre, il a la particularité d'être sans aucun dialogue ce qui est en soit une audace aussi folle que casse-gueule... 

Brian Godlock, heureux époux et père d'un petit garçon perd pied après avoir perdu son fils, tué le matin de Noël par une balle perdue lors d'une fusillade entre gangs. D'abord dévasté, paumé, se laissant allé à la déchéance il va pourtant avoir un déclic, celui de se venger. Il commence par s'entraîner et préparer un planning jusqu'à l'anniversaire fatal... Le père vengeur est incarné par Joel Kinnaman, également producteur, vu notamment dans le remake "Robocop" (2014) de José Padilha, le dyptique "Suicide Squad" (2016-2021) ou "Sons of Philadelphia" (2020) de Jérémie Guez. Son épouse est jouée par Catalina Sandino Moreno révélation de l'excellent "Maria Pleine de Grâce" (2004) de Joshua Marston et vue depuis dans "A Most Violent Year" (2014) de J.C. Chandor ou "The Quarry" (2020) de Scott Teems, elle retrouve après "Cristeros" (2012) de Dean Wright à l'affiche avec son partenaire Harold Torres, ici l'antagoniste vu auparavant dans "Sin Nombre" (2009) de Cary Joji Fukunaga, "Diaz de Gracia" (2012) de Everardo Gout ou "Un Monstre à Mille Têtes" (2016) de Rodrigo Pia. Citons ensuite le flic joué par le rappeur Kid Cudi vu entre autre dans "Need for Speed" (2014) de Scott Waugh, "Don't Look Up : Déni Cosmique" (2021) de Adam McKay et "X" (2022) de Ti West. On peut aussi citer deux cascadeurs en pleine reconnaissance qui joue un "vrai" rôle ici, Vinny O'Brien à l'oeuvre dans "Le Secret de la Cité Perdue" (2022) des frères Nee, "Ambulance" (2022) de Michael Bay ou "Morbius" (2022) de Daniel Espinosa, puis Yoko Hamamura aperçu dans "Birds of Prey" (2020) de Cathy Yan, "Dune" (2021) de Denis Villeneuve ou "The Gray man" (2022) des frères Russo... Ce genre de film de vengeance est très répandu, l'action movie encore plus et on pense alors au gros précédents comme "Un Justicier dans la Ville" (1974) de Michael Winner, "Death Sentence" (2008) de James Wan, "In the Fade" (2018) de Fatih Akin ou "Death Wish" (2018) de Eli Roth. Alors on se dit que c'est John Woo, que c'est Noël et que la dimension sans paroles peut séduire.

La scène d'ouverture donne le ton avec un bon travail sur le son (encore heureux pour compenser le sans dialogue), la musique, le souffle, les larmes et un couple particulièrement touchant nous embarque. On a a pourtant très vite les clichés avec madame qui est forte et retourne au travail, monsieur qui boit et ça dure une plombe. Mais on se pose aussi des questions, par exemple ils doivent vivre à San Diego ou Miami pour avoir autant de soleil à Noël, pour nous faire croire qu'il se muscle il porte un grand sweat au début puis se met torse nu et soudain wouah mais il est baraque ! On dirait du Ed Wood ! Puis ça continue, a priori il bosse dans le bâtiment, on se demande alors comment il fait financièrement, plus technique avec sa mustang qui aurait donc des vitres blindées ou un flic qui part au carton sans à minima un gilet pare-balles... etc... Bref, pas grand chose qui va mais le pire est que John Woo nous déçoit dans les scènes d'action. Archi classique, sans envie ni passion et pastichant même les one shot de Jason Bourne et de John Wick. Résultat, ce film de commande a dû être un cas de force majeur pour John Woo qui ne se donne clairement pas à fond. Un minimum syndical qui surnage juste grâce à l'émotion, d'un homme brisé qui se fait violence, d'une femme qui ne sait pas comment sauver son époux. Le sans parole est plutôt bien géré et le film reste cohérent sans les dialogues. Mais sinon ça reste un film d'action faineant et donc oubliable. Dommage.

Note :  

Pour info bonus, Note de mon fils de 14 ans :