L'Étau de Munich (2022) de Christian Schowchow
Ce film est adapté du roman "Munich" (2017) de Robert Harris qui allie faits historiques et fiction autour des coulisses des Accords de Munich en 1938 (Tout savoir ICI !). Le romancier est aussi connu pour avoir lui-même adapté deux de ses précédents romans, à savoir les excellents "The Ghost Writer" (2010) et "J'Accuse" (2019) tous deux de Roman Polanski. Le film siglé Netflix est une production britannique mais la réalisation a été confiée au réalisateur allemand Christian Schowchow auquel on doit notamment les films "La Tour" (2012), "De l'Autre Côté du Mur" (2013) et "Paula" (2016). Le scénario est écrit par Ben Power dont le CV compte essentiellement le titre de la série TV "The Hollow Crown" (2019)... 1938, Hitler se prépare à envahir la Tchécoslovaquie, la tension en Europe n'a jamais été aussi forte depuis la première Guerre Mondiale mais le premier Ministre Neville Chamberlain veut croire encore à une issue diplomatique. Jeune diplomate anglais, Hugh Legat se rend à Munich où avec son ami Paul Von Hartmann lui aussi diplomate, vont tenter d'en savoir plus et si possible d'éviter le pire. Mais alors que la conférence internationale qui doit conclure les Accords de Munich est en cours, les deux hommes vont découvrir un complot...
Les deux jeunes diplomates sont joués par George MacKay qui est en pleine ascension après "Le Gang Kelly" (2019) de Justin Kurzel et "1917" (2019) de Sam Mendes, et Jannis Niewöhner vu dans "La Reine Garçon" (2015) de Mika Kaurismaki, "Mute" (2018) de Duncan Jones et "Cortex" (2020) de Moritz Bleibtreu. Le premier ministre Chamberlain est incarné par Jeremy Irons vu en majordome de Batman dans les "Justice League" (2017-2021) de Zack Snyder, "Red Sparrow" (2018) de Francis Lawrence et "House of Gucci" (2021) de Ridley Scott. Citons ensuite Sandra Hüller remarquée dans "Toni Erdmann" (2016) de Maren Ade, "Sybil" (2019) de Justine Triet ou "Proxima" (2019) de Alice Winocour, August Diehl vu entre autre dans "Kursk" (2018) de Thomas Vinterberg, "The King's Man : Première Mission" (2021) de Matthew Vaughn et qui retrouve après "Une Vie Cachée" (2019) de Terrence Malick son partenaire Ulrich Matthes ici incarnant Hitler après avoir été Goebbels dans "La Chute" (2004) de Olivier Hirschbiegel. Citons encore Liv Lisa Fries vue dans "La Vague" (2008) de Dennis Gansel et "Lou Andreas-Salomé" (2016) de Cordula Kablitz-Post, Alex Jennings vu dans "The Queen" (2006) de Stephen Frears et "The Lady in the Van" (2015) de Nycholas Hytner, Jessica Brown Findlay vue dans "Docteur Frankenstein" (2015) de Paul McGuigan et "Le Cercle Littéraire de Guernsey" (2018) de Mike Newell, Marl Lewis Jones vu dans "Master and Commander" (2003) de Peter Weir, "Enfant 44" (2015) de Daniel Espinosa et "Le Bon Apôtre" (2018) de gareth Evans... D'abord rappelons et insistons sur un point, le film et son histoire sont adaptés d'un roman ficitif, seul le contexte historique est réel. Il faut donc accepter la partie fiction, et le plus difficile, tout en respectant la véracité historique puisque sur le fond le film se veut tout de même au plus proche des faits. D'ailleurs c'est le premier vrai bon point du film puisque dans les grandes lignes c'est assez remarquable. Malheureusement il y a une volonté à la fois trop flagrante et trop subjective de réhabiliter le premier ministre Neville Chamberlain, c'est là que le bât blesse. En effet, si ce dernier a été reçu en héros après les Accords de Munich des générations d'historiens ont noté la lâcheté de ce premier ministre ou du moins sa naïveté même si depuis très peu, certaines archives viennent nuancer ses actions. Ainsi, la vraie fiction repose avant tout sur le document volé qui doit être remis à Chamberlain pour qu'il ne signe pas les Accords, et l'idée judicieuse du film repose sur le fait que ce document n'aura finalement que peu d'impact sur les événements à venir mais qui permet d'"excuser" un peu Chamberlain.
On peut de surcroît insister sur cette volonté de réhabilitation par le fait que le film occulte complètement l'importance de Daladier et de Mussolini, le premier étant rentré en France en se jugeant "Quels cons !" (faisant écho à un certain Chruchill qui écrira à Chamberlain "Vous aviez le choix entre la guerre et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre"), tandis que le film avance que c'est Chamberlain qui aurait eût l'idée de la conférence alors que c'est Mussolini qui a pris l'initiative trop heureux de jouer les intermédiaires et de se positionner en sauveur de la paix. Le film pêche donc vraiment pas ce personnage, magnifiquement incarné par Jeremy Irons mais qui dénature la réalité du personnage. Dommage car soudain le film devient une hagiographie dont l'intrigue n'avait nul besoin. Néanmoins, malgré tout, l'idée de ce document qui aurait pu influencer le cours de l'histoire est plutôt bien vu, bien amené, avec en filigrane l'évolution des opinions d'un jeune allemand et les premiers prémices de Résistance. La partie fiction est surtout parasité par la vie familiale de l'agent britannique, la crise conjugale prend trop de place et n'est même pas intéressante car trop classique. D'autres séquences semblent peu judicieuses, comme l'entretien entre deux agents anti-nazis en plein café nazi (?!) peu malins tout de même, ou un officier nazi qui agresse violemment un émissaire étranger sans preuve no autorité, et niveau casting on sera particulièrement déçu par Hitler/Matthes trop éloigné physiquement parlant (il ne suffit pas d'une mèche et d'une moustache !). Néanmoins, cette part d'Histoire a été trop rarement oubliée au cinéma et ça reste passionnant, l'hypothèse du film reste prenante et offre une idée fantasmée pour une dystopie à laquelle il manque un ancrage plus véridique, surtout en ce qui concerne Chamberlain. Voilà un film auquel il manque un grand réalisateur et un grand scénariste mais ça reste assez passionnant pour jeter un oeil à cette histoire qui aurait pu être si vraie finalement...
Note :