Maigret (2022) de Patrice Leconte
Retour du réalisateur Patrice Leconte après son dernier long métrage "Une heure de tranquillité" (2014), sans compter son segment dans le film à sketchs collectif "Salauds de Pauvres" (2019), et il revient avec une adaptation du roman "Maigret et la Jeune Morte" (1954) de Georges Simenon. Un retour du plus célèbre commissaire de France que le cinéaste justifie parce qu'il "n'y a plus eu de Maigret dans les salles depuis 1958, avec Jean Gabin." Néanmoins, il se trompe car si le dernier Maigret est bien Jean Gabin, mais après "Maigret tend un Piège" (1958) il tourna aussi "Maigret et l'Affaire du Saint-Fiacre" (1959) tous deux de Jean Delannoy et "Maigret voit Rouge" (1963) de Gilles Grangier qui est donc le dernier. Cela fait donc effectivement longtemps que personne n'avait porté à l'écran une nouvelle aventure du commissaire. Rappelons que Simenon était belge, ce film est comme une logique, une co-production franco-belge. Comme la plupart du temps Patrice Leconte est réalisateur et scénariste de son film, en collaboration avec son co-scénariste Jérôme Tonnerre avec qui il avait déjà écrit "Confidences Trop Intimes" (2004) et "Mon Meilleur Ami" (2006)... Maigret enquête sur la mort d'une jeune fille. Alors qu'il pense d'abord qu'elle était sans doute une fille de joie ou une entraineuse de cabaret, le médecin légiste lui apprend qu'elle était encore vierge. L'enquête s'avère difficile, personne ne semble avoir connu cette jeune fille, puis un jour Maigret rencontre une autre jeune fille qui ressemble étrangement à la défunte...
Initialement le rôle de Maigret devait être tenu par Daniel Auteuil mais celui-ci s'est désisté, ainsi après les grands acteurs précédents l'ayant incarné comme Pierre Renoir, Harry Baur, Michel Simon ou Gabin le rôle est revenu comme une logique implacable à Gérard Depardieu, dont on peut citer un ultime rôle de commissaire dans la même veine en incarnant un certain "Bellamy" (2009) de Claude Chabrol, ironie du sort il s'agit du dernier film de ce réalisateur qui avait adapté Simenon par deux fois avec "Les Fantômes du Chapelier" (1982) et "Betty" (1992). Autour de lui plusieurs femmes, dont Aurore Clément qui était justement dans "Les Fantômes du Chapelier" et vue récemment dans "Je Voudrais que Quelqu'un m'attende Quelque Part" (2019) de Arnaud Viard, Mélanie Bernier qui retrouve Depardieu après "La Tête en Friche" (2010) de Jean Becker et vue dernièrement dans "Mine de Rien" (2020) de Mathias Mlekuz, Anne Loiret vue dernièrement dans "A Good Man" (2020) de Marie-Castille Mention-Schaar et "Les Promesses" (2022) de Thomas Kruithof, Clara Antoons surtout aperçue dans de séries TV à l'exception notable de son unique film avec "Camping 3" (2016) de Fabien Oteniente, Jade Labeste aperçue notamment dans "Volontaire" (2017) de Hélène Fillières et "Le Sel des Larmes" (2019) de Philippe Garrel, Elizabeth Bourguine qui retrouve Patrice Leconte après "Mon Meilleur Ami" à l'instar de son partenaire masculin Philippe du Janerand fidèle du réalisateur pour son 6ème film depuis "Ridicule" (1996), participant aussi au film d'animation "Le Magasin des Suicides" (2012) avec aussi Jean-Paul Comart qui retrouve aussi Leconte pour leur 4ème collaboration. Et enfin citons le regretté André Wilms qui retrouve là Depardieu après "Le Tartuffe" (1984) de Depardieu lui-même, qui retrouve Leconte après "Monsieur Hire" (1989) et qui retrouve la jeune Jade Labeste après "Le Sel des Larmes"... Avouons-le, les Maigret en général ne sont pas des bombes cinématographique, du Derrick de luxe en sommes. Patrice Leconte a pourtant deux atouts majeurs, d'abord un Depardieu idéal dans le costume du commissaire, et une mise en scène vivante et créative pour enrichir un récit un peu trop engoncé dans le train train d'un commissaire vieillissant.
Leconte use de zoom, de champs/contre-champs, ce qui donne un peu de mouvement et de vie dans un climax qui reste austère. Mais surtout on aime tous ces petits détails qui font Maigret comme tous les rapports à la pipe, ses petites répliques cinglantes mais sans méchanceté. Par contre d'autres idées semblent parfois trop gratuites et peu raccord avec le reste du film comme cette fin "onirique". La bonhommie de l'acteur fait le reste, qui sied à merveille au policier auquel il apporte toute l'empathie nécessaire entre autre à son style policier, à savoir être discret, méticuleux et surtout à l'écoute. Par contre, ce film est normalement adapté du roman "Maigret le la Jeune Morte", mais franchement il ne reste pas grand chose du livre ! Et surtout justement, le style de Maigret est dans l'histoire normalement mis en contradiction avec celui de l'inspecteur Lognon qui fait tout le sel de l'enquête avec son rapport conflictuel avec Maigret, mais Lognon est absent du film. Par là même toute une partie du roman est complètement occultée, ainsi que l'héritage mystérieux, soudain on se dit mais où sont passé les américains ?! Le film n'a plus rien à voir avec le roman et donc, pourquoi choisir un roman spécifique si c'est pour en faire tout autre chose ?! C'est finalement la grande déception du film, puisque la densité de l'histoire est simplifiée à une histoire de moeurs basique. Heureusement, le film reste sur le fond et dans l'esprit un vrai Maigret, le personnage restant un paramètre essentiel, sinon unique, auquel Depardieu donne corps et âme pour un des meilleurs vu sur grand écran.
Note :