Mort de André Wilms
Après une dizaine de disparition déjà cette année, voici encore un qui nous quitte avec l'acteur André Wilms mort ce 9 février 2022 à l'âge de 74 ans.
Né en 1947 à Strasbourg il passe une enfance somme toute normale et passe un CAP Stuqueur. Dans une famille éloigné des arts, et avec une formation professionnelle singulière rien ne le prédestinait à devenir comédien mais finalement il trouve un travail de cintrier au théâtre Sorano à Toulouse où joue la troupe de théâtre le Grenier de Toulouse.
Il s'engage politiquement en devenant militant maoïste de la Gauche Prolétarienne et devient vite un figurant récurrent de la troupe. Prenant goût au jeu il passe une audition auprès de Klaus Michael Grüber alors un des plus grands metteurs en scène de théâtre pour qui il joue sa première pièce de théâtre dans "Faust/Salpêtrière" (1975) une version devenue mythique du moins célèbre "Faust" de Goethe.
Cette fois le jeune comédien ne quittera plus les planches. Citons ensuite les pièces "Souvenir d'Alsace" (1975), "Baal" (1976), "Hölderlin : l'Antigone de Sophocle" (1977), "Ils allaient obscurs sous la nuit solitaire" (1979) ou encore "Ruines" (1980). Des années d'expériences qui le font connaître jusqu'à son premier rôle au cinéma dans "Il faut tuer Birgitt Haas" (1981) de Laurent Heynemann avec Philippe Noiret et Jean Rochefort.
Il enchaîne aussitôt avec "Stella" (1983) du même Laurent Heynemann avec Nicole Garcia et Thierry Lhermitte. Comme pour le théâtre, il ne quittera plus le grand écran même si c'est essentiellement pour des seconds rôles et même si il joue toujours autant au théâtre. Ainsi il tourne notamment dans les films "Le Tartuffe" (1984) de et avec Gérard Depardieu, trouve son premier rôle principal dans "Les Poings Fermés" (1985) de Jean-Louis Benoît, et surtout après "Champ d'Honneur" (1987) de Jean-Pierre Denis il connaît un véritable succès populaire grâce à la comédie "La Vie est un Long Fleuve Tranquille" (1987 - ci-dessous) de Etienne Chatiliez qui révèle le jeune Benoît Magimel.
À cette période, les propositions de cinéma se font soudain plus forte et délaisse pour la première fois les planches durant quelques années. On le voit entre autre dans "Drôle d'Endroit pour une Rencontre" (1988) de François Dupeyron, "Monsieur Hire" (1989 - ci-dessous) de patrice Leconte et retrouve son réalisateur à succès pour "Tatie Danielle" (1990) de Etienne Chatiliez.
Ses rôles deviennent plus conséquents comme dans "Aventure de Catherine C." (1990) de Pierre Beuchot où il retrouve Fanny Ardant, "Europa Europa" (1990 - ci-dessous) de Agnieszka Holland, joue aussi malheureusement dans "Equinoxe" (1991) de Nikos Kornilios connu pour être le plus gros échecs du cinéma grec (seulement 500 entrées en Grèce !), "La Révolte des Enfants" (1992) de Gérard Poitou-Weber et surtout il joue dans "La Vie de Bohème" (1992) de Aki Kaurismaki, réalisateur finlandais avec qui il va devenir ami et un fidèle.
Il joue ensuite dans "Sexes faibles !" (1992) de Serge Meynard, "L'Enfer" (1994) de Claude Chabrol avec François Cluzet et Emmanuelle Béart, et surtout il retrouve son ami dans "Les Leningrad Cowboys rencontre Moïse" (1994 - ci-dessous) de Aki Kaurismaki.
Il reprend le théâtre en 1995 jusqu'à "Maison de Poupée" (1997) avant de repartir plutôt vers les plateaux de cinéma avec "Juha" (1999 - ci-dessous) de Aki Kaurismaki, et enchaîne avec son autre cinéaste fétiche avec "Tanguy" (2001) de Etienne Chatiliez avec Sabine Azéma et André Dussolier.
L'acteur poursuit au cinéma avec notamment le médiocre film d'horreur à la française "Brocéliande" (2002) de Doug Headline, participe au joyeux "Bienvenue chez les Rozes" (2002 - ci-dessous) de Francis Palluau avec Carole Bouquet et Jean Dujardin avant de retrouver un réalisateur fétiche avec "La Confiance Règne" (2004) de Etienne Chatiliez avec Cécile de France et Vincent Lindon.
Il entre alors dans une période de 6-7 ans où il essaie de concilier le théâtre et le cinéma, jouant ainsi dans 7 pièces entre 2007 et 2013 tout en jouant au cinéma dans une dizaine de films où il retrouve plusieurs partenaires dont "Le Temps d'une Regard" (2007) de Ilan Flammer, "Ricky" (2009) de François Ozon, "Sans Laisser de Traces" (2010) de Grégoire Vigneron, "Robert Mitchum est Mort" (2010) de Olivier Babinet, évidemment le savoureux "Le Havre" (2011 - ci-dessous) de Aki Kaurismaki avec Jean-Pierre Darroussin, "Americano" (2011) de Mathieu Demy et "Un Château en Italie" (2013) de et avec Valeria Bruni-Tedeschi.
Cette période prolifique a dû être difficile puisque le comédien reprend son habitude de choisir l'un ou l'autre. Ainsi il délaisse à nouveau le théâtre durant plusieurs années et se focalise à nouveau sur le cinéma dans ce qui est sans doute sa période la plus dense jouant dans une douzaine de film en seulement 5-6 ans.
Citons "Tu veux ou tu Veux Pas" (2014) de Tonie Marshall avec Sophie Marceau et Patrick Bruel, "Voyage en Chine" (2015) de Zoltan Mayer, "Le Combat Ordinaire" (2015) de Laurent Tuel, "Marie Curie" (2015) de Marie-Noëlle Sehr, "Un Juif pour l'Exemple" (2016) de Jacob Berger avec Bruno Ganz, "Ôtez-Moi d'un Doute" (2017 - ci-dessous) de Carine Tardieu, "La Femme la plus Assassinée du Monde" (2018) de Franck Ribière avec Anna Mouglalis ou encore "Debout sur la Montagne" (2019) de Sébastien Betbeder.
Il retourne sur la planches une ultime fois pour la pièce "La Fin de l'Homme Rouge" (2019), puis retourne au cinéma pour 5 derniers films tournés en quelques mois.
"Une Belle Equipe" (2020) de Mohamed Hamidi avec Kad Merad, "Le Sel des Larmes" (2020 - ci-dessous) de Philippe Garrel, le documentaire "Irradiés" (2020) de Rithy Panh, le court métrage "Personne ne Manque" (2020) de Franck Guérin et enfin, "Maigret" (2022) de Patrice Leconte avec Gérard Depardieu qui sortira en salles donc à titre posthume.
André Wilms aura donc tenté de concilier théâtre et cinéma sans vraiment réussir, choisissant l'un ou l'autre et alternant ainsi les périodes mais toujours en marquant de sa présence des rôles souvent empreint d'empathie et de bienfaisance. La plupart de ses rôles principaux seront pour des films au succès mitigés ou confidentiels, mais il reste un des seconds rôles les plus attachants de ces quarante dernières années.
L'acteur est le père de Mathieu Bauer, directeur du centre dramatique national de Montreuil.
André Wilms est mort ce mercredi 9 février 2022 à l'âge de 74 ans.