Trois Amies (2024) de Emmanuel Mouret
Douzième long métrage du réalisateur-scénariste Emmanuel Mouret après des films comme "Laissons Lucie Faire !" (2000), "Un Baiser s'il vous plaît !" (2007), "Caprice" (2015) ou "Chroniques d'une Liaison Passagère" (2022). Le cinéaste est souvent considéré depuis comme un digne successeur de Woody Allen mais en étant moins focalisé psychodrame pour accentuer le marivaudage moderne... Joan n'est plus amoureuse de Victor et souffre de se sentir malhonnête avec lui. Alice, sa meilleure amie la rassure car elle-même n'éprouve aucune passion pour Eric et pourtant leur couple se porte visuellement à merveille. Elle ignore qu'il a en fait une liaison avec Rebecca, leur amie commune. Quand Joan décide de quitter Victor celui-ci disparaît mystérieusement, la vie des trois amies s'en trouvent alors bientôt bouleversées...
Les trois amies sont incarnées par Camille Cottin vue cette année dans "L'Empire" (2024) de Bruno Dumont, "L'Art d'Être Heureux" (2024) de Stefan Liberski et "Ni Chaînes ni Maîtres" (2024) de Simon Moutaïrou, Sara Forestier qu'on n'avait pas vu sur grand écran depuis ses derniers films "Filles de Joie" (2020) de Frédéric Fonteyne et Anne Paulicevich, "Playlist" (2021) de Nine Antico et "Haters" (2021) de Stephane Marelli, et India Hair vue récemment dans "Les Barbares" (2024) de et avec Julie Delpy, et elle retrouve après "Rester" Vertical" (2016) de Alain Guiraudie l'acteur Damien Bonnard vu récemment dans "Une Affaire d'Honneur" (2023) de et avec Vincent Perez, "Un Silence" (2024) de Joachim Lafosse et "Niki" (2024) de Céline Sallette. India Hair retrouve aussi après "Mandibules" (2020) de Quentin Dupieux et "Annie Colère" (2022) de Blandine Lenoir respectivement ses partenaires Grégoire Ludi et Eric Caravaca, à l'instar de Camille Cottin qui retrouvent les mêmes après "Les Gazelles" (2014) de Mona Achache pour le premier et après "Les Eblouis" (2019) de Sarah Suco pour le second. Dernièrement Ludig a joué dans "L'Esprit Coubertin" (2024) de Jérémie Sein, tandis que Eric Caravaca a joué dans "Juliette au Printemps" (2024) de Blandine Lenoir. Citons ensuite Vincent Macaigne vu récemment dans "Bonnard, Pierre et Marthe" (2023) de Martin Provost et "Hors du Temps" (2024) de Olivier Assayas, et retrouve Emmanuel Mouret après "Les Choses qu'on dit, les Choses qu'on fait" (2020) et "Chronique d'une Liaison Passagère" (2022), à l'instar de certains apparu dans des courts métrages du réalisateur comme Hugues Perrot et Mathieu Metral, ce dernier aperçu également dans l'excellent "Edmond" (2019) de Alexis Michalik. Puis enfin n'oublions pas Laurent Roth vu auparavant dans "Tournée" (2010) de et avec Mathieu Amalric ou "La Douleur" (2018) de Emmanuel Finkiel... On suit trois amies dans leurs desideratas amoureux et sentimentaux, une sorte de "Sex and the City" à la française sans la dimension plus ou moins érotique. Comme à son habitude Emmanuel Mouret se distingue par une écriture fine et littéraire. Et comme à son habitude c'est à la fois la qualité et le défaut, la qualité car on savoure notre langue française aussi bien servie qui semble disparaître depuis un moment déjà, puis le défaut car cette façon de parler par tous les personnages semblent par là même presque surréaliste tant on a la sensation parfois que chaque personnage semble réciter un livre.
Mais il y a aussi l'intelligence de fond qui émerveille le sujet, et les petites originalités sur la forme qui forme un écrin cohérent avec le propos. Loin de n'être qu'un mélo intellectuel ce film est surtout une chronique tragi-comique d'une acuité certaine et d'une pertinence universelle sur la vie sexuelle et les liens amoureux, qui ne sont pas toujours en adéquation. Résultat, Emmanuel Mouret signe un vaudeville magnifiquement écrit, une sorte de Woody Allen moins la souffrance psychologique auto-suffisante, avec aussi une réflexion sur le rapport sexe-sentiment et sur les influences autour de l'amitié. En prime un soupçon d'onirisme spectral qui amène la plus belle séquence émotion. On pourrait chipoter sur un rythme trop monocorde, on pourrait aussi regretter un manque d'osmose réelle entre les trois amies, mais en solo elles sont parfaites, touchantes dans leurs doutes face aux hommes plus assurés et/ou plus simples, on pourrait aussi. Un plaisir de retrouver enfin Sara Forestier (Isabelle Nanty en plus jeune !) et mention spéciale à la performance de India Hair. En conclusion un joli film tendre et délicat qui séduit aussi par la rareté de la chose.
Note :