L'Empire (2024) de Bruno Dumont
Nouveau film de Bruno Dumont réalisateur singulier de films comme "Twentynine Palms" (2003), "Flandres" (2006), "Camille Claudel 1915" (2013), "Ma Loute" (2016) ou "France" (2021). Cette fois le cinéaste a imaginé une histoire mélangeant ni plus ni moins que la science-fiction et réalisme social, une "vision caustique cruelle et déjantée de La Guerre des Etoiles". Au départ le casting devait être composé de Virginie Efira, Lily-Rose Depp, Adèle Haenel et Fabrice Luchini, mais plusieurs report de tournage ont poussé les deux premières a quitté le projet, tandis que Adèle Haenel qui n'avait plus tourné depuis 2019 abandonne à cause de désaccord avec Bruno Dumont car elle trouve le film "sombre, sexiste et raciste" repoussant encore le tournage afin de trouver les remplaçants...
Pour faire court donnons le speech "officiel", soit une sorte de mix entre "Ma Loute" et "La Vie de Jésus" dans l'espace, pour une version caustique, cruelle et déjantée de "Stars Wars" à la sauce... Les rôles principaux sont assurés par Lyna Khoudri vue dernièrement dans le dyptique "Les Trois Mousquetaires" (2023) de Martin Bourboulon et "Une Zone à Défendre" (2023) de Romain Cogitore, Anamaria Vartolomei vue entre autre dans "La Bonne Epouse" (2020) de Martin Provost, "L'Evénement" (2021) de Audrey Diwan et "Méduse" (2022) de Sophie Lévy, et Camille Cottin vue récemment dans "Mystère à Venise" (2023) de et avec Kenneth Branagh et "Toni en Famille" (2023) de Nathan Ambrosioni et retrouve après "Le Mystère Henri Pick" (2019) de Rémi Bezançon son partenaire Fabrice Luchini qui retrouve Bruno Dumont après "Ma Loute" (2016) et "Jeanne" (2019), et vu dernièrement "Mon Crime" (2023) de François Ozon, "Un Homme Heureux" (2023) de Tristan Séguéla et "La Petite" (2023) de Guillaume Nicloux. Citons ensuite l'inconnu Brandon Vlieghe pour son premier rôle au cinéma, Julien Manier qui retrouve son réalisateur après "Jeanne" (2019), puis enfin le duo Bernard Pruvost et Philippe Jore qui reprennent leurs rôles des mini-séries "P'tit Quinquin" (2014) et "Coincoin et les Z'Inhumains" (2018) retrouvant ainsi leur réalisateur Bruno Dumont... Dès les premières minutes on reconnaît le style de Dumont, décors du Nord, gueules typiques et caricaturaux du Ch'ti, le réalisme social en filigrane. Mais cette fois le décalage d'un récit improbable touche le fond ; clairement "La Guerre des Etoiles" chez les Ch'tis ça ne fonctionne pas du tout. D'abord ce qui gêne sont les acteurs de second plan, amateurs et/ou débutants spécialement issus du terroir qui sont très très mauvais, tant que ça en est même pas drôle. La "réunion" à cheval dans le champs au début est la première preuve douloureuse.
Au fil du récit on se demande en quoi dénudée les actrices aussi gratuitement sert l'histoire, ce n'est pas désagréable évidemment mais on s'interroge sur l'utilité vis à vis d'une histoire de SF soit disant originale. Pauvre Anamaria Vartolomei et Lyna Khoudri surtout, même Luchini n'y croit pas. On pense à la déclaration du réalisateur : "Un genre naturaliste, tout en minuscule : le réel et l'histoire avec la vicissitude de la condition humaine et l'enchevêtrement inexorable des passions. Là où tout est mêlé,la vie humaine dans laquelle tous les hommes et les femmes se démènent. L'ensemble à la bascule continuelle du tragique et du comique parce qu'elle est l'effet majeur et le jeu naturel de cet assortiment, la planche savonnée, celle de la tragi-comédie de l'existence humaine." ... Et dire qu'il doit croire à sa pensée pseudo-philosophique ! La tragédie est que Dumont signe là un de ses pires films (non ce film n'a rien à voir avec "Ma Loute" pourtant du même réalisateur), tandis que la comédie s'est perdue en cours de route, on ne sourit jamais tant c'est ridicule, pathétique et navrant. Et étonnamment, la meilleure chose du film reste les effets spéciaux plutôt réussis, ce qui est la moindre des choses pour ce navet à (tout de même !) 8 millions d'euros. Le film s'avère un calvaire, par le jeu des acteurs (les mauvais et les vedettes qui se demandent si elles ont bien fait), puis par cette incapacité à faire rire (il ne suffit pas d'être ridicule ou grotesque !).
Note :