Les Chèvres ! (2024) de Fred Cavayé
D'abord spécialiste du thriller à la française le réalisateur Fred Cavayé a effectué un virage assez net avec les comédies "Radin !" (2016) et "Le Jeu" (2018), sans compter un intermède dramatique avec l'intéressant "Adieu Monsieur Haffmann" (2021) le cinéaste revient à la comédie populaire avec un sujet historique cocasse mais avéré : le procès d'animaux au moyen-âge. Le réalisateur-scénariste co-écrit le scénario avec Sarah Kaminsky qui connaît bien le genre avec "Raid Dingue" (2017) et "La Ch'tite Famille" (2018) tous deux de et avec Dany Boon, puis elle retrouve son réalisateur après justement "Adieu Monsieur Haffmann" (2021), puis en collaboration avec le duo méconnu Nicolas Slomka et Matthieu Rumani créateur de la série TV "Family Business" (2020-2021)... 17ème siècle, Maître Pompignac est un avocat qui est la risée du barreau. Après une énième humiliation face au réputé Maître Valvert, Pompignac pense avoir enfin trouver l'affaire de sa vie en défendant Josette, accusée à tort de meurtre à seulement 11 ans. Mais le pauvre avocat va apprendre un peu tard que Josette n'est pas une jeune fille mais une simple chèvre !...
Pompignac est incarné par Dany Boon qui retrouve donc son réalisateur de "Radin !" et la co-scénariste, vu récemment dans "Mon Crime" (2023) de François Ozon et "La Vie pour de Vrai" (2023) de lui-même, puis retrouve également après ses propres films "Bienvenue chez les Ch'tis" (2008), "Rien à Déclarer" (2010) et "Supercondriaque" (2014) son partenaire et adversaire Jérôme Commandeur vu dernièrement dans "Astérix et Obélix : l'Empire du Milieu" (2023) de et avec Guillaume Canet, il retrouve de son côté après son film "Ma Famille t'adore déjà !" (2016) l'actrice Marie-Anne Chazel vue dernièrement dans le dyptique "3 Jours Max" (2023) de et avec Tarek Boudali, Commandeur retrouve aussi après l'oubliable "Les Nouvelles Aventures de Cendrillon" (2017) de Lionel Steketee la méconnue Claire Chust aperçue dans "Miss" (2020) de Ruben Alves ou "Champagne !" (2022) de Nicolas Vanier et retrouve avec "Problemos" (2017) de et avec Eric Judor l'humoriste Bun Hay Mean qui retrouve aussi Commandeur après "Astérix et Obélix : l'Empire du Milieu" (2023) et vu auparavant dans "De l'Huile sur le Feu" (2011) de Nicolas Benamou ou "Les Méchants" (2021) de Mouloud Achour et Dominique Baumard. Citons encore Alexandre Desrousseaux vu entre autre dans le dyptique "Papa ou Maman" (2015-2016) de Martin Bourboulon ou "Les Cyclades" (2022) de Marc Fitoussi, puis Grégory Gadebois qui retrouve son réalisateur après "Le Jeu" (2018) vu ces derniers mois dans "Les Choses Simples" (2023) de Eric Besnard ou "La Fiancée du Poète" (2023) de et avec Yolande Moreau... Ce qui frappe avant tout, surtout pour une comédie, c'est le soin apporté à la reconstitution d'époque, outre les costumes on reconnaît le sublime village de Monpazier, déjà lieu de tournage pour de nombreux films historiques dont "Les Duellistes" (1977) et "Le Dernier Duel" (2021) tous deux de Ridley Scott. Outre les qualités de conservation du village l'équipe technique a rajouté tout ce qu'il faut de boue et des détails plus ou moins nauséabonds pour accentuer avec malice l'immersion en 1644. Plus savoureux encore l'importance du narrateur (je ne vous en dit pas plus !), jolie trouvaille et surtout qui reste d'une jolie cohérence avec les faits (chronologiquement et avec les études d'avocat). Un effort entre fiction et réalité qui est assez rare pour le noter.
Le scénario est plutôt bien écrit, jouant parfaitement avec la bêtise de l'époque et les bêtises d'aujourd'hui profitant ainsi de ce procès hors norme pour dénoncer le snobisme parisien (beaucoup), le féminisme (juste un peu), la lenteur de la justice mais aussi l'effet médiatique (un peu), une certaine idée sur l'obtention de la nationalité (un peu) et surtout la question de la justice par l'opinion publique (beaucoup) et qui renvoie donc aujourd'hui aux lynchages par les réseaux sociaux bafouant toute notion de "présumé innocent". Ainsi le scénario est plutôt bien troussé même si il y a des traitements différents sur le fond comme sur la forme. Ensuite il y a les personnages, tous de bonnes gueules à l'emploi allant des perruques, des maquillages, des dents pourries aux différentes tares qu'on pourrait encore attribuées aux habitants de telle région. Si il n'y a que peu de dentelles le film reste drôle et souvent pertinent, et ouf les gags ne sont pas tous dans la bande-annonce. On apprécie surtout ce mix efficace entre une reconstitution historique solide et la caricature nécessaire formant un décalage bien vu. Un très bon moment.
Note :