Chronique d'une Liaison Passagère (2022) de Emmanuel Mouret

par Selenie  -  15 Septembre 2022, 15:39  -  #Critiques de films

11ème long métrage de Emmanuel Mouret, chantre de la comédie romantique à la française depuis "Laissons Lucie Faire !" (2000) en passant par "Un Baiser s'il vous Plaît !" (2007) ou "Mademoiselle de Joncquières" (2018). Pas de surprise, pour son nouveau projet le réalisateur-scénariste revient avec une énième variation autour de l'amour, avec un pointe d'originalité selon lui, à savoir que cette fois il s'agit d'une "chronique sentimentale" sur une liaison amant-maîtresse. Il précise : "Le mot "liaison" est un mot qui me plaît beaucoup. "Les Liaisons Dangereuses" ou "Liaison secrète" étant de si beaux titres, j'aimais l'idée d'y adjoindre la notion d'éphémère, quand bien même une liaison est passagère par définition, afin que le titre suggère d'emblée l'enjeu dramatique du film. Ainsi le spectateur sait que les moments heureux donnés à vivre aux personnages sont promis à une fin annoncée. J'aimais que le suspens soit donné dès le titre. Quant à cette sensation de fluidité que vous évoquez, elle est le fruit d'un flux quasi ininterrompu de paroles et de déplacements des personnages." Une fois n'est pas coutume, cette fois Emmanuel Mouret co-signe le scénario avec Pierre Giraud à qui on doit les scénarios des films "Juliette" (2012) de Pierre Godeau et "Celle que vous Croyez" (2018) de Safy Nebbou... 

Une mère célibataire et un home marié se rencontrent et deviennent amant. Mais ne s'étant mas menti leur liaison est claire depuis le début, une simple liaison charnelle sans sentiment ni promesse. Leur liaison est épanouie et tout va bien jusqu'à se surprendre par leur complicité et, finalement, par leur bonheur. Mais ce qui paraissait simple ne l'est plus forcément... La mère célibataire est interprétée par Sandrine Kiberlain vue dernièrement dans "On est fait pour s'Entendre" (2021) de et avec Pascal Elbé et "Un Autre Monde" (2021) de Stephane Brizé, l'homme marié est quant à lui incarné par Vincent Macaigne plus prolifique avec entre autre "Cette Musique ne Joue pour Personne" (2021) de Samuel Benchetrit et "En Même Temps" (2022) de Benoît Delépine et Gustave Kervern mais il surtout il retrouve Emmanuel Mouret après "Les Choses qu'on dit, les Choses qu'on fait" (2020). Citons autour d'eux, Georgia Scalliet comédienne à la Comédie Française essentiellement  vu au cinéma uniquement dans "L'Odeur de la Mandarine" (2015) de Gilles Legrand et "Robuste" (2021) de Constance Meyer, puis Maxence Tual, de plus plus présent sur grand écran avec "Rodin" (2017) de Jacques Doillon, "Antoinette dans les Cévennes" (2020) de Caroline Vignal, "Garçon Chiffon" (2020) de Nicolas Maury et "Tout le Monde aime Jeanne" (2022) de Céline Devaux... On pourrait se dire que c'est une énième histoire sur une liaison amoureuse, une énième variation autour de du sentiment amoureux par Emmanuel Mouret, mais c'est aussi le style du réalisateur à l'instar des contes psycho-philosophique de Woody Allen. Et force est de constater que Emmanuel Mouret est de loin le meilleur des conteurs amoureux en France, à la fois le plus sobre, le plus inspiré, le plus romantique, et le plus littéraire aussi ce qui ajoute parfois un côté kitsh et suranné à ses histoires.

Cette fois les nuances de rouge sont plutôt dans le vert. Dans ce couple c'est madame qui mène, qui est libre et frivole, qui domine se moquant du quand dira-t-on alors que monsieur est plus frileux, timide voir gêné, presque vierge de toute émotion forte. Leur enjeu est simple, pas de sentiments que du plaisir physique, mais ce n'est pas si simple et on le perçoit d'emblée quand il faut parler, beaucoup parler pour combler une gêne ou même un désir. Et si on se doute de par son titre de la conclusion on sera plus étonné du rebondissement, un twist bien amené et subtil à l'image de ses personnages jamais hystériques et/ou caricaturaux. Sur ce film Emmanuel Mouret évite le côté trop théâtral qu'il aime d'habitude, cette fois la caméra est fluide, les lieux sont multiples, il use du champ-contrechamp et utlise même quelques plan-séquences pour donner du mouvement ce qui donne de l'amplitude que l'importance des dialogues auraient pu rendre trop statique. Il manque peut-être un peu de chair ou d'érotisme pour nous convaincre de cette passion éphémère, ou un peu plus de fantaisie érotique pour croire à cette histoire avec certe deux acteurs fabuleux mais auxquels il manque une petite étincelle. Mais le film reste magnifiquement écrit, le réalisateur-scénariste signe une comédie à la française classe, Mouret étant une fois de plus dans le vrai, dans le juste, dans une fable moderne loin de la vulgarité habituelle. Un petit bijou à conseiller.

 

Note :      

 

14/20
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