On est fait pour s'Entendre (2021) de Pascal Elbé
Après "Tête de Turc" (2010) et "Je Compte sur Vous" (2015) Pascal Elbé revient avec son troisième long métrage en tant que réalisateur. Ce projet a commencé à germer dans sa tête quand il a commencé par deux idées, le désir d'une comédie romantique et le besoin de parler d'un handicap que le réalisateur-acteur connaît depuis peu, à savoir un début de surdité. Pascal Elbé s'est donc évidemment un peu inspiré de ce qu'il vit mais il a surtout été inspiré par le livre "La Vie en Sourdine" (2008) de David Lodge : "Là est la force de La Vie en Sourdine : c'est un roman qui rend compte de cette situation que je connais bien, mais qui parvient, à partir d'elle, à construire un récit universel. Mon histoire a pris la tournure d'une comédie romantique. Quoique... "Romantique", je ne sais pas trop ce que ça veut dire à nos âges. C'est l'histoire d'une rencontre. Mon film est une comédie de rencontres." Pascal Elbé est donc réalisateur-scénariste et acteur de son film...
Tout le monde à quelque chose à reprocher à Antoine, ses élèves qu'il n'écoute pas, ses collègues qui le trouvent distrait et bientôt sa voisine qui ne supporte pas sa musique à fond et son réveil. Mais Antoine a perdu beaucoup d'audition et préfère le taire quitte à se mettre les gens à dos puisqu'ils ne peuvent comprendre... Antoine est logiquement incarné par Pascal Elbé qu'on espère plus inspiré que les dernières comédies où il a joué avec les oubliés et oubliables "Just a Gigolo" (2019) de Olivier Baroux et "RendezVous chez les Malawa" (2019) de James Huth. Sa voisine est interprétée par Sandrine Kiberlain vue récemment dans "Les Deux Alfred" (2021) de et avec Bruno Podalydès, et retrouve après "Rue Mandar" (2013) de Idit Cebula sa partenaire Emmanuelle Devos qui elle retrouve Pascal Elbé après "Vive Nous" (2000) de Camille de Casablanca et "Le Fils de l'Autre" (2012) de Lorraine Lévy, elle retrouve également François Berléand après "L'Adversaire" (2001) de Nicole Garcia, ce dernier retrouve aussi Valérie Donzelli après "Les Âmes Câlines" (2001) de Thomas Bardinet et "Le Plus Beau Jour de ma Vie" (2005) de Julie Lipinski. Citons Marthe Villalonga vue dernièrement dans le dyptique "Les Municipaux" (2018-2019) de Francis Ginibre et Eric Carrière, Claudia Tagbo vue dans "Divorce Club" (2020) de Michael Youn et "C'est Quoi ce Papy ?" (2021) de Gabriel Julien-Laferrière, Antoine Gouy vu dans "Comment je suis devenu Super-héros" (2021) de Douglas Attal et "Délicieux" (2021) de Eric Besnard, puis enfin Anne Azoulay vue récemment dans "Boîte Noire" (2021) de Yann Gozlan... De nombreuses comédies jouent la carte sentimentale avec un paramètre qui crée un décalage, un homme singulier pour une jeune femme dans "La Délicatesse" (2011) des frères Foenkinos, un fort écart d'âge dans "20 d'Ecarts" (2013) de David Moreau, une différence de taille "inhabituelle" dans "Un Homme à la Hauteur" (2016) de Laurent Tirard, la cécité dans "Chamboultout" (2019) de Eric Lavaine... Mais Pascal Elbé est plus consensuel encore et prend peu de risque quitte à se perdre (... ou pas ?!). Ainsi le handicap est ici un simple prétexte à rire, jamais le récit ne s'attarde franchement sur ce problème, on est à des années-lumière par exemple de "Sound of Metal" (2021) de Darius Marder.
Clairement le réalisateur-scénariste se focalise sur l'aventure sentimental avec les quiproquos qu'on imagine bien avec la surdité qui va mener au happy-end tant attendu. Le vrai soucis du film réside sur le rythme, ce qui est toujours un gros bémol dans un genre qui ne peut occulter un certain tempo. Outre les baisses de régime trop nombreux, le plus gros coup de barre arrive pour les dernières 15-20 minutes tirées en longueur, où on commence à souffler tant il n'y a plus rien à raconter et qu'on sait d'emblée ce qui va se passer. Autant les baisses de régimes durant le film peuvent passer, autant cette ultime partie est cette fois un coup de bambou où on ne rit plus, où tout est misé sur l'émotion qui râte sa cible tant on attand, tant on se surprend à souffler un peu en regardant l'heure. Quel dommage car Pascal Elbé a pourtant pas mal d'idées savoureuses même si il pousse un peu le bouchon dans le côté "gros handicap" (faut avouer que dans l'handicap la malentendance est plutôt dans le "léger") ; d'ailleurs comparé aux autres "handicaps" du film Antoine paraît bel et bien "abusif". Ainsi on peut trouver que Antoine/Elbé abuse un peu dans la "honte" et on a bien du mal à le comprendre ; par exemple on peut s'étonner qu'on ne voit jamais un simple crayon/papier pour communiquer ?! Par contre, les quiproquos sur le "entendre-pas entendre" sont souvent aussi judicieux que drôle et, surtout l'osmose entre Sandrine Kiberlain et Pascal Elbé est parfait et reste le gros atout du film. On passe donc un très bon moment pendant une heure, mais la fin n'est clairement pas folichon, sans imagination et pour un film de seulement 1h30 c'est tout de même dommageable. Note indulgente.
Note :