Affamés (2021) de Scott Cooper
Voilà une production qui met l'eau à la bouche au vu des noms derrière le projet. À la production on a donc Guillermo Del Toro réalisateur de quelques monuments fantastiques comme "L'Echine du Diable" (2001), "Hellboy" (2004), "Crimson Peak" (2015) et son dernier "La Forme de l'Eau" (2017), puis David S. Goyer surtout connu comme scénariste ayant travaillé sur la trilogie "Blade" (1998-2004) dont le n°2 réalisé par Guillermo Del Toro et le n°3 par lui-même, mais aussi derrière DC Comics pour la trilogie "The Dark Knight" (2005-2012) de Christopher Nolan et les "Man Of Steel" (2013-2016) de Zack Snyder. Mais à la réalisation ce sera une première pour Scott Cooper, son premier film d'horreur après quatre magnifiques réussites que sont "Crazy Heart" (2009), "Les Brasiers de la Colère" (2013), "Strictly Criminal" (2015) et "Hostiles" (2017). Le film est adapté de la nouvelle "The Quiet Boy" (2019) de Nick Antosca, auteur également créateur de la série TV "Channel Zero" (2016-2018) et qui co-signe le scénario avec Scott Cooper et avec le plus méconnu Henry Chaisson à qui on doit surtout les deux courts métarges "Open 24 Hours" (2015) et "The Anniversary" (2015). Sur ce projet, Del Toro précise : "Que ce soit la rage qui éclate dans une famille, dans un pays ou qui se retourne contre l'environnement, c'est une incitation sous toutes ces formes à provoquer la créature : la rage la pousse à se manifester. Oui, Affamés est un film d'horreur mais aussi un drame social profondément sombre."...
Dans une petite ville minière de l'Oregon, une institutrice découvre qu'un de ses élèves est une victime auprès de son père et de son frère. Elle en parle alors à son frère policier et décident d'enquêter jusqu'à découvrir un secret effrayant qui aurait un lien avec le mythe du Wendigo... L'institutrice est interprétée par Keri Russell, actrice rare qu'on a vu dans seulement deux films ces 5-6 dernières années avec "The Free State of Jones" (2016) de Gary Ross et "Star Wars IX : l'Ascension de Skywalker" (2019) de J.J. Abrams, puis son frère policier est incarné par Jesse Plemons qui retrouve le réalisateur Scott Cooper après "Stictly Criminal" et "Hostiles", et qui gravit encore les échelon avec dernièrement "Judas and the Black Messiah" (2021) de Shaka King et "Jungle Cruise" (2021) de Jaume Collet-Serra. À leurs côtés, il y a Graham Greene amérindien connu depuis "Danse avec les Loups" (1990) de et avec Kevin Costner et vu entre autre dans "La Ligne Verte" (1999) de Frank Darabont, "Wind River" (2017) de Taylor Sheridan et dans "Le Loup et le Lion" (2021) de Gilles de Maistre, Scott Haze vu récemment dans "Venom" (2018) de Ruben Fleischer et "Minari" (2021) de Lee Isaac Chung, Rory Cochrane qui retrouve son partenaire Jesse Plemons et Scott Cooper après "Stictly Criminal" et "Hostiles", vu récemment aussi dans "Les 7 de Chicago" (2021) de Aaron Sorkin, puis Amy Madigan vue dans des films comme "La Part des Ténèbres" (1993) de George A. Romero, "Pollock" (2000) de et avec Ed Harris, "Gone Baby Gone" (2007) de et avec Ben Affleck et dernièrement dans "The Hunt" (2020) de Craig Zobel... Le film prend comme base les récits traditionnels du folklore des amérindiens algonquins, le Wendigo (Tout savoir ICI !). Un monstre maléfique déjà abordé au cinéma, d'abord avec les différentes versions "Simetierre" (1989) de Mary Lambert et "Simetierre" (2019) de Kevin Kölsch et Dennis Widmyer d'après Stephen King, mais aussi "La Légende du Wendigo" (2001) de Larry Fessenden, "Vorace" (1999) de Antonia Bird et "Lone Ranger" (2013) de Gore Verbinski. Premier bémol, premier détail de rien du tout, on peut s'interroger sur les lieux du récit, l'Oregon, alors que les Algonquins sont situés sur la région des Grands Lacs soit plutôt à l'opposé du continent américain. Mais c'est une remarque toute petite.
On débute l'histoire avec une grande interrogation : comment croire qu'un enfant vit et assume seul une grande maison tout en allant à l'école ?! Comment vit-il ?! paperasse, argent,... etc... Comment y croire ?! Et un gamin aussi rachitique avec même des traces de violences, comment personne n'ai vu quelque chose jusque là ?! Passé ces interrogations le récit se met en place avec une multitude de niveau de lecture, avec une multitude de sujet abordé via plusieurs protagonistes dans une région américaine qu'on aurait pu sans soucis placer dans les Appalaches, lieux emblématiques des Rednecks. Ainsi on est dans une région semble-t-il pauvre, avec tous les soucis sociaux qui en découlent. Dealers, junkies sont donc omniprésents de façon sous-jacentes mais sans réellement être exploités dans l'intrigue, les violences domestiques sont beaucoup plus traîtées avec une véritable violence aussi bien physique que psychologique auxquelles font écho les scènes sanglantes (pas pas spécifiquement gores !). Le climax aussi malsain et crasseux nous plonge dans l'Amérique profonde, en marge même, loin de tout et d'où le bonheur ne semble pas avoir sa place. Ajouté aux thématiques du film l'atmosphère s'avère particulièrement pesante, voir funeste. Mais pourtant, après une heure où les décors de bidonvilles ruraux et les paysages des forêts de l'Oregon nimbés dans une atmosphère anxiogène promettent beaucoup on vire ensuite dans trop d'écueils récurrents du genre qui finissent par nous décevoir. D'abord avec ce suspense intenable (ironie !) où l'arrivée du flic à la maison annonce alors trop logiquement l'arrivée du wendigo, ou comment fuir sans prendre ou répondre au téléphone alors à porter de main, ou pire le très galvaudé et toujours aussi horripilant protagoniste qui ne meurt pas par une chance incroyablement invraisemblable... etc... Le tout en 10-15 minutes qui gâchent un film qui aurait dû justement éviter ce sillon tout tracé du genre. Notons enfin le Wendigo lui-même, laid, à l'esthétique particulièrement peu inspiré et au design peu créatif. Le dénouement finit par nous achever, un finish expédié dans une facilité qui nous laisse pantois. En 30mn le film dévale la pente vertigineuse du film d'horreur basique alors que tout jusque là nous emmenait vers un petit bijou du genre. Une déception qui sera en bonne place en cette année 2021. Scott Cooper trébuche pour la première fois et signe là son film le moins convaincant, avec une telle équipe c'est à se damner... Note indulgente.
Note :