Juliette au Printemps (2024) de Blandine Lenoir

par Selenie  -  13 Juin 2024, 15:38  -  #Critiques de films

Nouveau long métrage de Blandine Lenoir, et aborde un nouveau sujet plus universel, moins féminin, car après la ménopause dans "Aurore" (2017) et l'avortement dans "Annie Colère" (2022) la cinéaste s'attaque à la dépression en portant à l'écran la bande-dessinée "Juliette, les fantômes reviennent au Printemps" (2016) de Camille Jourdy dont une autre oeuvre avait été adaptée au cinéma avec "Rosalie Blum" (2016) de Julien Rappeneau. La réalisatrice-scénariste co-écrit le scénario avec l'autrice elle-même et avec Maud Ameline qui a d'ailleurs co-écrit les films "Camille Redouble" (2011) et "La Grande Magie" (2022) de et avec Noémie Lovsky qui incarnait justement Rosalie Blum... Juliette, jeune illustratrice de livres pour enfant, quitte sa ville pour aller retrouver sa famille pour quelques jours. Elle retrouve donc son père si pudique qu'il ne s'exprime qu'en faisant des blagues, sa mère artiste peintre qui croque la vie à pleine dents, sa grand-mère qui perd pied, et sa soeur mère de famille débordée... 

Le rôle titre est incarnée par Izia Higelin vue entre autre dans "Mauvaise Fille" (2012) de Patrick Mille, "Rodin" (2017) de Jacques Doillon ou "Sur les Chemins Noirs" (2023) de Denis Imbert puis retrouve après "La Belle Saison" (2015) de Catherine Corsini sa mère Noémie Lvovsky vue récemment dans "Madame de Sévigné" (2024) de Isabelle Brocard et "Bis Repetita" (2024) de Emilie Noblet, qui retrouve sa co-scénariste Maud Ameline après ses films et "L'Envol" (2022) de Pietro Marcello puis qui retrouve son époux après "Ah ! Si j'étais Riche" (2002) de Gérard Britton et Michel Lunz, c'est-à-dire Jean-Pierre Darroussin vu dernièrement dans "Je verrai Toujours vos Visages" (2023) de Jeanne Herry, "Le Théorème de Marguerite" (2023) de Anna Novion et "Et la Fête continue !" (2023) de Robert Guédiguian, puis citons Sophie Guillemin vue récemment dans "L'Île Rouge" (2023) de Robin Campillo, "Monsieur le Maire" (2023) de Karine Blanc et Michel Tavares et "Boléro" (2024) de Anne Fontaine, Liliane Rovère vue récemment dans le dyptique "Maison de Retraite" (2022-2023), le tout jeune Leny Morand qui retrouve sa réalisatrice de "Annie Colère" (2022) à l'instar de Eric Caravaca vu dans "Le Chemin du Bonheur" (2021) de Nicolas Steil ou "Tout s'est Bien Passé" (2021) de François Ozon, Thomas de Pourquery aperçu entre autre dans "Chacun pour Tous" (2018) de Vianney Lebasque ou "Saint Omer" (2022) de Alice Diop, puis enfin citons Salif Cissé aperçu dans "L'Amour et les Forêts" (2023) de Valérie Donzelli et "La Vie de ma Mère" (2024) de Julien Carpentier... Le film s'inscrit dans la grande et galvaudée tradition des films choraux et de la comédie dramatique à la française légèrement occultée par un titre personnalisé. En effet, loin d'être focalisé sur Juliette/Higelin, l'histoire du film est celle d'une famille où les personnages sont tous aussi importants que Juliette, autant par le traitement des personnages que par leur présence à l'écran. Heureusement, ça passe vraiment bien car les personnages sont touchants, intéressants notamment dans cette difficulté à exprimer leurs sentiments. Le premier bémol vient de la réalisation, sur deux points.

D'abord on ressent trop le travail très storyboardé, et donc nous rappelle le matériau d'origine tandis que la mise en scène se repose beaucoup trop sur un cadre très et trop figé. Ensuite, l'héroïne (comme sa mère) est artiste et si le dessin est important dans le film on imagine que le film aurait pu être plus original, plus vivant si les dessins avaient été encore plus centraux, voir même plus animés au sein du récit. D'autant plus décevant que Blandine Lenoir a déclaré : "Bien sûr, c'est d'abord une façon d'introduire Camille dans le film, et j'avais envie de filmer ce crayon qui se déplace et avance sur le papier. Assister à l'apparition du dessin est assez magique. Mais c'est aussi un outil scénaristique précieux : ces moments de dessin sont importants car ce sont ceux durant lesquels Juliette est calme, apaisée. Car le noeud de l'affaire, c'est qu'ils ont beaucoup de mal à exprimer leurs sentiments. Cela passe donc plus par les images que par les mots entre eux !" Dommage c'est justement sur ce point que la réalisatrice n'a pas été assez audacieuse. Le film se retrouve donc dans un académisme à la française trop formatée et éculée mais c'est aussi un sous-genre qui a ses codes et finalement la réalisatrice nous conte une chronique familiale touchante, sans omettre nos amis les animaux avec un caneton qui n'est pas vilain comme symbole d'un rapprochement, un chat "tempête" comme running gag qu'on s'étonne par contre de voir disparaître brusquement, puis évidemment une famille aimante mais sans dialogue facile (comme toute les familles peut-être ?!) avec des (grands-)parents comme deux facettes de la retraite, une artiste légèrement dépressive, une mamie de 91 ans surprenante et aussi une liaison amoureuse à la nudité gourmande. En conclusion, un film qui reste dans le sillon à la française ni plus ni moins, mais c'est bien fait, entre sourire et larmichette pour un joli moment à défaut de réinventer le genre.

 

Note :                 

13/20
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