Paradis Paris (2024) de Marjane Satrapi

par Selenie  -  13 Juin 2024, 13:03  -  #Critiques de films

Nouveau long métrage de l'artiste franco-iranienne Marjane Satrapi, révélée sur grand écran avec le film d'animation "Persépolis" (2007) d'après une de ses bandes-dessinées co-signé avec Vincent Paronnaud et qui a réalisé ensuite entre autre "The Voices" (2014) ou "Radioactive" (2019). Au départ, la cinéaste avait pensé à cette histoire il y a une dizaine d'années avant qu'un drame personnel ne repousse le projet. Puis ensuite la réalisatrice explique : "Alors je me suis dit : "Vivons la vie tant qu'il y a de l'air dans nos poumons". Ce film est donc devenu une nécessité. Je me suis dit rendu compte que de se laisser aller à la tristesse et au cynisme était une posture et surtout le choix de la lâcheté. Il en faut du courage pour vivre. Ce projet avait autre chose d'important et c'est Monica (Bellucci) qui me l'a fait remarquer. Elle m'a dit : "Paradis Paris est un film politique parce que dans ce monde où on dit que l'on ne peut pas vivre ensemble, il affirme qu'on le peut". Aujourd'hui, dès qu'on parle de la mixité, on parle de la religion, de la banlieue qui viendrait tout casser à Paris, etc. Alors que la mixité sociale, c'est aussi les différentes classes et les diverses cultures qui se côtoient. Ce Paris ouvert et international, on n'en parle presque jamais. Marchez quelques minutes dans Paris et vous entendrez une multitude de langues ! On vit dans la plus cosmopolite et la plus belle des villes. Il y a de quoi la célébrer." La réalisatrice-scénariste co-écrit son scénario avec Marie Madinier actrice aperçue dans "Un Baiser s'il vous Plaît" (2007) de Emmanuel Mouret passer réalisatrice-scénariste avec son film "Le Secret des Banquises" (2015). La cinéaste précise que toutes les histoires racontées dans son film, bien que fictives, sont basées sur des histoires réelles... 

On suit plusieurs personnages qui vont se croiser et s'entrecroiser dans Paris. Ancienne cantatrice à succès, Giovanna Bianchi est déclarée morte dans les médias alors qu'elle est bel et bien vivante mais elle va s'apercevoir que finalement peu de gens vont lui rendre hommage. De son côté l'anglais Mike défie la mort tous les jours par son métier de cascadeur, Dolorès va passer un pacte avec Dieu, elle est grand-mère d'une ado suicidaire qui va profiter de son kidnapping pour se confier à son ravisseur comme s'il était son psy, et enfin un présentateur d'une émission sur les faits criminels se questionne de plus en plus sur sa mort... Au casting on retrouve donc Monica Bellucci qui revient en France après déjà un film choral "Les Fantasmes" (2021) des frères Foenkinos et vue depuis dans "Mémoire Meurtrière" (2022) de Martin Campbell, "Siccita" (2022) de Paolo Virzi ou "Mafia Mamma" (2023) de Catherine Hardwicke. Citons ensuite Ben Aldridge aperçu récemment dans "Knock at the Cabin" (2023) de M. Night Shyamalan, Rossy De Palma vue dernièrement dans "Carmen" (2023) de Benjamin Millepied, "Apaches" (2023) de Romain Quirot et "3 Jours Max" (2023) de Tarek Boudali, Martina Garcia vue dans "Biutiful" (2010) de Alejandro Gonzales Inarritu, "Inside" (2011) de Andrès Baiz ou "Le Meilleur reste à Venir" (2019) de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, Eduardo Noriega de retour après ses derniers films "Les Traducteurs" (2019) de Régis Roinsard et "La Marque du Diable" (2020) de Diego Cohen, André Dussolier vu récemment dans "Mon Crime" (2023) de François Ozon ou "N'Avoue Jamais" (2024) de Ivan Calbérac et retrouve après "En Plein Feu" (2023) de Quentin Reynaud son partenaire Alex Lutz vu dans son propre film "Une Nuit" (2023) ou "Le Tableau Volé" (2024) de Pascal Bonitzer, Roschdy Zem vu dernièrement dans "Le Principal" (2023) de Chad Chenouga, "Vivants" (2023) de Alix Delaporte ou "Une Affaire d'Honneur" (2023) de et avec Vincent Perez, Charlotte Dauphin productrice-réalisatrice-scénariste-compositrice de ses films "L'Autre" (2020) et "Architecte" (2022)... Le film débute lourdement et ce même si on adore André Dussolier, sa voix grave et son sourire toujours éclatant. Le discours est trop écrit, pose les bases d'une histoire qu'on sait déjà être un film choral où des personnages ne se croisent pas vraiment. Ainsi, si on remontait le film de façon linéaire vis à vis de chaque personnage on serait en quelque sorte avec 3-4 courts métrages distincts. 

Le but de Marjane Satrapi est clair et limpide, rendre hommage à Paris, Ville Lumière qu'elle voit libre, heureuse, multiculturelle et cosmopolite. Malheureusement la réalisatrice ne fait pas dans la dentelle et manque de créativité. D'abord pour pointer du doigt la nécessité du bonheur elle place la mort ou le deuil au centre des destins au début du récit pour évidemment relier la mort à la vie. Ensuite pour montrer la ville cosmopolite elle choisit un casting international mais très francophone, chrétien et proche de nous (italienne, espagnole, britannique...) on s'étonne presque que la réalisatrice iranienne occulte l'Islam, mais aussi l'Afrique pour finalement constater que le reste du monde se résume à nos voisins. Le tout est très et trop écrit, on sent qu'il n'y a pas eu place à l'improvisation, rien ne fait naturel ou fluide à l'exception de 2-3 séquences qui ne manquent pas de grâce (merci Rossy De Palma). Par là même, après le classicisme de "Radioactive" (2019) la réalisatrice ne semble plus avoir la moindre once d'imagination, où sont passé l'humour et la pertinence de "Persépolis" (2007) ?! Où sont passé la folie et l'audace de "The Voices" (2014) ?! Poussif sur le fond comme sur la forme ce film oubliable sera malheureusement et assurément vite oublié.

 

Note :                 

07/20
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :