La Grande Magie (2023) de Noémie Lvovsky
7ème long métrage cinéma pour Noémie Lvovsky décidément partout et toujours aussi prolifique avec en quelques mois son film, son scénario pour "Les Amandiers" (2022) de Valeria Bruni-Tedeschi et ses rôles dans "L'Envol" (2023) de Pietro Marcello et "Youssef Salem a du Succès" (2023) de Baya Kasmi. Cette fois elle adapte très librement la pièce de théâtre éponyme (1948) de Eduardo De Filippo, metteur en scène italien connu aussi en tant que cinéaste, réalisateur par exemple de "Fortunella" (1958), ou acteur dans "L'Or de Naples" (1954) de Vittorio De Sica et même scénariste pour les autres comme pour "Fantômes à l'Italienne" (1954) de Renato Castellani. La pièce fut joué il y a peu en 2009 à la Comédie Française. Noémie Lvovksy retrouve une partie de l'équipe de son film "Camille Redouble" (2012), plusieurs acteurs mais aussi ses co-scénaristes Florence Seyvos déjà co-autrice de "Les Sentiments" (2003) et "Demain et Tous les Autres Jours" (2017), puis Maud Ameline qui a depuis également signée "La Place d'une Autre" (2021) de Aurélia Georges ou "L'Envol" (2023) de Pietro Marcello avec Noémie Lvovsky à l'affiche... France dans les années 20, dans un hôtel de bord de mer, un magicien est en plein spectacle et demande à une personne de monter sur l'estrade pour un numéro de disparition. Marta accompagné de son époux jaloux avec qui elle est malheureuse, se porte volontaire. Mais à la fin du numéro Marta a réellement disparu, son mari scandalisé exige alors le retour de son épouse. Finalement, le magicien lui remet une boîte en lui affirmant que sa femme est dedans, mais qu'il ne doit l'ouvrir que si il a absolument foi en elle sous peine de la faire disparaître à jamais. D'abord circonspect, le mari finit par avoir un doute...
Le casting est iconoclaste et de haut vol, la plupart ayant déjà tourné les uns avec les autres. Citons Sergi Lopez qui retrouve après "Filles de Joie" (2020) de Frédéric Fonteyne et Anne Paulicevich sa réalisatrice et partenaire Noémie Lvovsky qui retrouve Micha Lescot après "Camille Redouble" (2012) et "Demain et Tous les Autres Jours" (2017), ils retrouvent aussi François Morel, elle après "Ah ! Si j'étais Riche" (2002) de Gérard Bitton et Michel Munz puis lui après "Musée Haut, Musée Bas" (2008) de Jean-Michel Ribes, et encore après "Brèves de Comptoir" (2014) de Ribes retrouve l'acteur Laurent Stoker qui retrouve à son tour après "J'Accuse" (2019) de Roman Polanski à la fois Denis Podalydès qui était aussi dans "Camille Redouble", puis Damien Bonnard, alors que Podalydès était dans "Camille Redouble" et Bonnard dans "Le Sixième Enfant" (2022) de Léopold Legrand, ils retrouvent l'actrice Judith Chemla qui était aussi dans "Faut que ça Danse !" (2007), elle était aussi avec Morel dans "Musée Haut, Musée Bas" (2008) et plus récemment dans "Les Goûts et les Couleurs" (2022) de Michel Leclerc y retrouvant également Rebecca Marder suivi de "Simone, le Voyage du Siècle" (2022) de Olivier Dahan. Et enfin citons Philippe Duclos qu'on n'avait plus vu sur grand écran depuis "Five" (2016) de Igor Gotesman, et qui retrouve Denis Podalydès après "Dieu Seul me Voit" (1997) de Bruno Podalydès et "Laissez-Passer" (2001) de Bertrand Tavernier. Précisons que Denis Podalydès et Judith Chemla étaient déjà à la distribution de la pièce en 2009... Le film débute tel au théâtre, présentation des protagonistes et mise en place de la scène jusqu'à cette disparition qui n'est mystérieuse que pour le mari, peut-être cocu et assurément trop tyran possessif. Outre la fantaisie ambiante du fond comme de la forme on est saisi et séduit par la première chanson qui annonce et impose aussitôt le film comme un vaudeville musical.
Le récit s'emballe alors alternant séquence musicale et scènes où les personnages tentent de cacher la vérité au mari qui lui tente de comprendre et surtout de patienter, son épouse reviendra bien un jour ! Les parties chantées et musicales sont assez magiques, des chansons merveilleusement écrites (en partie par Noémie Lvovksy elle-même) et la musique idéalement intégrée au récit et surtout cohérente avec la chanson phare du film "Monde Nouveau" (2021) du groupe Feu! Chatterton qui clôt idéalement l'histoire. La pièce est ainsi remise au goût du jour, jusqu'à cette fin certe fidèle à la pièce originelle mais dont le sens est détourné ; en effet si en 1948 il était plutôt logique que l'adultère ne puisse être accepté ou acceptable, aujourd'hui on choisit une réplique façon marteau pour un message plus opportuniste et féministe. Le vrai seul défaut (s'il en est un) serait le rythme dans sa seconde partie, moins fluide, plus aléatoire avec un sérieux qui se fait plus pesant, une magie moins pregnante. Mais l'histoire est originale, passionnante même, mêlant poésie, lyrisme, beaux sentiments, espérance, rêve et amour forcément dans un vaudeville fantaisiste et musicale qu ne manque ni de charme ni de grâce servi par des acteurs au diapason. Noémie Lvovsky nous ravit encore par son inventivité et sa joie de vivre qui transparaît toujours dans ses films. Un très beau et très agréable voyage. A conseiller.
Note :