37 : l'Ombre et la Proie (2024) de Arthur Môlard

par Selenie  -  18 Avril 2025, 09:33  -  #Critiques de films

À ne pas confondre avec "L'Ombre et la Proie" (1996) de Stephen Hopkins. Le film est le premier du label Parasomnia Productions, né de l'association entre Moana Films et Sony Pictures France et qui a pour vocation d'encourager et promouvoir le cinéma de genre en France à petit budget. Un appel à projet a donc été lancé en 2021 pour un budget maximum de 1 million de dollars. Ainsi, après ses courts-métrages "Jiminy" (2013) et "Scaramouche Scaramouche" (2018), Arthur Môlard qui préparait un film d'anticipation trop ambitieux a tenté sa chance en proposant un thriller qui lui a été inspiré par un fait divers, où en 2019 à Londres avait été trouvé 39 corps de migrants africains morts asphyxiés dans un camion frigorifique. Le réalisateur-scénariste co-écrit son scénario avec Claire Patronik connu pour son documentaire"Comme ils Respirent" (2014). Le cinéaste cite comme référence  "Le Voyage de la Peur" (1953) de Ida Lupino,  "Duel" (1973) de Steven Spielberg, "Le Convoi de la Peur" (1977) de William friedkin et "Hitcher" (1986) de Robert Harmon... 

Vincent, chauffeur-routier prend en stop une jeune femme qui prétend se nommer Trente-Sept. Au fil du voyage le comportement de la jeune femme éveille des doutes chez le routier mais le chauffeur a lui-même quelques secrets. Petit à petit s'engage alors entre le chauffeur et sa passagère un jeu aussi malsain que dangereux... Le chauffeur est joué par Guillaume Pottier apparu dans "Anton Tchékhov 1890" (2015) de René Féret, "Numéro Une" (2017) de Tonie Marshall ou "Les Survivants" (2023) de Guillaume Renusson, tandis que sa passagère est incarnée par Melodie Simina essentiellement aperçue dans des séries TV dont les récents "Perfekt Verpasst" (2024) et "Black Fruit" (2024). Citons ensuite Ary Gabison vu dans "Mascarade" (2021) de Nicolas Bedos, "Apaches" (2022) de Romain Quirot ou "Un Beau Matin" (2022) de Mia Hansen-Love, Agnès Sourdillon aperçue dans "Les Âmes Grises" (2005) de Yves Angelo, "La Jeune Fille et les Loups" (2008) de Gilles Legrand ou "Anti-Squat" (2023) de Nicolas Silhol, puis enfin Evelyn Ariza aperçue dans "Amal: un Esprit Libre" (2024) de Jawad Rhalib... Après avoir lu les films cités comme référence par le réalisateur-scénariste on a encore plus mal pour lui car il va falloir lui dire de revoir ses classiques d'un peu plus près. On perçoit le manque de moyen de façon trop flagrante, si ça appuie le côté ciné d'auteur le cinéaste se repose un peu sur cet état de fait et manque un peu de créativité. On pense à tous les lieux qui paraissent quoi qu'il arrive désert alors même que le parking routier est rempli, où qu'une réunion d'adieu en regroupe "que" 3 collègues dan sun bar aussi désert que les routes. A ce point il fallait imaginer un monde post-apocalyptique !

Mais le vrai soucis du film repose sur deux autres paramètres, le premier est qu'on devine aisément pourquoi cette femme s'incruste en stop et donc tue tout suspense sur les tenants et aboutissants de sa "mission", le second est que l'évolution du récit se moque carrément d'un minimum de vraisemblance... ATTENTION SPOILERS !... une black enceinte furax, des routiers, on devine aisément le drame et le pourquoi elle va se venger, mais on se demande aussi la logique de la grossesse et du timing entre le drame et la vengeance, on se demande aussi comment cette femme sait aussi bien manier le flingue que Lucky Luke (?!), et enfin le routier a la possibilité maintes et maintes fois de la maîtriser (poids quasi du simple au double, enceinte et donc fragile de surcroît) ou au moins de fuir... etc..FIN SPOILERS !... Bref rien ne va, rien n'est crédible et pourtant on aurait envie d'apprécier plus, surtout et avant tout pour le face à face entre deux acteurs investit et inspirés avec Guillaume Pottier en routier taciturne, Melodie Simina en jeune vengeuse déterminée, puis une mention spéciale à Agnès Sourdillon. Les scènes d'action restent très efficaces niveau choc émotionnel, mais elles restent peu nombreuses, et la dimension psychologique qui paraît pourtant essentielle restent trop convenue dans un scénario sans surprise malgré une fin surréaliste. Une déception tant les maladresses sont légion.

 

Note :                 

09/20
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