Finalement (2024) de Claude Lelouch
Après son 50ème film, depuis "L'Amour avec des Si" (1962) et donc jusqu'à "L'Amour c'est Mieux que la Vie" (2021), Claude Lelouch avait déclaré la fin de sa carrière mais comme on s'en doutait voilà que "Finalement" arrive pour confirmer que le cinéaste n'est pas près de s'arrêter déclarant même récemment qu'il ne fermait pas la porte à un 52ème film pour "remercier ceux qui m'ont fait confiance et dire au revoir aux grincheux !". Sans surprise, Lelouch nous prévient qu'il mélange les genres pour une traverser de la France du patrimoine comme il l'explique : "Pour Finalement, jeme suis d'abord rendu en Normandie... notamment dans la baie du Mont-Saint-Michel, mais aussi sur les plages du débarquement qui demeurent magiques à mes yeux. Elles personnifient les portes de la liberté. Je suis aussi allé en Bourgogne, le coeur du pays. Dans le midi, en Occitanie, les environs de Béziers, ainsi qu'à Avignon, l'âme de la culture. Sans oublier Le Mans, où a lieu la plus belle course automobile du monde. J'avais tellement envie d'y revenir. Sans oublier Paris, où je suis né et où je vis..." Comme toujours le réalisateur est aussi son scénariste, en collaboration pour l'adaptation et les dialogues avec sa conjointe Valérie Perrin, romancière primée entre autre pour "Les Oubliés du Dimanche" (2015), et collaboratrice du cinéaste depuis "Ces Amours-Là" (2010), Pierre Leroux également romancier notamment de "Le Rire des Femmes" (1996) qui retrouve le cinéaste après "Une pour Toutes" (2000), "And Now... Ladies and Gentlemen" (2002) et "L'Amour c'est Mieux que la Vie" (2021), puis Grégoire Lacroix, auteur et poète de l'académie Alphonse Allais à qui on doit par exemple "On ne meurt pas d'une overdose de rêves" (2013) ou "Jeune depuis longtemps..." (2019) et qui écrit pour la première fois pour le cinéma. Si Claude Lelouch cite comme inspiration les films "La Grande Illusion" (1937) de Jean Renoir et "Sur la Route de Madison" (1995) de et avec Clint Eastwood on remarque vite que son inspiration reste lui-même... Dans un monde toujours plus fou, Lino, un avocat décide de tout plaquer et se lance dans un road-trip musical à travers tout le pays et se rend ainsi compte que tout ce qui arrive, ce n'est pas pour rien...
Le rôle principal est tenu par Kad Merad pour sa première incursion dans l'univers Lelouch à l'instar de son partenaire Lionel Abelanski qu'il retrouve après le dyptique "Mais qui a tué Pamela Rose ?" (2003-1012), "Les Vacances du Petit Nicolas" (2014) de Laurent Tirard et "Le Larbin" (2024) de Alexandre Charlot et Franck Magnier, Abelanski retrouve également après "Edmond" (2019) de Alexis Michalik l'actrice Clémentine Célarié qui fait partie des habitués du cinéaste après "Les Misérables" (1995) et "L'Amour c'est Mieux que la Vie" (2021), retrouvant ainsi après ce dernier film Elsa Zylbertsein qui était aussi dans "Un plus Une" (2015), "Chacun sa Vie" (2017) et "La Vertu des Impondérables" (2019), suivent donc Raphaël Mezrahi après "Chacun sa Vie" (2017) et "L'Amour c'est Mieux que la Vie" (2021), Sandrine Bonnaire qui était dans ce dernier et "Salaud on t'Aime" (2014) comme Victor Meutelet vu récemment dans "Heureux Gagnants" (2024) de Maxime Govare et Romain Choay et "Monsieur Aznavour" (2024) de Grand Corps Malade et Mehdi Idir, et citons encore Michel Boujenah qui retrouve Clémentine Célarié et Lelouch après "Les Misérables" (1995), et retrouve aussi après "Le Petit Blond de la Casbah" (2023) de Alexandre Arcady l'actrice Françoise Fabian qui retrouve son réalisateur après "La Bonne Année" (1973) et "Partir, Revenir" (1984), Marianne Denicourt pour son 5ème film avec Lelouch après "Une pour Toutes" (1999), "Chacun sa Vie" (2017), "Les Plus Belles Années d'une Vie" (2019) et "La Vertu des Impondérables" (2019), retrouvant donc Julie Ferrier qui était dans "Chacun sa Vie" (2017) et retrouvant aussi Elsa Zylberstein une troisième fois après "Big Bug" (2022) de Jean-Pierre Jeunet où jouait aussi Dominique Pinon autre fidèle de Lelouch après "Roman de Gare" (2007) et "Ces Amours-Là" (2010), à l'instar de Sylvie Loeillet qui jouait dans "And Now... Ladies and Gentlemen" (2001) et "Les Parisiens" (2004) mais surtout connue pour la série TV "Caméra Café" (2001-2003) et son adaptation ciné "Espace Détente" (2005) de et avec Bruno Solo et Yvan Le Bolloc'h. Citons ensuite d'autres nouveaux arrivés avec François Morel vu dernièrement dans "La fiancée du Poète" (2023) de et avec Yolande Moreau et "Première Affaire" (2024) de Victoria Musiedlak, Barbara Pravi vedette de la chanson apparue dans le téléfilm "Adieu Vinyle" (2023) de Josée Dayan et surtout arrivée deuxième à l'Eurovision 2021 avec sa chanson "Voilà" ce qui est un joli record, puis enfin n'oublions pas l'apparition de Ibrahim Maalouf, musicien et surtout compositeur du film, qui a travaillé avec Didier Barbelivien aux paroles pour les chansons, qui retrouve donc Lelouch après entre autre "Viva la Vie" (1984) et surtout "Itinéraire d'un Enfant Gâté" (1988)... Comme à son habitude Claude Lelouch mêle le meilleur et le pire, et donc comme d'habitude il nous ressasse ses thématiques avec les mêmes phrases toutes faîtes sur l'amour sous toutes ses formes dans un scénario complètement décousu et fouilli, comme à son habitude. Mais heureusement, comme à son habitude le cinéaste n'a pas son pareil pour nous happer par son amour du cinéma, son amour de cinéma qui transparaît à chaque instant dans ce film, que ce soit par le sens des images, par cette façon de nous émouvoir même si on ne veut pas se laisser faire par les grosses cordes. Mais ce qui compte n'est-ce pas l'émotion ?
Le réalisateur est aussi malin, il nous joue la carte de la nostalgie, et pas qu'un peu et se servant de sa filmographie dont surtout "L'Aventure c'est l'Aventure" (1972) et "La Bonne Année" (1973) de façon très directe et concrète, mais aussi un peu de "Itinéraire d'un Enfant Gâté" (1988) dans l'esprit. Ainsi par ses nouveaux personnages Lelouch crée un lien tangible avec certains de ses plus fameux films, et fait un hommage appuyé à Lino Ventura entre autre, dans une moindre mesure à ses acteurs fétiches, et surtout donne l'impression de clore ainsi la boucle. Finalement ça serait bel et bien son dernier film, peut-être (?!)... ATTENTION SPOILERS !... Il use et abuse parfois des clins d'oeil trop évidents comme la chanson "l'aventure c'est toujours l'aventure", la partie 39-45-68 superflue et trop imposante et/ou trop présente pour finalement être assez anecdotique vis à vis de l'histoire du héros, quelques erreurs narratives comme le fait que le meilleur ami reconnaît le son de la trompette alors que l'avocat l'a acheté lors de son périple comme en témoigne le chèque bancaire... FIN SPOILERS !... Ainsi les défauts du cinéma de Lelouch sont légions mais de façon moins automatique et gratuite que dans ces derniers films au point qu'il s'agit sans doute de son meilleur film depuis "Roman de Gare" (2007). Plusieurs moments sont d'une grâce infinie, un casting idéal même si les protagonistes n'ont pas tous la chance d'avoir un traitement égal ou adéquate, mais des rencontres souvent savoureuses, puis notons une Barbara Pravi incandescente de talent, un Kad Merad investi et inspiré avec aussi une jolie partition référence à "Sur la Route de Madison" (1995) de et avec Clint Eastwood. Ainsi, finalement, Lelouch a peut-être encore à offrir de beaux moments cinéma...
Note :