L'Amour c'est Mieux que la Vie (2022) de Claude Lelouch
45ème long de fiction en solo pour Claude Lelouch (depuis son court "USA en Vrac" en 1957, donc sans compter les courts ni les documentaires), et surtout il a été annoncé qu'il serait également le dernier film du réalisateur ! Pour cet (éventuel !) ultime film le réalisateur y met deux ingrédients récurrents dans sa filmographie, une histoire d'amour et une bande d'amis. Lelouch précise : " Une histoire d'amour peut consoler de tout. Les moments les plus heureux de la vie y sont liés, un peu comme dans la chanson de Jean Gabin quand il dit : "Le jour où quelqu'un vous aime, il fait très beau". Les plus belles choses me sont arrivés quand je suis tombé amoureux, d'un film, d'une femme, d'un paysage... Bref, quand le mot amour est conjugué. J'ai raconté plein d'histoires d'amour dans mes films et je pensais que le moment était venu de les affirmer : c'est peut-être quand on radote qu'on est le plus sincère... car on est de plus en plus convaincu ce ce que l'on dit." Citons tout de même quelques uns de ses plus grands films avec "Une Fille et des Fusils" (1964), "Un Homme et une Femme" (1966), "Un Homme qui me Plaît" (1969), "L'Aventure c'est l'Aventure" (1972), "Les Uns et les Autres" (1981), "Itinéraire d'un Enfant Gâté" (1988) ou "Roman de Gare" (2007). Précisons que Lelouch réalise et signé le scénario comme toujours, et en solo comme souvent... Amis depuis 20 ans, depuis leur sortie de prison, Gérard, Ary et Philippe se sont depuis posé la seule question qui vaille : et si l'honnêteté était la meilleure des combines ? Mais aujourd'hui, Ary et Philippe savent que leur pote Gérard souffre d'une maladie incurable. Le sachant condamné les deux amis décident de lui offrir une dernière et belle histoire d'amour, car Gérard a toujours répété que l'amour c'était mieux que la vie. Ils rencontrent alors Sandrine...
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La grande partie du casting est composé de grands fidèles de Lelouch, surtout et essentiellement sur ces derniers films. Ainsi les trois amis sont incarnés par Gérard Darmon fidèle pour son 6ème film lelouchien depuis "À Nous Deux" (1979), et qui retrouve après "Chacun sa Vie" (2017) Philippe Lelouche qui retrouve de son côté Ary Arbittan après "La Vertu des Impondérables" (2019). La séduisante Sandrine est interprétée par Sandrine Bonnaire qui retrouve Lelouch après "Salaud, On t'Aime" (2014) qui retrouve l'un des plus prolifiques chez Lelouch, à savoir Antoine Duléry qui a donc croisé et donné la réplique à tous les autres fidèles avec 8 films depuis "Tout ça... Pour ça !" (1993). Lelouch retrouvent donc aussi Elsa Zylbertsein vue dans "Un + Une" (2015), "Chacun sa Vie" et "La Vertu des Impondérables", de ces deux derniers citons également Béatrice Dalle qui retrouve aussi Darmon après "La Belle Histoire" (1993), de ses deux derniers films de 2017 et 2019 il y a aussi Philippe Lellouche qui retrouve donc la plupart de ses partenaires comme Marianne Denicourt qui était déjà dans "Une pour Toutes" (1999) et "Les Plus Belles Années d'une Vie" (2019), puis aussi Xavier Inbona qui était sur "La Vertu des Impondérables", Puis il y a Clémentine Célarié qui retrouve son ami Antoine Duléry après "Edmond" (2019) de Alexis Michalik et surtout après "Les Misérables" (1995) de Lelouch dans lequel jouait Robert Hossein qui retrouvait le réalisateur après "La Vie, l'Amour, la Mort" (1969), "Les Uns et les Autres" (1981) et "Un Homme et une Femme : Vingt ans Déjà" (1986). Pour terminer citons Raphaël Mezrahi qui était dans "Chacun sa Vie", puis deux nouveaux venus dans l'univers Lelouchien avec Olivier Rabourdin vu récemment dans "Benedetta" (2021) de Paul Verhoeven et "Boîte Noire" (2021) de Yann Gozlan, et l'idole des "djeuns" dont on peut citer le meilleur (?!) soit un petit rôle dans "Un Sac de Billes" (2017) de Christian Duguay et son propre rôle dans "Rock'n Roll" (2017) de et avec Guillaume Canet... Le tournage a été influencé par le Covid, mais Lelouch explique justement : "J'ai passé ma vie à m'adapte, aux événements, aux gens, aux acteurs, à la météo... Le film s'ouvre par un tour du monde pour aboutir à un huis clos à Montmartre ! Ce n'était pas prévu. À l'origine, nous devions partir en croisière sur un bateau pendant plusieurs jours : Nous sommes tous prêts et nos papiers validés. Nous faisons les derniers tests... et la veille du départ, notre maquilleuse est atteinte de la Covid. Nous devenons tous cas contacts. Mon dircteur de production me dit qu'il faut annuler et le bateau part sans nous. Si la pandémie s'est raccrochée au film, il faut l'intégrer à l'histoire. Nous réécrivons tout en 24 heures, dans la nuit." Ironie du sort, Lelouch en profite pour un clin d'oeil personnel avec la scène d'ouverture qui se déroule dans un commissariat qui avait été prévu pour son projet avorté "Oui et Non" suite au vol du scénario en janvier 2018, un vol qui avait d'abord inspiré le film "La Vertu des Impondérables" : "Une façon de remercier ceux qui avaient dit non et qui m'ont permis de trouver ceux qui m'ont dit oui. Le film était construit là-dessus. Quand Jeanne Moreau me dit non pour Vivre pour Vivre, je pense à Annie Girardot qui me dit oui avant même que je lui dise quoi que ce soit. Je ne fais jamais la gueule quand on me dit non car je sais que le diable me permet alors de trouver le oui. En plus, "oui" et "non" sont les deux mots peut-être les plus utilisés dans la vie."
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Le film débute pas un très et trop prologue composé de palabres pseudo-philosophiques entre deux flics et dieu où Lelouch insiste très et trop lourdement sur les flics qui ne font que tabasser (?!). Si dieu est assez subtilement incarné par un acteur (Inbona) et une actrice (Zylbertsein) judicieusement choisi on en dira pas autant de son alter ego, le diable (Dalle) qui en fait des tonnes en déesse badass. Ensuite on entre dans la seule vraie partie intéressante, à savoir l'idylle entre l'ami condamné (Darmon) et une escort girl prise à son propre piège (Bonnaire). L'actrice en séductrice est à la fois une bonne et une mauvais idée, d'abord elle est touchante et quasi en contre-emploi mais dans le même temps comment croire à une escort, donc une pro, qui soit si timorée et/ou hésitante ?! Néanmoins, le couple qu'elle forme avec Darmon ne manque pas de charme et c'e sont bien les seuls du film qui sauvent l'honneur. On notera une magnifique scène de rencontre sur la péniche, merveilleusement écrite et filmée, du pur Lelouch haute qualité. Malheureusement, Lelouch est comme toujours capable du pire comme du meilleur dans le même film. Outre le diable cité plus haut, on ne croit pas une seconde à un Kev Adams champion de boxe (là on se marre tant c'est pas crédible), et il y a tout de même un malaise concernant Ary Arbittan, acteur actuellement accusé d'agression sexuelle, et qui joue un personnage dans le ville très coureur de jupon. Ce n'est pas la faute de Lelouch, mais cela joue malgré tout sur une impression peu agréable. Mais le pire est l'abus des images d'archives (scènes tirées d'anciens films qui permet un long caméo hommage d'un de nos plus grand monstre sacré) ainsi que de nombreux passages musicaux, non pas que ce soit désagréables mais ils composent une part importante sur la durée et on se dit que finalement Lelouch n'a pas grand chose à dire ni à raconter. En effet, retirer ces "flash-backs" et ces parties façon comédie musicale et un moyen métrage aurait suffit ! Pour son 50ème film le producteur-réalisateur-scénariste signe un ultime film d'amour, par amour et pour l'amour, c'est louable, c'est même parfois assez magique mais ça manque cruellement de consistance et de densité, on frôle l'ennui. Dommage... Note indulgente !
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