L'Aventure c'est l'Aventure (1972) de Claude Lelouch
Connu et reconnu grâce au film "Un Homme et une Femme" (1966), suivi entre autre de "La Vie, l'Amour, la Mort" (1968) ou "Un Homme qui me Plaît" (1969) Claude Lelouch aurait eu l'idée après avoir passé un dîner chez son ami le réalisateur Pierre Kast (qui fait une apparition dans le film) et où étaient aussi conviés des membres des Cahiers du Cinéma. En fin de soirée, Kast aurait demandé à Lelouch s'il avait passé un bon moment, et Lelouch aurait répondu n'avoir rien compris à ce qui se disait. Le lendemain Lelouch remercie son ami car désormais il a l'idée "de faire un film sur la confusion, pour montrer à quel point les intellos mélangent tout, qu'ils sont séduits par n'importe quel discours si l'orateur a du charisme", et pour servir son histoire il prévient qu'il veut "faire intervenir des voyous qui n'ont rien à cirer de rien, mais qui se servent de la politique pour faire de l'argent." Pour écrire son scénario le réalisateur-scénariste collabore comme à son habitude avec Pierre Uytterhoeven, fidèle collaborateur depuis "L'Amour avec des Si" (1963). Le film connaît à sa sortie un accueil calamiteux ce qui ne l'empêche pas de connaître auprès u public un joli succès engrangeant plus de 3,8 millions d'entrées France ce qui en fait le second plus gros succès du cinéaste, encore aujourd'hui, après "Un Homme et une Femme"... Après l'effervescence de 1968, le monde a évolué de façon que cinq truands se voient contraint de revoir leurs méthodes et leurs objectifs. Ils constatent en effet que les banques ne sont plus d'un rapport assez lucratif, et que la politique amène de nouveau enjeux. La bande décident alors de se recycler et notamment de délaisser le simple braquage pour des kidnappings de personnalités...
Les trublions sont incarnés par Jacques Brel, star avant tout de la chanson qui fait désormais l'acteur notamment avec "Mon Oncle Benjamin" (1969) de Edouard Molinaro mais qui passe aussi à la réalisation avec "Franz" (1971) et avec un autre rôle dans "L'Emmerdeur" (1973) de Molinaro et sa seconde réalisation "Le Far-West" (1973) il retrouvera son partenaire Lino Ventura qui retrouvera Lelouch dans "La Bonne Idée" (1973) puis retrouve après "Ascenseur pour l'Echafaud" (1957) de Louis Malle son partenaire Charles Denner vu dans "Le Voyou" (1970) et "Toute une Vie" (1974) tous deux de Lelouch puis dans "Peur sur la Ville" (1976) de Henri Verneuil son acolyte Charles Gérard fidèle dans grand nombre de films de Lelouch, et vu plus tard également dans "L'Animal" (1977) de Claude Zidi retrouvant le 5ème luron, l'italien Aldo Maccione qui était aussi dans "L'Amour avec des Si" (1964) de Lelouch et danx "le Voyou" (1970), mai sera surtout populaire plus tard dans des comédies potaches dont le titre le plus évocateur reste sans doute "Plus Beau que Moi, tu Meurs" (1982) de Philippe Clair. Citons ensuite Nicole Courcel vue entre autre dans "La Marie du Port" (1950) de Marcel Carné, "Les Dimanches de Ville-d'Avray" (1962) de Serge Bourguignon ou "La Nuit des Généraux" (1967) de Anatole Litvak, Yves Robert surtout connu comme réalisateur par exemple de "Ni Vu, Ni Connu" (1958), "La Guerre des Boutons" (1961) ou "Le Grand Blond avec une Chaussure Noire" (1972) retrouvant donc un de ses acteurs Xavier Gélin vu cette même année dans "Ras le Bol" (1972) de Michel Huisman dans lequel joue aussi André Falcon vu dans "L'Aveu" (1970) et "Etat de Siège" (1972) tous deux de Costa-Gravas, Elie Chouraqui dans son premier film avant de devenir assistant de Lelouch et lui-même réalisateur avec "Mon Premier Amour" (1978), "Man on Fire" (1987), "Les Marmottes" (1993) ou "Harrison's Flower" (2000), Henri Czarniak apparu dans "Les Grandes Gueules" (1965) et "Boulevard du Rhum" (1970) tous deux de Robert Enrico retrouvant après ce dernier Lino Ventura ainsi que Maddly Bamy aperçue dans "La Piscine" (1969) de Jacques Deray, et qui après avoir été maîtresse de Alain Delon épousera Jacques Brel à l'issue du tournage, Alexnadre Mnouchkine vu dans "L'Aigle à Deux Têtes" (1948) de Jean Cocteau, "Fanfan la Tulipe" (1952) de Christian-Jaque ou "L'Homme de Rio" (1964) de Philippe De Broca, Catherine Allégret qui retrouve Charles Denner après "Compartiments Tueurs" (1965) de Costa-Gravas, puis enfin n'oublions pas deux personnalités dans leur propre rôle, Johnny Hallyday et Michel Drucker... Le film est en constant flash-backs, où comment lors de leur procès le procureur énumère de façon très scolaire le passé et le passif des cinq énergumènes qui vaut à chaque énoncé une plongée dans les souvenirs lointains de leurs méfaits. Au départ on apprécie les rencontres savoureuses des cinq avant qu'ils ne se réunissent avec une mention très à l'italienne de celle entre Ventura et Maccione. L'idée des gangsters à l'ancienne qui décident de prendre des cours d'actualité pour se recycler et donc continuer dans la délinquance te le crime est une idée merveilleuse, pertinente et judicieuse. Mais après ces cours express en trois jours la suite sera mi-figue mi-raisin.
Il y a des idées à foison mais tant qu'il y a à boire et à manger, entre celles qui sont presque visionnaires et les plus farfelues il y a aussi des soucis plus techniques. Ainsi la partie des péripatéticiennes qui manifestent est assez réussie, les coups au double-jeu des cinq ou la scène mythique de la plage sont parmi les plus drôles ou les plus intéressantes. Mais dans l'ensemble le film pêche par deux gros défauts, d'abord des dialogues souvent ineptes ou sans en tous cas trop passe-partout pour avoir un intérêt particulier, mais surtout le film est découpé à la serpe et donne un récit saccadé au point qu'en fait le film se retrouve chapitré à la façon d'un film à sketchs ou à segments. Ce n'est pas fluide, impossible à acter dans le temps et sans réelle évolution pour les personnages exception faite du procès. Le réalisateur veut mettre de l'à propos dans sa comédie qu'il croit très drôle, mais vu son inspiration de départ on sourit quand on sait qu'il est sans doute le cinéaste le plus imbu de sa personne du cinéma français. Légèrement boursouflé le film est souvent tiré en longueur, mais on passe un relatif bon moment d'abord grâce à la brochettes d'acteurs dont cinq lascars au diapason, quelques scènes marquantes voire même cultes font que ce film reste à voir et qu'il reste un des meilleurs du cinéaste même si on est pas forcément fan.
Note :