Chacun pour Soi (1971) de Giorgio Capitani
Voilà un western spaghetti singulier, non pas sur l'histoire ou le résultat à l'image mais alors que le genre est souvent affaire de spécialiste à la réalisation comme Sergio Corbucci, Enzo G. Castellari ou Sergio Leone ce film est signé de Giorgio Capitani, spécliaiste lui de comédies à l'italienne et autre comédies policières essentiellement du remake "Orage" (1954) à "Qui c'est ce Mec ?" (1981) en passant par "Ah ! Quelle Nuit, les Amis !" (1966) ou "La Pépée du Gangster" (1974), et qui signe avec son unique western spaghetti sans aucun doute son film le plus sérieux et, paradoxalement, peut-être même son meilleur film ! Ceci s'explique aussi par l'équipe derrière, d'abord avec les producteurs qui venaient sortir "Un Pistolet pour Ringo" (1966) et sa suite "Le Retour de Ringo" (1966) tous deux de Duccio Tessari, puis ensuite avec au scénario Augusto Caminito qui vient d'écrire pour "Trois Salopards, une Poignée d'Or" (1967) de Maurizio Lucidi et "Poker au Colt" (1967) de Giuseppe Vari avec surtout son compère Fernando Di Leo un des meilleurs scénaristes du genre avec à son actif notamment sa collaboration avec Sergio Leone sur "Pour une Poignée de Dollars" (1964) et "Et pour Quelques Dollars de Plus" (1965) avant ensuite de passer lui-même derrière la caméra où il signera une trilogie culte du genre poliziottesco connue sous l'intitulé "The Italian Connection" avec les film "Milan Calibre 9" (1972), "Passeport pour Deux Tueurs" (1972) et "Le Boss" (1973)... Après de nombreuses années de dur labeur, Sam Cooper a enfin trouvé une mine d'or mais, ne pouvant tout extraire seul, il fait appel à son fils adoptif Manolo Sanchez pour l'aider à exploiter la mine. Mais ça fait longtemps que ce dernier est parti, et derrière lui il ramène un homme lugubre comme une ombre. Méfiant, Sam fait donc appel à un quatrième homme, un vieil ami envers qui pourtant il a une dette...
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Le vieux chercheur d'or est incarné par l'américain Van Heflin vu dans des westerns très hollywoodiens comme "L'Homme des Vallées Perdus" (1953) de George Stevens, "3h10 pour Yuma" (1957) de Delmer Daves ou "Ceux de Cordura" (1959) de Robert Rossen et vire ainsi vers le Spaghetti à l'instar de son compatriote Gilbert Roland, qui après quelques classiques comme "La Capitaine Kidd" (1945) de Rowland V. Lee ou "Les Ensorcelés" (1952) de Vincente Minnelli et a devancé son partenaire en tournant auparavant dans "Je vais, je tire et je Reviens" (1967) et "Django porte sa Croix" (1968) tous deux de Enzo G. Castellari, il retrouve ainsi après "Je vais..." le fils adoptif joué par George Hilton vu dans le genre "Le Temps du Massacre" (1966) de Lucio Fulci ou "Poker au Colt" (1967) de Giuseppe Vari et retrouve après "Trois Salopards, une Poignée d'Or" (1967) de Maurizio Lucidi l'actrice Sarah Ross vue juste avant dans "Comment j'ai appris à Aimer les Femmes" (1966) de Luciano Salce, l'acteur retrouvera plus tard dans "Django arrive, Préparez vos Cercueils" (1972) de Giuliano Carnimeo l'acteur Federico Moido acteur abonné du Spaghetti notamment avec "Roy Colt et Winchester Jack" (1970) de Mario Bava et "Django défie Sartana" (1972) de Pasquale Squitieri dans lesquels il retrouvera Teodoro Corra vu aussi dans "Cinq Gâchettes d'Or" (1968) de Tonino Cervi ou "La Mort sonne Toujours Deux Fois" (1969) de Harald Philipp, ils retrouvent tous plusieurs acteurs fidèles du genre dont aussi Rick Boyd, Sergio Doria, Giovanni Ivan Scratuglia, ou Giorgio Gruden dont on peut citer "Le Massacre et le Sang" (1967) de Franco Rossetti ou "Sentence de Mort" (1968) de Mario Lanfranchi, Hardy Reichelt vu dans "Le Temps des Vautours" (1967) de Romolo Guerrieri ou dans le film de guerre "Les Chiens Verts du Désert" (1967) de Umberto Lenzi, puis enfin et surtout n'oublions pas le génial Klaus Kinski également omniprésent dans le Spaghetti avec "Et pour Quelques Dollars de Plus" (1965), "El Chuncho" (1966) de Damiano Damniani ou "Le Grand Silence" (1968) de Sergio Corbucci avant de devenir réellement une star à partir du chef d'oeuvre "Aguirre la Colère de Dieu" (1972) de Werner Herzog... Le début repose sur les déboires d'un chercheur d'or, face aux affres de la nature, la soif de l'or et la solitude avant de se retrouver en association plus ou moins suspicieuse avec trois hommes, ce qui amène à avoir une pensée pour le chef d'oeuvre "Le Trésor de la Sierra Madre" (1948) de John Huston à la différence près que Huston est plus dans la dimension psychologique du drame et vis à vis de la soif de l'or, alors que le Spaghetti reste plus dans les codes inhérents au genre.
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Le vieux Sam est merveilleusement incarné par Van Heflin avec son visage buriné et bourru, on sent le le poids du labeur et cet optimisme où il se dit que, ça y est, il a réussi et va enfin recevoir la fortune à laquelle ila droit. Sa joie est palpable quand il revoit son fils Sanchez/Hilton dont on perçoit pourtant toute l'ambiguité, et qui va jouer sur cette nuance tout le long du film malgré qu'il soit aussi pleutre qu'instable psychologiquement parlant. L'ami Gilbert Roland est sans doute celui qui est le plus droit dans ses bottes, le moins fourbe face aux autres et surtout face au lugubre Klaus Kinski, sorte d'ange de la mort, ombre damnée qui attend son heure. Le quator est merveilleusement écrit, un groupe hétérogène dans un bel équilibre narratif. Les paysages (très bonne partie du périple vers la mine), la musique, l'atmosphère, l'ensemble crée un écrin qui entre en tension dès la réunion des quatre et qui ne quittera plus leur aventure qu'on sait forcément funeste. Par contre les femmes auraient pu être moins sous-exploitée. Giorgio Capitani signe un western spaghetti tout à fait réussi, efficace et qui évite les écueils habituels du genre (un "sans nom" justicier qui se fera torturer avant d'avoir sa revanche, un grand méchant et sa bande, un désert, un duel...) et qui lui permet effectivement de signer son meilleur film. Une bonne surprise.
Note :