The Strangers (2016) de Na Hong-Jin
Na Hong-Jin, une des dernières révélations marquantes du cinéma coréen, auquel on doit les excellents thrillers "The Chaser" (2009) et "The Murderer" (2011) change de genre et se lance cette fois dans le genre horrifique (et à ne pas confondre avec "The Strangers" en 2008 de Bryan Bertino !). S'il annonce des références telles que "Seven" (1996) de David Fincher ou "Rosemary's baby" (1968) de Roman Polanski, le réalisateur ne perd en rien son style si affûté et on noterait plus des inspirations bien coréennes dans la lignée de "Memories of Murder" et "Blood Island" (2011) de Chang Cheol-Soo. Na Hong-Jin signe là une troisième très belle réussite qui pêche néanmoins sur trois critères. Comme à son habitude l'histoire débute sur un crime horrible auquel personne ne comprend grand chose, un policier looser et froussard va prendre du poil de la bête lorsque sa fille semble visée par le "Mal". Pluie omniprésente, atmosphère poisseuse et anxiogène, moment intime souvent parasité par une scène choc sans jamais tomber dans l'écueil du film d'horreur classique.
Le réalisateur signe pourtant bien un fim d'horreur mais mis en scène comme un thriller sombre. Le tout est de savoir qui est l'assassin. Ce dernier point est à la fois le point fort (suspense) et le point faible (meurtrier humain ou non), car en effet le double suspense s'évente vite pour l'un des deux paramètres. Ensuite, lors de la "perquisition" il est complètement incompréhensible et incohérent que les policiers ne prennent aucune mesure (arrestation et/ou rapport ?!). Enfin, à force de vouloir brouiller les pistes, le scénario devient fouilli et la compréhension difficile. Outre le policier, (joué par Kwak Do-Won vu dans "Le bon la brute et le cinglé" en 2008 de Kim Jee-Woon et dans "The Murderer" sus-cité) le plus intéressant est la triangulaire entre le chaman (joué par Hwang Jeon-Min inconnu en France), le japonais (Jun Kunimura connu comme boss Tanaka dans "Kill Bill" en 2003 de Quentin Tarantino et dans "Tel père tel fils" en 2013 de Hirokazy Kore-Eda) et la femme mystérieuse Chun Woo-hee (vu dans "Mother" en 2009 de Bonh Joon-ho). Récit alambiqué avec rebondissements successifs dans la dernière partie qui rend peu aisée la compréhension de l'ensemble mais diablement palpitant et prenant avec quelques bons moments horrifiques (d'où une interdiction aux moins de 18 ans aux Etats-Unis). D'ailleurs très bon point pour les effets spéciaux/maquillages, rarement on aura eu des scènes sanglantes aussi réalistes. Magnifiques images qui accentuent évidemment l'effet terrifiant qu'on doit au directeur Photo Alex Hong Kyung-Pyo (déjà à l'oeuvre sur "Snowpiercer" en 2013 de Bong Joon-Ho et "Sea Fog" en 2015 de Sung Bo Shim). Encore un coup de maitre de Na Nong-Jin qui confirme un talent certain et un goût prononcé pour les intrigues aussi denses qu'effrayantes.
Note :