Destroyer (2019) de Karyn Kusama
Le nouveau film d'une réalisatrice rare, Karyn Kusama, qui travaille depuis des années surtout pour le petit écran après avoir été remarqué pourtant dès son premier film avec "Girlfight" (2000) qui a révélé Michelle Rodriguez future star de la saga "Fast and Furious" (2001-2017). Malheureusement il vaut mieux oublier ses films suivants "Aeon Flux" (2006) et "Jennifer's Body" (2009), son dernier long métrage "The Invitation" (2016) est un film d'horreur passé inaperçu. Ce nouveau film semble signer un retour sous les meilleures hospices, d'abord de par son sujet avec une femme flic au bord de la rupture et ensuite avec en tête d'affiche la star Nidole Kidman.
Sur le premier point il est clair que le genre femme flic badass et dépressive, dans le fond du gouffre et sous le poids d'un secret est plutôt rare à l'inverse d'une ribambelle de flics mâles ; à y regarder de plus près on n'en trouve pas, les héroïnes de "In the Cut" (2003) de Jane Campion ou "Peppermint" (2018) de Pierre Morel ne sont pas des policières. Sur le second point, la star Nicole Kidman est talentueuse et ose les virages à 90° en témoignent l'éclectisme de ses derniers films "Les Proies" (2017) de Sofia Coppola, "Mise à Mort du Cerf Sacré" (2017) de Yorgos Lanthimos, "How to Talk to Girls at Parties" (2017) de John Cameron Mitchell et "Aquaman" (2018) de James Wan, sans compter qu'elle ose aussi se métamorphoser comme dans "The Hours" (2003) de Stephen Daldry ou même "Paperboy" (2012) de Lee Daniels... Cette histoire d'une flic dont le passé la rattrape est due au duo de scénariste Phil Hay-Matt Manfredi auxquels on doit "Le Choc des Titans" (2010) de Louis Leterrier et "R.I.P.D. Brigade Fantôme" (2013) de Robert Schwentke mais aussi "Aen Flux" et "The Invitation", d'où leur proposition d'offrir les commandes à la réalisatrice Karyn Kasuma. Outre Nicole Kidman on notera les présence de Toby Kebbel plutôt abonné aux blockbusters de "Prince of Persia" (2010) de Mike Newell à "Kong : Skull Island" (2017) en passant par "Warcraft" (2016) de Duncan Jones, on reconnaîtra Sebastian Stan connu en tant que Soldat de l'Hiver dans la saga "Avengers" (2011-2019), puis enfin la plus méconnue mais jolie Tatiana Maslany surtout remarqué dans la série TV "Orphan Black" (2013-2017)... Les scénaristes avait en tête les polars sombres de seventies comme "French Connection" (1971) de William Firedkin et "Serpico" (1973) de Sidney Lumet, mais la réalisatrice avance plutôt des références comme "Le Privé" (1968) de Robert Altman et "Point Break" (1991) de Kathryn Bigelow... Le premier choc vient de l'héroïne elle-même, incarnée par une Nicole Kidman enlaidie, vieillie avec les traits creusés et les cheveux gris. Une flic fatiguée et blasée, hantée par une ancienne affaire qui ressurgit du passé et qui va la forcer à faire face à ses démons. Disons-le de suite, Karyn Kusama signe enfin un vrai très bon film, le tout en se réappropriant le genre du film noir de par ses codes d'abord, par le biais d'une femme flic ensuite. C'est à la fois la force du film et sa faiblesse...
Pour le codes du genre, on a donc droit au flic marginal alcoolo qui doit clore une enquête qui est directement liée à son passé avec en prime l'ado incomprise qui déteste sa mère flic et les trajets incessants à travers la ville. Pour la femme flic, on ne peut qu'apprécier tant elles sont rares dans ce genre de rôles, pourtant il est dommage d'en faire un alter ego aussi copié-collé plutôt que d'assumer une certaine féminité et/ou d'éviter la morale récurrente de la rédemption. Heureusement, le scénario est judicieux, bien aidé par un montage qui ne l'est pas moins. Une enquête bien glauque, des flash-backs bien gérés qui posent le véritable problème au fur et à mesure qu'on arrive au dénouement. Le seul vrai bémol réside dans l'invraisemblance vis à vis du rapport entre Erin Bell/Nicole Kidman et ses collègues où comment comprendre qu'elle soit si libre et les collègues si absents ?! Par contre on apprécie Nicole Kidman qui assume son rôle d'action woman, mais sans être véritablement badass, son personnage est clairement de la catégorie looser et véritablement paumée ce que le film (bravo !) assume pleinement. Karyn Kusama signe donc un polar de belle facture, efficace dans la forme et malin sur le fond.
Note :
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