Gentlemen Cambrioleurs (2019) de James Marsh
Chose aussi surprenante qu'amusante, c'est un certain Daniel Day Lewis qui serait à l'origine du projet ! En effet, Tim Bevan, producteur notamment de "Baby Driver" (2017) de Edgar Wright et "Mary Stuart, Rein d'Ecosse" (2019) de Josie Rourke, explique : "Daniel Day Lewis m'a appelé et m'a dit "Tu as entendu parler de cette histoire ? Ca ferait un super film." Et j'ai dit "Tu veux jouer dedans ?" Et il m'a répondu "Non, mais ça ferait quand même un super film !" Et très vite je me suis dit "Il a raison. Il faut faire quelque chose."... Effectivement l'affaire Hatton Garden a défrayé la chronique en 2015, à savoir le braquage des coffres de la Hatton Garden Safe Deposit Limited à Londres qui est considéré par beaucoup comme le plus gros casse de l'histoire judiciaire britannique ; un juge conseiller de la Reine aurait répondu à cette réflexion par : "Je ne sais pas. Cependant il est clair que le cambriolage en question est tout à fait à part que ce soit par son ambition, la minutie avec lequel il a été planifié, le niveau de préparation et d'organisation de l'équipe qui l'a exécuté, ou la valeur des biens dérobés."... Le producteur a acheté les droits d'un reportage du journal The Guardian signé Duncan Cambell, ce dernier a apporté en plus ses relations et ses documents pour étoffer le scénario au plus près de la réalité des faits. Le scénario a été confié à Joe Penhall connu pour son travail sur "Délire d'Amour" (2004) de Roger Michell et "La Route" (2009) de John Hillcoat, il est également créateur de la série TV "Mindhunter" (2017). Ensuite seulement le producteur Tim Bevan a proposé le projet au réalisateur James Marsh auquel on doit "Shadow Dancer" (2013) et surtout le multiprimé "Une Merveilleuse Histoire du Temps" (2015)...
Le gang a la particularité d'être composé de vrais caïds dans leur domaine avec une carrière déjà bien rempli (tous ayant l'âge légal de la retraite !) dont le leader Brian Reader qui était déjà l'un des plus gros voleurs de diamants du monde. Ce dernier est incarné à l'écran par Michael Caine qui, avec un tel sujet, a dû se rappeler le film "Braquage à l'Ancienne" (2017) de Zach Braff. Il est entouré de vieux briscards avec Tom Courtenay surtout connu dans les années 60-70 avec "Docteur Jivago" (1965) de David Lean et "la Nuit des Généraux" (1967) de Anatole Litvak, Ray Winstone qu'on avait pas vu depuis "Gunman" (2015) de Pierre Morel, Jim Broadbent vu récemment dans "A l'Heure des souvenirs" (2018) de Ritesh Batra, Paul Whithouse vu dans l'excellent "La Mort de Staline" (2018) de Armando Iannucci et Michael Gambon en ce moment en salle avec le remarqué "Ma Vie avec John F. Donovan" (2019) de Xavier Dolan. Chez les dames on notera la présence de Francesca Annis, grande dame du théâtre surtout mais également vue au cinéma de "Cléôpatre" (1963) de J.L. Mankiewicz à "Revolver" (2005) de Guy Ritchie en passant par "Dune" (1984) de David Lynch... Evidemment on pense beaucoup à "Braquage à l'Ancienne", mais aussi beaucoup à "Ocean's Eleven" (2000) de Steven Soderbergh en version gérontologique mais avec une différence de taille, ces hommes séniors n'ont plus rien à prouver après des carrières dans le crime de haut vol et ce malgré un décalage avec la modernité d'aujourd'hui, ainsi qu'un traitement plus dramatique au vu des faits réels que le film relate. Le film débute comme une comédie policière avec des bras cassés qui survivent sur les restes d'un passé lointain, mais un rebondissement va virer le film vers un drame policier où l'âge semble avoir pesé sur certaines réactions menant la bande aux pires caricatures du truand.
C'est à la fois le point fort et le point faible du film. En effet, il semble que les membres de cette bande soient des amis de longues dates mais ils agissent comme les pires des salopards les uns avec les autres, est-ce dû à la sénilité ?! Enfin ils sont normalement les as des as du vol et pourtant le casse frôle l'amateurisme, sans compter l'enquête qui suit, idem est-ce la faute à l'âge avancé ?! Le film ne répond pas franchement et préfère jouer la carte d'un humour léger sur les affres du temps mais le soucis c'est que le cinéaste a bien du mal à choisir une direction, comédie policière ou polar à l'anglaise ?! Dans la même logique on se demande si tout est réellement vrai (le côté pied nickelé ?!) alors que la production insiste bien sur la fidélité aux faits. Néanmoins les acteurs sont bons (palme pour le duo Broadbent-Winstone), l'intrigue bien ficelée et sans temps morts à défaut d'être complètement convaincu, la faute également à une dernière scène qui confirme la sensation d'avoir été constamment le cul entre deux chaises. Un bon divertissement.
Note :