Why Don't You Just Die (2020) de Kirill Sokolov

par Selenie  -  17 Avril 2020, 10:56  -  #Critiques de films

Premier long métrage du réalisateur-scénariste-monteur russe Kirill Sokolov après plusieurs courts métrages depuis 2012. A priori un premier essai transformé puisque son film a été primé dans divers festivals dont au P.I.F.F. (Paris International Fantastic Film) ainsi que par les lecteurs du magazine Mad Movies, référence dans le genre. Un film et un réalisateur auxquels il faut donc s'attarder, surtrout que le cinéma russe hors de ses frontières est devenu bien rare. Pour son premier film le cinéaste s'attaque à ce qu'on pourrait considérer comme un sous-genre, à savoir le jeu de massacre sur fond d'humour noir. On pense ainsi à quelques bijoux du genre comme "Petits Meurtres entre Amis" (1995) de Danny Boyle, "Very Bad Things" (1999) de Peter Berg, "Mes Chers Voisins" (2002) et "Le Crime Farpait" (2005) tous deux de Alex de la Iglesia réalisateur espagnol maître de ce sous-genre...

Matvey se voit confier comme mission par sa petite amie de tuer son père qu'il l'aurait violée par le passé. Armé d'un couteau, Matvey se présente au domicile des parents, mais le père, officier de police n'est pas né de la dernière pluie. Alors que les deux hommes s'"expliquent", d'autres protagonistes arrivent et une grosse somme d'argent va envenimer les choses... Le jeune assez énamouré pour un meurtre est interprété par Aleksandr Kuznetsov vu dans le très bon "Leto" (2018) de Kirill Serebrennikov remarqué au Festival de Cannes 2018. Le père est joué par l'impressionnant Vitaliy Khaev, acteur russe peu connu hors de ses frontières dont on peut citer les films "Bless the Woman" (2003) de Stanilas Govorukhin, "Ragin" (2004) de Kirill Serebrennikov, "The Horde" (2012) de Andrey Proshkin et "Le Brise-Glace" (2016) de Nikolai Khomeriki. Deux autres protagonistes sont joués par Michael Gor acteur russe vu dans des films hollywoodiens comme "Le Pont des Espions" (2015) de Steven Spielberg, "Hitman & Bodyguard" (2017) de Patrick Hugues et "Hunter Killer" (2018) de Donovan Marsh, puis Aleksandr Domogarov vu dans "Wolfhound" (2007) de Nikolai Lebedev et "Tsar" (2009) de Pavel Lungin... Le film débute en entrant directement dans le vif du sujet, aussi bien dans l'action que dans l'intrigue, un uppercut direct qui va nous être expliqué petit à petit via une construction narrative chapitrée. Avec un scénario simple, tenant presque sur un timbre-poste Kirill Sokolov signe un film bourré d'idées et de trouvailles savoureuses.

Sur le fond il s'agit d'un huis clos (amateur de confinement !) où quelques individus font montre de tout ce qu'il y a de plus vil en l'humanité, ils sont tous égoïstes et/ou insensibles (physiquement comme moralement !) dont seule se distingue la mère de famille. Mais la vraie force de frappe du réalisateur reste sa mise en scène riche et inspirée, forcément influencée mais diaboliquement digérée et mis au service de l'histoire à chaque instant. On pense forcément à un Tarantino qui a dû adoré le film ! Le cinéaste use d'effets visuels constamment mais en usant de toute la palette disponible du travelling au ralenti en passant par les plongées/contre-plongées... etc... Une telle richesse dans la mise en scène permet d'exploiter à fond de cet appartement (une seule pièce pour quasi la totalité du film !) et de donner du rythme à cette histoire abracadabrantesque où le gore n'est qu'une conséquence de la violence sans limite des protagonistes ; on n'en revient au titre, personne ne veut mourir, tous survivent à des actes inouïs comme si le vice donnait un instinct de survie spécifique. C'est à un tel niveau d'invraisemblances que le film tombe dans le tragi-comique absurde et jouissif, un concentré idéal du (sous-) genre. Evidemment ce type de film est spécial et sans doute pas destiné au grand public, mais les amateurs du genre vont se régaler avec un film survitaminé, sans baisse de régime, semé de trouvailles visuelles à chaque minute et finalement d'une cohérence sans faille. A voir et à conseiller et, en prime, un cinéaste à suivre... 

 

Note :              

 

15/20

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