355 (2022) de Simon Kinberg
Un thriller d'action au féminin qui lorgne fortement sur les action movies virils et machos et dont le féminisme à la mode sue de tous bords. Donc pas si étonné d'apprendre que l'idée de ce film vient de la star Jessica Chastain, qu'on peut qualifier de activiste féministe hollywoodienne, qui a proposé de réaliser son projet à Simon Kinberg au moment où ils tournaient le film "X-Men : Dark Phoenix" (2019). Rappelons que Simon Kinberg a été producteur-scénariste de plusieurs "X-Men" précédents. Dans l'idée, il s'agirait de faire une sorte de "Mission Impossible", soit un "Ocean's Eleven" (2001) de Steven Soderbergh mais composé d'honnêtes espionnes (?!). Pour finaliser ce projet le producteur-réalisateur-scénariste co-signe le scénario avec Theresa Rebeck, qui travaille surtout à la télévision pour diverses séries TV, mais pour le cinéma citons tout de même "Catwoman" (2004) de Pitof. Le titre est tiré du code de l'agent 355, première espionne connue des Etats-Unis à l'époque de la Révolution d'Indépendance américaine... Une arme technologique capable de contrôler l'ensemble des réseaux informatiques a été volé par une organisation criminelle. Les meilleurs agents des services secrets du monde entier sont dépêchés sur cette mission. Mais très vite, il semble que le meilleur moyen est que pour une fois les espionnes se réunissent dans un effort commun. Ainsi l'américaine Mason Brown de la CIA parvient à convaincre la britannique Khadijah du MI6, l'allemande Marie Schmidt, la colombienne Graciela et la chinoise Lin Mi Sheng...
L'américaine est incarnée par la star et également productrice du film Jessica Chastain qui semble avoir pris goût à l'action depuis "X-Men : Dark Phoenix" et "Ava" (2020) de Tate Taylor. La britannique est interprétée par Lupita Nyong'o vue pour la dernière fois au cinéma dans "Star Wars IX : l'Ascension de Skywalker" (2019) de J.J. Abrams, l'allemande est interprétée par Diane Kruger (qui a remplacé au pied levé une certaine Marion Cotillard, française et ironie du sort femme de Guillaume Canet l'ex de Diane Kruger) pas vue depuis "The Operative" (2019) de Yuval Adler, la colombienne est jouée par la star espagnole Penelope Cruz vue récemment dans "Madres Paralelas" (2021) de Pedro Almodovar, et la chinoise est interprétée par Fan Bingbing vue dans "X-Men : Days of Future Past" (2014) de Bryan Singer après lequel elle retrouve donc Simon Kinberg,vue aussi dans "Le Portrait Interdit" (2016) de Charles de Meaux et "Les Sentinelles du Pacifique" (2018) de Xiao Feng. Du côté des mâles citons Sebastian Stan qui retrouve Jessica Chastain après "Seul sur Mars" (2015) de Ridley Scott, et plus anecdotique Lupita Nyong'o après "Black Panther" (2018) de Ryan Coogler, ensuite Edgar Ramirez qui retrouve Penelope Cruz après "Cartel" (2013) de Ridley Scott et "Cuban Network" (2019) de Olivier Assayas... Voici un film d'action qui annonce la couleur, à savoir les plus gros sabots possibles pour prouver (si tant est qu'il le faut encore ?!) et marteler que les femmes valent les hommes et que les actrices peuvent offrir un p***** d'action movie musclé et efficace. Malheureusement, tout va de travers et en premier lieu on oublie que les femmes, et actrices, ont aussi des armes différentes des hommes et qu'on aime aussi ces différences. On sent que Jessica Chastain est derrière ce projet, on sent la volonté très "féministe" d'être également un "sexe fort". Ainsi dans ce film on a 5 stars parmi les plus représentatives du moment (une black, une hispanique, une blonde, une chinoise et la rousse) afin de toucher le plus de monde possible. Mais on a aussi 5 stars qui sont montrés le moins sexy possible, le côté glamour est placé au minima tandis que les scènes d'action sont multipliées au maximum afin de montrer le plus possibles les 5 héroïnes dans les scènes les plus impressionnantes possibles.
Mais c'est oublier que les films d'action sont légion, que ça reste sans doute le genre le plus regardés au monde, et que donc rien dans ce film n'innove vraiment. D'abord il y a un écart de crédibilité entre les actrices, par exemple si Jessica Chastain est une magnifique actrice elle reste objectivement peu à l'aise dans plusieurs passages dans l'action pure (soucis déjà relevé dans son précédent film d'action "Ava" en 2020 de Tate Taylor) alors que Diane Kruger assure. La mise en scène est d'ailleurs symptomatique, pour compenser ou atténuer les limites de ses actrices le réalisateur use d'un montage trop découpé sur les séquences d'action, ce n'est jamais fluide et on na jamais de plans d'ensemble. Ensuite, on est dans une accumulation de clichés inhérents au genre et à une collection d'invraisemblances qui ferait passer les 007 pour des documentaires. Il y a des ellipses trop faciles qui permettent de voyager à la vitesse de la lumière, il y a une association d'espionnes d'une aisance déconcertante, mais surtout afin de faire illusion on multiplie les rebondissements pour faire croire qu'il y a du suspense ; sauf qu'on sait depuis longtemps qu'il vaut mieux 2-3 max bons twist plutôt que le double qui tue toute crédibilité et toute tension. Le pompon arrive lors de la peloton d'exécution en visioconférence, qui dit ouvertement "on ose"puis qui ne va finalement pas au bout de son soit-disant audace. Evidemment il faut rester grand public. A force de vouloir faire aussi bien voir mieux que les hommes les femmes omettent souvent qu'il faut savoir, au contraire, faire avec ses différences et ses atouts. On est loin de la sensibilité d'une "Nikita", à des années lumières du style "Kill Bill" ou même de "Boulevard de la Mort", on est loin du côté badass d'une "Tomb Raider" ou "Mad Max Fury Road"... Et la liste est loin d'être exhaustive. Jessica Chastain choisit la facilité pour tracer un silllon pseudo-féministe mais un film d'action de valeur mérite mieux que cet ersatz qui se prend de toute façon beaucoup trop au sérieux.
Note :