La Mort Tragique de Leland Drum (1966) de Monte Hellman

par Selenie  -  12 Avril 2022, 08:30  -  #Critiques de films

Western auteuriste, à la fois crépusculaire à Peckinpah et d'un réalisme très "européen", ce film est souvent cité comme précurseur du sous-genre dit "Acid Western" (Tout savoir ici !) que le réalisateur Monte Hellman et son ami Jack Nicholson avait déjà pourtant touché du doigt dans l'excellent "L'Ouragan de la Vengeance" (1965). Les deux amis, qui ont débuté dans l'écurie de Roger Corman notamment en collaborant sur le film "L'Halluciné" (1963) se retrouvent donc pour ce western qui est cette fois écrit par une femme, une amie proche de Nicholson, Carole Eastman, connue aussi le pseudo Adrien Joyce, peu connue mais à qui on doit pourtant le mythique "Portrait d'une Enfance Déchue" (1970) de Jerry Schatzberg, et qui écrira trois autres films avec Jack Nicholson devant la caméra avec "Cinq Pièces Faciles" (1970) et "Man Trouble" (1992) tous deux de Bob Rafelson et "La Bonne Fortune" (1975) de Mike Nichols. Ce film, titre en V.O. "The Shooting", forme une sorte de dyptique avec "L'Ouragan de la Vengeance", mais s'ils sont devenus cultes ils sont aussi restés très confidentiels et même rares...

La mort tragique de LELAND DRUM | LE TOUR D'ECRAN

Deux chercheurs d'or se retrouvent à leur mine après un meurtre mystérieux, quand arrive une femme seule qui l'est tout autant qui leur propose de l'escorter en échange d'une prime. Mais alors qu'ils traversent le désert ils comprennent qu'ils sont suivis par un homme qui finit par les rejoindre, les deux hommes apprennent alors que cet inconnu est un tueur et qu'il est avec la dame... Les deux mineurs/cowboys sont interprétés par Will Hutchins surtout remarqué dans des films de guerre comme "Bombardier B-52" (1957) de Gordon Douglas, "C'est la Guerre" (1958) de William A. Wellman ou "Les Maraudeurs Attaquent" (1962) de Samuel Fuller, puis Warren Oates acteur fétiche de Burt Kennedy, Sam Peckinpah avec 4 films chacun à l'instar d'ailleurs de Monte Hellman qu'il retrouvera donc encore pour "Macadam à Deux Voies" (1971), "Cockfighter" (1974) et "China 9, Liberty 37" (1978), Oates retrouvera donc dans "Cockfighter" sa partenaire Millie Perkins révélation de "Le Journal d'Anne Frank" (1959) de George Stevens qu'on verra plus tard entre autre dans "Comme un Chien Enragé" (1986) de James Foley ou "Wall Street" (1987) de Oliver Stone, elle retrouve après "L'Ouragan de la Vengeance" (1965) Monte Hellman et son partenaire Jack Nicholson qui deviendra une des plus grandes stars du 7ème Art de "Easy Rider" (1969) de Dennis Hopper à "The Pledge" (2001) de Sean Penn en passant par "Vol Au-Dessus d'un Nid de Coucou" (1975) de Milos Forman, "Shining" (1980) de Stanley Kubrick ou "Batman" (1989) de Tim Burton... Avec ce film on sent que Hellman veut pousser un peu plus loin ses idées de "L'Ouragan de la Vengeance", restriction des décors, une unité de lieu quasi en huis clos même si c'est un désert (!), seulement quatre protagonistes réunis à l'insu de leur plein gré, une intrigue à timbre-poste mais au fil conducteur ténu et une sorte de climax métaphysique qui finit par envahir l'image.

Pas d'artifice de mise en scène donc pour accentuer la tension, pas d'envolée épique ou d'une intrigue avec un but clair et précis. Hellman épure encore et toujours son far-west avec des actions directes, sans jamais être trop explicatif bien au contraire. Néanmoins cette fois le réalisateur convainc un peu moins, cette fois on reste sur notre faim d'abord parce que le flou autour de l'incident qui précède le début du film est un faux suspense tant on devine que l'homme qui les suit est forcément en lien direct ou indirect, comme on devine que la femme connait forcément cet homme. C'est le gros défaut du film, Hellman met en place un suspense qui ne fait pas franchement illusion. Mais cela n'empêche pas qu'on se demande qui va survivre ou non ?! Quel est le but réel de ce tueur et de cette femme ?! Dans un climax sec et poussiéreux, on suit donc une sorte de quête sans but, une errance vers l'inconnu, vers un destin qu'on envisage funeste pour tous... peut-être ?! Nicholson joue sa gamme sans franchement convaincre pleinement (il est déjà ailleurs !), on savoure finalement beaucoup plus la performance de Warren Oates et la subtilité et le charme de Millie Perkins. En conclusion, avec ce film Hellman clôt un dyptique qui ne dit pas son nom, un dyptique culte avec "L'Ouragan de la Vengeance", mais si celui-ci se devait être plus radical et plus abouti il reste finalement un cran en-deça du précédent à cause aussi d'une réflexion plus vaine, au propos de fond moins probant. A conseiller néanmoins, ne serait-ce que pour voir une autre facette du western.

 

Note :      

 

14/20
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