Nitram (2022) de Justin Kurzel
5ème film de Justin Kurzel, réalisateur majeur de ces dernières années avec entre autre le viscréal "Macbeth" (2015) et une petite chute avec "Assassin's Creed" (2016), et on peut rappeler que son premier film "les Crimes de Snowtown" (2011) portait sur u tueur en série qui s'immisçait dans une famille incestueuse. Pour son nouveau projet il s'intéresse à un autre tueur mais "de masse", à savoir l'Histoire Vraie de la Tuerie de Port-Arthur (Tasmanie) en 1996 (tout savoir ICI !) qui perpétré par un homme nommé Martin Bryant (tout savoir ICI !) qui fera tout de même 35 morts et 23 blessées. Le scénario est signé de Shaun Grant, auteur des films "Jasper Jones" (2016) de Rachel Perkins et "Berlin Syndrome" (2020) de Cate Shortland. Le scénariste explique : "Je voulais que le public, et en particulier ceux qui sont favorables au port d'armes, passe un moment avec un personnage qui ne devrait de toute évidence pas avoir accès à des armes à feu, et qu'ils regardent tandis que celui-ci s'en procure avec une facilité déconcertante." Le film a été présenté au Festival de Cannes 2021 où l'acteur principal a obtenu le Prix d'Interprétation masculine...
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En Australie dans les années 90, Nitram vit encore chez ses parents où il vit un peu au jour le jour dans une certaine solitude. Alors qu'il propose ses services comme promeneur de chiens ou jardinier il fait la rencontre de Helen, une femme d'âge mûre avec qui il se lie et avec qui il se met en ménage. Quand Helen meurt tragiquement Nitram commence une descente aux enfers malgré le bel héritage que Helen lui a laissé... Le rôle titre est incarné par Caleb Landry Jones, acteur discret mais remarqué dans des films comme "X-Men : le Commencement" (2011) de Matthew Vaughn, "Queen and Country" (2014) de John Boorman, "Three Billboards" (2017) de Martin McDonagh ou "The Dead Don't Die" (2019) de Jim Jarmush. Helen est incarnée par Essie Davis, épouse du réalisateur à la ville pur qui elle a joué déjà dans "Assassin's Creed" et "Le Gang Kelly" (2019). Les parents sont joués par Judy Davis actrice récurrente chez Woody Allen et qu'on n'avait pas vu au cinéma depuis "L'Extravagant Voyage du Jeune et Prodigieux T.S. Spivet" (2013) de Jean-Pierre Jeunet et "The Dressmaker" (2015) de Jocelyn Moorhouse, puis Anthony LaPaglia vu au cinéma surtout dans les années 1998-2003 avec notamment "Summer of Sam" (1999) de Spike Lee, "Lantana" (2002) de Ray Lawrence avant de passer essentiellement à la télévision mais citons dans ses derniers films "Revenger" (2016) de Walter Hill et "Annabelle 2 : la Création du Mal" (2017) de David F. Sandberg. Puis enfin citons Sean Keenan qui retrouve Kurzel et Essie Davis après "Le Gang Kelly", vu aussi dans "Strangeland" (2015) de Kim Farrant et récemment dans l'excellent "The Power of the Dog" (2021) de jane Campion... Moins abordé que les tueurs en série, les tueurs de masse sont pourtant une autre facette des meurtres de sang froid, inexplicables ou incompréhensibles. De nombreux pays ont malheureusement connu ces tragédies comme la Nouvelle-Zélande dans "Out of the Blue" (2011) de Robert Sarkies ou les Etats-Unis avec "Elephant" (2003) de Gus Van Sant. Il semble que le réalisateur ait voulu être au plus près de la réalité des faits mais en se focalisant sur le cheminement de Martin Bryant/Nitram plutôt que sur les tueries elles-mêmes, puis en portant une réflexion sur la législation des armes.
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Dans un premier temps on peut se demander pourquoi le récit détourne ou change un peu le cours des événements comme par exemple le fait qu'en vrai Nitram vend la ferme et que sa mère a obtenu la tutelle peu de temps après l'héritage, ou pourquoi occulté le fait que ce jeune homme avait un QI très inférieur à la moyenne ?! Car sinon regarde de plus près il n'y a pas grand chose qui explique les choses, sinon qu'il serait plus ou moins en "hyperactivité". On a l'impression que le scénario tente un peu de psychologie de comptoir. Mais heureusement, les personnages sont parfaitement croqués, les liens unissant la famille sont assez complexes pour enrichir une histoire déjà déchirante, et surtout, quelle quator d'acteurs ! Quatre performances remarquables, Anthony LaPaglia en père aimant mais désarmés, Judy Davis en mère aussi aimante que terriblement lucide, Essie Davis en amie mi-amante mi-maman et évidemment Caleb Landry Jones épatant en adulte qui aurait oublié de grandir. En point d'orgue peut-être le déjeuner de présentation. Pour ce qui concerne les armes on s'interroge vite sur la facilité d'achat mais le film survole tout de même le sujet qui est rattrapé facilement avec une conclusion à coup d'encarts qui sont toujours très efficaces à défaut d'être aussi démonstratif qu'une scène au sein du récit. On reste un peu sur notre faim donc, mais le style de Kurzel est toujours aussi immersif, les personnages très bien écrits et les acteurs imprègnent la pellicule de leur talent. Un film prenant avec une fin qui évite le côté voyeuriste façon film d'action. Un bon moment à défaut de convaincre sur tous les plans.
Note :