De l'Autre Côté du Ciel (2022) de Yusuke Hirota
Premier long métrage en tant que réalisateur pour Yusuke Hirota qui était auparavant animateur-spécialiste des effets spéciaux au sein du Studio 4°C pour lequel il a notamment travaillé sur les films "Mind Game" (2004) de Masaaki Yuasa et "Kamikaze Girls" (2004) de Tetsuya Nakashima. Précisons que le Studio 4°C ets derrière également les films d'animation "Mutafukaz" (2017) de Shojiro Hishimi et Guillaume Renard ou de "Les Enfants de la Mer" (2019) de Ayumu Watanabe. C'est d'ailleurs ce même studio qui a donc proposé à l'artiste de diriger cette adaptation du livre "Poupelle et la Ville sans Ciel" (2020) de Akihiro Nishino. Le cinéaste précise : "Je connaissais déjà le livre original. Ayant moi-même un jeune enfant, j'ai vraiment adhéré à l'histoire du père et de son fils, et avais envie de réaliser un film que les enfants pourraient apprécier. J'ai donc volontiers accepté la proposition d'adaptation à l'écran, et c'est comme ça que j'en suis devenu le réalisateur."...
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Lubicchi vit au milieu d'une cité qui vit en autarcie, une cité dont la principale caractéristique et ressource repose sur de nombreuses cheminées qui recouvrent les toits des tours et immeubles. Des cheminées si nombreuses qu'elles tapissent le ciel d'un voile de fumées sombres et malsaines. Un soir de Halloween il rencontre une créature étrange qu'il décide de prendre comme ami et qu'il nomme Poupelle. Avec son nouvel et seul ami Lubicchi décide de découvrir si son père avait raison, que derrière les épaisses fumées il existe un ciel semé d'étoiles mais sa quête n'est pas si facile dans une cité où il est même interdit d'y rêver... En V.O. on note la présence de quelques acteurs japonais connus comme Sumire Morohoshi qui a déjà prêter sa voix pour l'animation entre autre pour "Summer Wars" (2009) et "Le Garçon et la Bête" (2015) tous deux de Mamoru Hosoda, Eiko Koike qui retrouve ainsi le studio et Yusuke Hirota après "Kamikaze Girls" (2004), et vue depuis notamment dans "20th Century Boys" (2009) de Yukihiko Tsutsumi et "Shokuzai" (2012) de Kiyoshi Kurosawa, puis Jun Kunimura grand acteur de "Black Rain" (1989) de Ridley Scott à "Kate" (2021) de Cédric Nicolas-Troyan en passant par "Ichi the Killer" (2001) de Takashi Miike, "Outrage" (2010) de Takeshi Kitano ou "Midway" (2019) de Roland Emmerich. En V.F. on notera surtout la voix de Philippe Katerine pour alias Poupelle, chanteur et acteur surtout vu entre autre dans "Gainsbourg, Vie Héroïque" (2010) de Joann Sfar, "Le Grand Bain" (2018) de Gilles Lellouche ou "La Pièce Rapportée" (2021) de Antonin Peretjatko et qui a déjà prêter sa voix pour l'animation avec "Avril et le Monde Truqué" (2015) de Franck Ekinci et Christian Desmares... Les premières minutes sont assez folles, esthétiquement très bariolées avec même un peu de cafouillis tant les couleurs manquent de contraste, un petit soucis pour apprivoiser cet univers chatoyant et dystopique. La cité est une métaphore forte des mégalopoles polluantes, le cinéaste précisant même s'être inspiré des villes usines comme Jiufen à Taïwan et Shûnan au Japon.
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L'histoire commence assez vite mais on constate que la narration est peu claire au départ, comprendre qu'il y a des flash-backs "souvenirs" peu prendre un certain temps surtout pur les plus jeunes. Mais petit à petit on se laisse séduire par cette animation mêlant 2D traditionnelle et 3D en CGI. Si les infrastructures de cette cité polluante renvoie un message évidemment écolo la morale n'est pas aussi martelée que dans les autres films d'animation, et outre la ville le personnage central de Poupelle n'en est pas moins un symbole étant confectionné avec des détritus communs qui contrastent avec sa bonté d'âme et aussi peut-être sa naïveté. Le message écolo est judicieusement pas moralisateur, le récit se focalise plus sur l'amour filial, le manque procuré par la disparition d'un parent, le souvenirs qui permettent de surmonter la peine... etc... Et c'est sur ce point que le film réussit toute sa partie onirique en créant un joli pont entre le coeur d'un père et la force des forces des songes et donc de l'espoir. Croire en ses rêves est un message universel, Yusuke Hirota en profite pour signer un conte moderne et intelligent, drôle parfois et surtout émouvant avec une pincée de poésie bienvenu car comme disait Apollinaire : "Il est grand temps de rallumer les étoiles" ! Un très joli film auquel il manque juste un peu de clarté dans son premier quart d'heure.
Note :
Pour info bonus, Note de mon fils de 13 ans :