Les Volets Verts (2022) de Jean Becker

Ce sont les producteurs Michèle et Laurent Pétin qui sont à l'origine du film, une adaptation du roman éponyme (1950) de Georges Simenon dont le scénario a été écrit par le fameux Jean-Loup Dabadie peu avant sa mort. Les producteurs ont contacté Jean Becker pour réaliser le film. Assez logique puisque le scénariste et le réalisateur ont déjà collaborer ensemble ces dernières années sur "La Tête en Friche" (2010), "Bon Rétablissement" (2014) et "Le Collier Rouge" (2018). Néanmoins, le réalisateur a modifié une chose au scénario, à savoir l'époque de l'histoire car si le roman se déroule logiquement en 1950, Dabadie a situé l'histoire à aujourd'hui tandis que Becker a préféré le début des années 70 comme il l'explique : "Simenon a écrit son livre en 1950 et ça m'aurait plu de situer le film à cette époque, mais nous avons finalement opté pour le début des années 70, même si nous n'en n'avons finalement conservé qu'assez peu de signes extérieurs. Reste l'essentiel, à savoir que le personnage reste plausible dans son époque, même si, par certains détails, il en représente aussi la fin."... Jules Maugin est un acteur célèbre et renommé toujours au sommet après des décennies de gloire et un mode de vie très épicurien. Mais, il est toujours amoureux d'une de ses partenaires tandis qu'il est aussi au crépuscule de sa vie ce qu'il cache à ses proches...

Jules Maugin est incarné par Gérard Depardieu qui retrouve Becker après "La Tête en Friche" (2010) et qui retrouve Simenon juste après "Maigret" (2022) de Patrice Leconte, l'acteur retrouve aussi sa partenaire Fanny Ardant pour leur 11ème film ensemble depuis "Les Chiens" (1979) de Alain Jessua et après "Le Divan de Staline" (2016) de  l'actrice elle-même vue dernièrement dans "Les Jeunes Amants" (2022) de Carine Tardieu. Depardieu retrouve aussi son ami Benoît Poelvoorde pour leur 8ème collaboration depuis "Astérix aux Jeux Olympiques" (2008) de Thomas Langmann et Frédéric Forestier et après "Adieu Paris" (2021) de et avec Edouard Baer. Depardieu retrouve aussi après "Merci la Vie" (1991) de Bertrand Blier l'actrice Anouk Grinberg vue récemment dans "Tromperie" (2022) de Arnaud Desplechin et "La Nuit du 12" (2022) de Dominik Moll, puis après "Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre" (2002) de Alain Chabat et "Bon Rétablissement" (2014) son partenaire Fred Testot. Et enfin citons Tom Rivoire révélé en Grangibus dans "La Guerre des Boutons" (2011) de Yann Samuell et vu depuis notamment dans "Tiens-toi Droite" (2014) de Katia Lewkowicz ou "Des Nouvelles de la Planète Mars" (2016) de Dominik Moll et plus récemment dans la série TV "Les Bracelets Rouges" (2018-2020), puis l'actrice Stéfi Celma vu dans des films et rôles aussi divers que "Antigang" (2015) de Benjamin Rocher, "Pupille" (2018) de Jeanne Herry ou "Miss" (2020) de Ruben Alves... Premier constat, le film prend un peu plus de liberté avec le roman qu'une simple transposition d'époque. Ainsi, aussi surprenant que cela puisse paraître le film arase plusieurs facettes de Maugin en faisant par exemple du fils naturel un quasi inconnu qui tente de percer à Paris alors qu'il est normalement marié et père de famille nombreuse ou, surtout, le film fait d'Alice une simple "amie" et "protégée" de Maugin alors qu'elle est son épouse dans le livre.

Des changements qui retirent toute aspérité aux relations de Maugin. Tandis qu'en ce qui concerne l'époque on a droit à quelques "indices" seventies comme les voitures, mais c'est assez simpliste sinon l'histoire pourrait très bien se dérouler aujourd'hui tant la reconstitution est factice. On devine la fin mais sans véritable intrigue le récit repose sur les états d'âmes de l'acteur et ses liens ultimes avec ses proches. Mais surtout le film touche et émeut car Maugin est Depardieu. En effet, Depardieu reste un familier du public, sa popularité est indéniable, il a  environ le même âge, le même statut que Maugin, l'acteur Depardieu incarne ainsi quasi son propre rôle tant on pourrait y déceler des similitudes. Le couple Depardieu-Ardant est une fois de plus particulièrement émouvant et on pense alors à "La Femme d'à-côté" (1981) de François Truffaut. Le film est d'une douce mélancolie qui pêche en ayant occulté ou modifié des paramètres importants dans les relations de Maugin, et qui surnage grâce à un casting savamment choisi. 

Note :