Les Âmes Soeurs (2023) de André Téchiné
Nouveau long métrage de André Téchiné après "L'Adieu à la Nuit" (2018) pour une nouvelle histoire sur une relation intime, cette fois sur une relation fraternelle et fusionnelle entre un frère et un soeur. Mais il a voulu ajouter aussi deux unités de lieux, la France et le Mali : "J'ai sans doute besoin de ces deux éléments éloignés pour pouvoir me lancer, pour faire le grand écart. Là, c'est le Mali d'un côté, à l'époque où l'armée française était bien accueillie par la population. Et puis de l'autre, c'est le retour au pays natal, l'Ariège. Mais le film est aussi intemporel : c'est la forêt avec ses esprits, le manoir hanté comme un château des Carpates, ce sont les montagnes avec leurs grottes... Le film est à la fois dans la réalité du paysage et décroché de cette réalité, naturel et surnaturel. Et puis au coeur de tout ça, il y a un frère et une soeur enchaînés dans une relation fusionnelle. Le film raconte le développement et la remise en cause de cette relation." André Téchiné co-écrit le scénario avec Cédric Anger, scénariste pour d'autre dont "Selon Mathieu" (2001) et "Le Petit Lieutenant" (2005) tous deux de Xavier Beauvois, pour lui-même avec notamment son film "La Prochaine Fois je viserai le Coeur" (2014), et déjà pour Téchiné qu'il retrouve donc après "L'Homme qu'on aimait Trop" (2014) et "Nos Années Folles" (2017)...
David, lieutenant des forces françaises au Mali est grièvement blessé lors d'une mission. Il souffre désormais d'amnésie. Rapatrié en France il commence une longue convalescence avec l'aide de sa soeur Jeanne. De retour dans la maison dans les Pyrénées, Jeanne va tout faire pour que son petit frère se souvienne mais David ne semble pas vraiment soucieux de retrouver celui qu'il était... Jeanne est interprétée par la magnifique et talentueuse Noémie Merlant vue récemment dans son propre film "Mi Iubita, mon Amour" (2021), "L'Innocent" (2022) de et avec Louis Garrel et "Tar" (2023) de Todd Field. Son frère David est incarné par Benjamin Voisin vu dans "Le Bal des Folles" (2021) de et avec Mélanie Laurent et "Illusions Perdues" (2021) de Xavier Giannoli après lesquels il retrouve son partenaire André Marcon, vu aussi dans "Une Jeune Fille qui va Bien" (2022) de Sandrine Kiberlain et "Maestro(s)" (2022) de Bruno Chiche. Citons ensuite Audrey Dana réalisatrice de "Hommes au Bord de la Crise de Nerfs" (2022) et actrice vue dans "Profession du père" (2020) de Jean-Pierre Améris et "Les Choses Humaines" (2021) de Yvan Attal, Alexis Loret qui retrouve Téchiné après "Alice et Martin" (1998), "Impardonnables" (2011) et "Quand on a 17 ans" (2016), après ce dernier ils retrouvent également l'acteur Jean Fornerod déjà dans "Les Egarés" (2003) du réalisateur, puis l'actrice Mama Prassinos également vue dans "Nos Années Folles" (2017), et vue dans les films "Partir" (2009) de Catherine Corsini ou "Les Promesses" (2022) de Thomas Kruithof, et enfin n'oublions pas Stephane Bak vu dans "The French Dispatch" (2021) de Wes Anderson et "Novembre" (2022) de Cédric Jimenez... Le film reprend un syndrome post-traumatique dû à la guerre, tout juste après "C'est mon Homme" (2023) de Guillaume Bureau. Cette fois l'histoire n'est pas après 14-18 mais bien contemporaine, cette fois le soldat n'est pas partagé entre deux épouses mais tente juste de revivre sans vraiment vouloir retrouver la mémoire au grand dam de sa soeur. La première partie du film insiste essentiellement sur le rétablissement, le retour à la vie d'un soldat grièvement blessé avec toutes cette dimension médicale qui impose le poids de la douleur.
La seconde partie est son retour à la maison, celui où il doit réapprendre sa vie, réapprendre à connaître sa soeur, sa région. C'est une partie passionnante à cause de deux points qu'on décèle déjà dans la bande-annonce : le fait que le soldat ne veuille pas franchement retrouver son passé car c'est ainsi plus simple de recommencer à zéro, et donc d'aimer celle qui n'est sa soeur finalement que si il se souvient. C'est sur cette partie qu'on est bluffé par les performances d'acteurs du duo Noémie Merlant-Benjamin Voisin. La subtilité des gestes, la finesse des sourires ou des regards, la gêne ou les maladresses de deux êtres qui doivent s'apprivoiser à nouveau. Mais on apprend une nouvelle qui soudain brise cet élan. Un petit twist qui rend soudain le trauma secondaire voir accessoire car il ne devient plus l'"excuse" psychologique et/ou morale pour cet homme, ce soldat qui se voyait avoir une seconde chance pour refaire sa vie. Cette révélation sur le passé gâche tout et impose une évolution du récit moins intéressante. Sur le fond ça devient plus convenu, comme le dit la soeur "c'est juste non". Le film devient ennuyeux, redondant, avec des scènes à rallonge sans grand intérêt (la formation cynophile par exemple), jusqu'à cette fin ouverte qui respire le tragique tout en instillant un espoir possible, c'est beau, mais pas suffisant pour sauver entièrement le film.
Note :