Hawaii (2023) de Melissa Drigeard
La réalisatrice Mélissa Drigeard collabore à nouveau avec son scénariste Vincent Juillet après un premier film avec "Jamais le Premier Soir" (2014), une série TV avec "Quadras" (2017) et un second film avec "Tout nous Sourit" (2020). C'est d'abord Vincent Juillet qui a découvert cet événement peu connu malgré le retentissement paranoïaque qui s'est déroulé sur l'île d'Hawaï le 13 janvier 2018. Cette histoire incroyable mais vrai devait servir forcément à un nouveau projet et forcément avec sa collaboratrice habituelle la réalisatrice Melissa Drigeard. Cette dernière choisira de s'en servir comme postulat de départ mais pas comme sujet principal... Janvier 2018, alors qu'une bande d'amis sont en vacances sur 'île d'Hawaï une alerte à l'attentat par missile sème la panique. A l'écoute des médias, et désormais persuadés qu'ils vont mourir ils décident de se dire tout ce qu'ils n'ont jamais osé se dire. Quand ils apprennent qu'il s'agissait d'une fausse alerte, il est trop tard, le mal est fait chacun et chacune connaît la vérité...
Dans la bande d'amis il y a Bérénice Bejo qui a déjà abordé ce genre de tragi-comédie avec "Le Jeu" (2018) de Fred Cavayé et vue dernièrement dans le délirant "Coupez !" (2022) de Michel Hazanavicius, Elodie Bouchez vue récemment dans "Amore Mio" (2023) de et avec Guillaume Gouix et surtout "Je verrai Toujours vos Visages" (2023) de Jeanne Herry, Emilie Caen qui retrouve la réalisatrice et son scénariste après "Tout nous Sourit" (2020) mais surtout connue comme une des mariées de la saga "Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?" (2014-2022) de Philippe De Chauveron, Pierre Deladonchamps vu tout récemment dans "La Syndicaliste" (2023) de Jean-Paul Salomé, Nicolas Duvauchelle vu dans "Une Sirène à Paris" (2020) de Mathias Malzieu et le dyptique "Balle Perdue" (2020-2022) de Guillaume Pierret, Eye Haïdara qui continue son bonhomme de chemin après "Les Femmes du Square" (2022) de Julien Rambaldi, "La Chambre des Merveilles" (2023) de Lisa Azuelos et "Brillantes" (2023) de Sylvie Gautier, William Lebghil vu tout récemment dans "Les Complices" (2023) de Cécilia Rouaud, Manu Payet qui lui aussi revient au genre après le film collectif "Selfie" (2019) et vu dernièrement dans "Astérix et Obélix : l'Empire du Milieu" (2023) de et avec Guillaume Canet, et enfin Thomas Scimeca acteur moins connu mais vu entre autre dans "Fidelio, l'Odyssée d'Alice" (2014) de Lucie Borleteau, "L'Heure de la Sortie" (2019) de Sébastien Marnier ou "La Belle Epoque" (2019) de Nicolas Bedos... Film choral puis film sur l'amitié sur fond de crise soit un sous-genre en soi de "Mes Meilleurs Copains" (1989) de Jean-Marie Poiré à "Le Jeu" (2018) de Fred Cavayé en passant aussi par exemple par "Le Code a Changé" (2009) de Danièle Thompson ou "Les Petits Mouchoirs" (2010) de Guillaume Canet. Très et trop souvent ce genre de film réunit les clichés comme les sujets inhérents au sujet il faut souvent donc se démarquer sur un récit cohérent, et surtout sur un groupe d'amis dont les acteurs sont tout aussi complices.
On est frappé par le début, l'immersion directe et brusque dans la panique du matin de ce 13 janvier 2018 est assez dingue avec cette folie de fin du monde très réaliste. La transition avec le groupe d'amis qui se réunit pour une ultime fois est tout aussi maline et efficace. L'entrée en matière est assez géniale, en quelques minutes on apprend à connaître les uns et les autres, à percevoir les caractères et à déceler les premiers secrets et/ou interactions entre tous ces amis. Premier bon point sur le casting, de magnifiques acteurs et surtout on sent la belle osmose dans cette équipe qui sert forcément les personnages et l'histoire. Les adieux forcément catastrophiques où les vérités ne sont (peut-être pas !) toutes bonnes à dire, et tout aussi logiquement l'histoire de ces vacances permettent d'aborder plusieurs sujets que tout groupe d'amis de longue date effleure un jour avec le sexe, l'adultère, la réussite sociale, les enfants... etc... Ici la réalisatrice évite l'hystérie, elle compense toujours une méchanceté par un instant tendresse, une larme pour un rire ce qui crée un équilibre entre les protagonistes et entre émotion et rire. Néanmoins, on aurait aimé un peu plus de rires, et une fin un peu moins pathos. Heureusement, quelques joutes verbales font mouches, le panel du groupe permet une sorte de miroir face aux spectateurs, et des acteurs au diapason forment un groupe cohérent et empathique. Vu un sous-genre un peu monocorde et convenu, Melissa Drigeard signe une comédie douce-amère pleine d'acuité, pleine de fantaisie aussi tout en pointant du doigt les travers de l'amitié. Une bonne surprise.
Note :