Sound of Freedom (2023) de Alejandro Monteverde
Voilà un des films événements qui a secoué l'été cinéma aux Etats-Unis, aussi bien par son succès surprise que par les polémiques qui ont entouré sa production en amont comment en aval. D'abord, le projet est une adaptation libre de l'histoire vraie de l'organisation "Operation Underground Railtoad" (O.U.R.) fondée en 2013 par Tim Ballard (Tout savoir ICI !) ex-agent du F.B.I. spécialisé dans la lutte anti-pédocriminalité. Initialement le projet était prévu pour la 20th Century Fox, mais racheté par Disney le sujet est trop sensible pour la firme aux Grandes Oreilles qui a évidemment préféré mettre le projet en sourdine. Finalement le projet est reprispar la société Angel Studios, une compagnie qui promeut les oeuvres à messages chrétiens pour un public chrétiens. Le projet est ainsi confié au réalisateur-scénariste mexicain Alejandro Monteverde remarqué pour son film "Bella" (2006) ou "Little Boy" (2017), cinéaste connu aussi pour l'importance de la famille et de la foi dans ses films et notamment fondateur de l'organisation "Esparanza paea los Ninos" (Espoir pour les enfants). Il co-signe le scénario avec Rod Tarr qui a écrit auaparavant le film "Is that You" (2014) de Dani Menkin. Tourné en 2018, le film a pris du retard logiquement avec la pandémie Covid, puis ensuite de façon insidieuse par les révélations diverses plus ou moins fondées sur les biens fondées d'un tel film comme la position chrétienne intégriste de la production bien appuyée par la présence à l'affiche de l'acteur Jim Cazievel qui est aussi adepte de la mouvance complotiste QAnon, sans compter les accusations d'agressions sexuelles envers Tim Ballard qui l'a poussé à quitter l'organisation O.U.R. peu de temps avant la sortie du film. Et enfin, la méthode de Angel Studios toujours avec l'aide de Jim Cazievel pour doper les entrées ont fait beaucoup réagir, à savoir qu'il y a eu appel aux dons, afin de pouvoir offrir des entrées gratuites à d'autres spectateurs ce qui aurait amené des entrées supplémentaires estimées à 9,5 millions de tickets. Néanmoins, malgré tout, avec un budget "raisonnable" de 15 millions de dollars le film a réussi l'exploit d'amasser plus de 243 millions d'entrées au box-office Monde ! Ce qui en fait une des plus gros succès en sale pour une production indépendante. Notons que dans la lignée de Angel Studios, le film est distribué en France par son équivalent avec la société de production chrétienne Saje Distribution qui sont derrière le navrant "Vaincre ou Mourir" (2023) de Paul Mignot et Vincent Mottez...
En Honduras, Roberto est approché par une ancienne reine de beauté, Gisselle, qui lui propose un contrat de mannequinat pour ses deux enfants Miguel et Rocio. Il accepte et les dépose bientôt à une séance photo. Mais à son retour, pour les récupérer il constate que ses enfants ont disparu. Apprenant qu'ils ont sans doute été vendu à un réseau pédocriminel il fait appel à Tim Ballard et son organisation O.U.R... Le rôle principal de Im Ballard est incarné logiquement par la star (bien que sur la pente glissante du has been) Jim Cazievel dont le rôle marquant restera Jésus dans "La Passion du Christ" (2004) de Mel Gibson, et qui est attendu dans la suite "La Passion du Christ : Resurrection" (2024 ou 2025 ?!) toujours de Mel Gibson, tandis que son épouse est jouée par Mira Sorvino également discrète depuis quelques années déjà mais citons les films "Avez-vous la Foi ?" (2015) de Jon Gunn, "Stuber" (2019) de Michael Dowse ou "Lamborghini" (2022) de Robert Morescu. Citons ensuite Bill Camp superbe acteur vu entre autre dans "Joker" (2019) de Todd Phillips, "Clair-Obscur" (2021) de Rebecca Hall ou "L'Etrangleur de Boston" (2023) de Matt Ruskin, et qui retrouve après "Midnight Special" (2015) de Jeff Nichols son partenaire Scott Haze vu dernièrement dans "Minari" (2020) de Lee Isaac Chung, "Affamés" (2021) de Scott Cooper ou "Jurassic World : le Monde d'Après" (2022) de Colin Trevorrow, Eduardo Verastegui producteur du film qui s'octroie un petit rôle retrouvant ainsi son réalisateur après "Bella" (2006) et "Little Boy" (2017), Javier Godino vu dans "Ignacio de Loyola" (2017) de Paolo Dy et Cathy Azanza ou "La Ruse" (2022) de John Madden, José Zuniga vu dans "Traqué" (2003) de William Firedkin ou "La Tour Sombre" (2017) de Nikolaj Arcel et qui retrouve après "Striptease" (1996) de Andrew Bergman l'acteur Gary Basaraba vu chez Martin Scorcese dans "La Dernière Tentation du Christ" (1988) et plus récemment dans "The Irishman" (2019) et "Killers of the Flower Moon" (2023), Kurt Fuller vu notamment dans "Ray" (2004) de Taylor Hackford, "Minuit à Paris" (2011) de Woody Allen et "Wrong Cops" (2013) de Quentin Dupieux, pusi enfin Gerardo Taracena remarqué dans "Apocalypto" (2006) de Mel Gibson et vu dans les excellents "La Zona" (2007) de Rodrigo Pia et "Sin Nombre" (2009) de Cary Joji Fukunaga... Outre les accusations contre le "véritable" héros Tim Ballard, la production n'a pas omis de se justifier dans une note d'intention longue qui rappelle une certitude ("s'il y a un sujet qui peut unir tout le monde, c'est celui de mettre fin à la traite des enfants"), et un fait avéré, que "selon le ministère de la Justice, l'Amérique est l'un des plus grands consommateurs de vidéos et matériels relatifs aux abus sexuels commis sur des enfants et que l'argent américain contribue à alimenter ce trafic national et international." Mais on constate que la polémique sur le film qui serait complotiste n'est pas probant, le film est un thriller mauvais et maladroit et se suffit à lui-même.
Le film débute avec du pathos racoleur et rébarbatif qui dure trop longtemps, qui donne un récit qui stagne au point qu'on se demande quand est-ce que l'intrigue va-t-elle se mettre enfin en place. Ensuite on ne peut nier qu'on sent l'investissement de l'acteur Jim Cazievel mais sa performance finit par agacer, se résumant à une tête de chien battu, chialant quasi à chaque instant, s'usant dans des séquences paternalistes tire-larmes qui ne correspondent pas de toute façon à un spécialiste et/ou à une mission de niveau professionnel. Le récit est semé de références religieuses mais pas au point d'être prosélytiste, idem le film rappelle que les réseaux pédophiles existent ce qui ne veut pas dire être complotiste. Le scénario est assez classique comme un simple polar mais repose trop sur Tim Ballard/Cazievel quasi sanctifié sans avoir d'approche sur son organisation. La mise en scène est également trop sage, il n'y a pas de montée en puissance, ni franchement de tension exception faite de une ou deux scènes peut-être. Loin d'être un thriller prenant inspiré de faits réels on tombe dans le mélo pathos bien aidé par un sujet qui touche malgré une qualité intrinsèque médiocre.
Note :