Une Vie (2024) de James Hawes

par Selenie  -  23 Février 2024, 15:38  -  #Critiques de films

Ce film est officiellement l'adaptation d'un livre, "If It's not Impossible... The Life of Sir Nicholas Winton" (2014) de Barbara Winton, fille du protagoniste principal, Nicholas Winton dit le "Schindler britannique", mais en vérité le source reste cette émission "That's Lif !" sur BBC One où l'invité Nicholas Winton, assis dans le public, s'est vu révélé aux yeux du monde que ceux qui l'entouraient dans le public étaient ceux qu'il avait sauvé près de 60 ans avant. La vidéo de ce moment est régulièrement rediffusée sur les réseaux sociaux depuis déjà quelques années ce qui a sans nul doute éveillé les idées des producteurs. Le réalisateur est James Hawes qui a essentiellement travaillé à la télévision exception faite de quelques films comme "The Chatterley Affair" (2006), "Enid" (2009) ou "Undercover" (2016). Le scénario est signé de Lucinda Coxon scénariste de "Petits Meurtres à l'Anglaise" (2009) de Jonathan Lynn, "The Danish Girl" (2015) de Tom Hooper et "The Little Stranger" (2018) de Lenny Abrahamson, en collaboration avec Nick Drake qui n'avait pas écrit depuis "Romulus, my Father" (2007) de Richard Roxburgh... 1988, une émission télé révèle à ses téléspectateurs une histoire vraie incroyable oubliée, en faisant aussi une surprise au principal intéressé. Cette émission replonge Nicholas Winton dans un passé lointain, où il était un jeune banquier exilé à Prague en 1938, alors que la ville allait tomber dans les mains des nazis. Devant ce qui s'annonce, Winton va organiser des convois vers l'Angleterre afin de sauver des centaines d'enfants juifs... 

Nicholas Winton est incarné par deux acteurs, en 1938 par Johnny Flynn vu dans "Emma" (2020) de Autumn de Wilde, "La Ruse" (2022) de John Madden ou "The Outfit" (2022) de Graham Moore, puis en 1988 par la star Anthony Hopkins vu dernièrement dans "The Father" (2021) et "The Son" (2022) tous deux de Florian Zeller et "Armageddon Time" (2022) de James Gray, et il retrouve après "Retour à Howard Ends" (1992) de James Ivory sa partenaire Helena Bonham Carter actrice débutante chez James Ivory avant de devenir la muse de Tim Burton vue dernièrement dans le dyptique "Enola Holmes" (2020-2022) de Harry Bradbeer, elle retrouve aussi de son côté après "Les Suffragettes" (2015) de Sarah Gavron l'actrice Romola Garai vue entre autre dans "Angel" (2007) de François Ozon ou "Les Enfants de Windermere" (2020) de Simon Block. Citons ensuite Jonathan Pryce vu dans "L'Homme qui tua Don Quichotte" (2018) de Terry Gilliam, "The Wife" (2019) de Björn Runge et "Le Couteau par la Lame" (2022) de Janus Metz Pedersen, Lena Olin vue dans "Fanny et Alexandre" (1982) de Ingmar Bergman, "L'Insoutenable Légèreté de l'Être" (1988) de Philip Kaufman ou "The Reader" (2009) de Stephen Daldry, Alex Sharp vu dernièrement dans "Le Coup du Siècle" (2019) de Chris Addison, "Les Sept de Chicago" (2020) de Aaron Sorkin puis retrouve après "Vivre" (2022) de Oliver Hermanus son partenaire Adrian Rawlins vu auparavant dans "Aux Sources du Nil" (1990) de Bob Rafelson, "Breaking the Waves" (1996) de Lars Von Trier ou "Wilbur" (2002) de Lone Scherfig, Samantha Spiro vu dans "From Hell" (2001) de Albert et Allen Hughes ou plus récemment dans la série TV "Sex Education" (2019-2023), Marthe Keller vue entre autre dans "Marathon Man" (1976) de John Schlesinger, "Fedora" (1978) de Billy Wilder ou "L'Ecole de la Chair" (1998) de Benoît Jacquot, puis Samuel Finzi vu dans "L'Adieu : le Dernier Eté de Brecht" (2000) de Jan Shütte, "Marie Curie" (2016) de Marie Noëlle et "The Captain : l'Usurpateur" (2017) de Robert Schwentke... Le film débute de façon très classique pour très vite constater que la mise en scène ne va pas aider. James Hawes signe une réalisation très et trop académique, monotone et monocorde, sans tension passant tranquillement du présent (1987) au passé (1938-1939). Cette mise en scène très sage s'avère à l'image du film, tout raconté sans rien montrer, mettre sur un piedestal un héros lambda alors même qu'il est loin d'être seul. On pourrait reprendre l'expression d'un camarade cinéphile, le film mérite un Netflix d'Or.

On apprécie la ressemblance entre les deux acteurs incarnant Nicholas Winton, mais à force de vouloir béatifier cet homme on dépasse la ligne jaune de l'objectivité. Certe il est un héros, mais parmi tant d'autres et surtout le film rappelle qu'il était en sécurité à Londres alors que ces 3 amis et collègues participaient activement et risquaient leur vie à Prague. Par là même, tout semble forcé au point que monsieur Winton est d'une vertu à toute épreuve ("je suis désolé" à "Tu as fait ce que tu pouvais") jusqu'à cet instant où on nous indique qu'il est un trader socialiste (?!). Des dialogues qui passeraient presque pour surréalistes mais qui démontre surtout la pauvreté de l'inspiration des scénaristes. On constate que le film se repose trop sur les souvenirs d'un Nicholas Winton/Hopkins alors qu'on reste surtout intéressé par le sauvetage lui-même. Ainsi le jeune banquier dit n'avoir jamais vu plus terrible chose que les ghettos tchécoslovaque (tu m'étonnes !) mais le film est timoré et ne montre pas grand chose ce qui freine toute émotion, surtout que l'acteur Johnny Flynn en fait des tonnes dans l'empathie et le pathos de pauvres petites choses de la finance. En conclusion, sur le fond Nicholas Winton n'est pas au niveau de Schindler ne serait-ce que pas l'absence de risque pour le britannique, sur la forme la réalisation manque autant d'ambition que d'audace ne serait-ce que par l'absence d'une menace réelle et palpable. Un film qui fait un job faineant, tout juste assez pour rendre hommage à un homme qui le mérite et dont la mission touche forcément mais le film reste une oeuvre mineure loin d'être à la hauteur malgré les larmes finales lors de l'émission qui compense une période 38-39 bien fade. Note indulgente.

 

Note :                 

12/20
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