Iron Claw (2024) de Sean Durkin
Nouveau film de Sean Durkin réalisateur remarqué de "Martha Marcy May Marlene" (2011) et de "The Nest" (2019). Pour ce nouveau projet le réalisateur-scénariste porte à l'écran le destin d'une dynastie américaine de catcheurs, la famille Von Erich (Tout savoir ICI !) dont le cinéaste était fan : "Un jour, je suis rentré chez un marchand de journaux et j'ai trouvé le dernier numéro, qui datait probablement de quelques mois . Ma mère me l'a acheté et je l'ai lu pendant que nous dînions dans un restaurant chinois un samedi soir. Je me souviens avoir ouvert une page et lu l'annonce de la mort de Kerry Von Erich. Cela m'a brisé le coeur. Je l'avais vu lutter en direct plusieurs fois et j'étais un grand fan de lui et de sa famille. Je savais que ses autres frères étaient morts quelques temps auparavant, et penser qu'un autre frère était parti était trop dur. C'était trop. Mes pensées allaient à sa famille, et ce souvenir est resté quelque part dans mon esprit pendant la majeure partie de ma vie." Le réalisateur précise sur son idée : "Les Von Erich ont été considérés comme les Kennedy du sport. Malgré le destin tragique subi par la famille, Iron Claw n'est pas un film sur le chagrin et la douleur. Il explore plutôt l'absence de chagrin et ce qui peut arriver lorsque les gens refusent de regarder leur douleur en face. Si le destin de cette famille n'est qu'un petit morceau de l'histoire américaine, elle met en lumière les effets néfastes de la masculinité extrême ainsi que d'un état d'esprit générationnel qui a nui à notre culture et dont nous commençons à mesurer les dégâts." Le catch ou la lutte sont des sports très rarement abordé au cinéma, citons le magnifique "The Wrestler" (2009) de Darren Aronofsky, "Foxcatcher" (2015) de Bennett Miller ou "Une Famille sur le Ring" (2019) de Stephen Merchant sans oublier le catch à la française avec "Nos Héros sont Morts ce Soir" (2013) de David Perrault...
Entraîné par leur père tyrannique la fratrie Von Erich sont inséparables et vont gravir les échelons du catch professionnel durant les années 80. Entre gloire et tragédies la famille va traverser les épreuves... Le patriarche est joué par Holt McCallany vu dans "Un Homme en Colère" (2021) de Guy Ritchie, "Nightmare Alley" (2021) de Guillermo Del Toro et "The Ice Road" (2022) de Jonathan Hensleigh, la fratrie est composée de la star Zac Efron vu récemment dans "Firestarter" (2022) de Keith Thomas et "The Greatest Beer Run Ever" (2022) de Peter Farrelly, Jeremy Allen White vu entre autre dans "Twelve" (2010) de Joel Schumacher ou "The Rental" (2020) de Dave Franco, Harris Dickinson vu dans "Sans Filtre" (2022) de Ruben Östlund, "Là où chantent les Ecrevisses" (2022) de Olivia Newman, "Coup de Théâtre" (2022) de Tom George et "Scrapper" (2023) de Charlotte Regan, puis Maxwell Jacob Friedman dans son premier rôle pour ce catcheur pro encore en activité. La mère est jouée par Maura Tierney vue auparavant dans "Peur Primale" (1996) de Gregory Hoblit ou "Insomnia" (2002) de Christopher Nolan, une épouse est interprétée par Lily James vue dans "Rebecca" (2020) de Ben Wheatley et "The Dig" (2021) de Simon Stone. Citons ensuite Michael J. Harney notamment dans "A Star is Born" (2018) de et avec Bradley Cooper, "Les Veuves" (2018) de Steve McQueen ou "The Banker" (2019) de George Nolfi, puis n'oublions pas Ryan Nemeth et Chavo Guerrero Jr des catcheurs dans leur premier film, le second étant également le conseiller technique et l'entraîneur des acteurs pour les préparer au tournage... Le premier bémol reste la crédibilité des acteurs en athlètes du catch, et notamment vis à vis de leurs personnages ; en effet, la fratrie oscillait entre 1m88 et 2m05 pour au moins 100kg de muscle, les acteurs font en gros entre 10 et 30 cm de moins et entre 30 et 40kg de moins ! Si deux des acteurs ont le physique qui fait illusion les deux autres sont des gringalets auxquels on ne croit pas une seconde qui tiendrait sur un ring surtout en poids lourd ! La différence est importante et il faut sans cesse lutter contre cette incohérence physique et donc visuelle.
Mais le catch (qu'on aime ou pas) s'avère un sujet ici qui reste secondaire car cette histoire, ces destins, sont avant tout le moyen d'aborder bien d 'autres sujets, la filiation et la fratrie comme socle d'amour mais aussi comme un poids à porter, l'éducation où les causes et conséquences d'une paternité toxique qui peut faire penser au père des Jackson's Five, chute et déclin d'une dynastie qui effectivement peut faire penser à la dynastie phare des Etats-Unis avec les Kennedy, et donc qui renvoie à la notion de maudit, le rêve de gloire qui renvoie à l'American Way of Life qui ne se fait qu'au prix du sacrifice... etc... On a bien du mal à croire à des athlètes doués, et malgré les conseils techniques de réels catcheurs les combats restent fantoches et peu attrayants, surtout que le "vrai" catch est déjà bien ennuyeux et inepte. Mais l'osmose familiale fonctionne à merveille, les acteurs sont investis, l'équilibre intra-familial et entre les acteurs offre une réelle cohésion qui est, elle, totalement crédible et touchante. Le fil conducteur sur le nom Von Erich qui serait maudit est bien intégré au récit mais il est dommage que, historiquement, le film occulte des faits comme le fait que Kerry/Allen White était père de famille, et que peu de temps avant son suicide il a appris qu'il serait sans doute condamné pour stupéfiants. Néanmoins, Sean Durkin signe une saga familiale émouvante et terrible, qui rappelle que le rêve américain a souvent le c(g)oût amer de la malédiction. Un très bon film à conseiller.
Note :