Les Veuves (2018) de Steve McQueen
Le projet est dû à l'auteur Gillian Flynn, célèbre pour son roman "Les Apparences" (2012) adapté au cinéma avec "Gone Girl" (2014) de David Fincher, qui a écrit un scénario adapté de la série TV "Widows" (1983) de Lynda La Plante. Elle collabore ensuite avec le réalisateur et co-scénariste Steve McQueen. Ce dernier se retrouve donc aux commandes d'un polar, un genre inédit pour celui qui s'est fait un nom après des films aux messages politiques ou sociaux marqués et sans concession avec "Hunger" (2008), "Shame" (2011) et "12 Years a Slave" (2013)... L'histoire raconte la "survie" de plusieurs femmes après que leurs époux braqueurs se soient fait tués. Elles décident alors de finir le travail pour payer les dettes de leurs époux... Si la série TV originelle se déroulait à l'époque des années 80 à Londres, le duo Flynn-McQueen a transposé l'histoire dans le Chicago d'aujourd'hui, le réalisateur voulait actualiser le propos : "les réseaux politiques, raciaux, religieux, le maintien de l'ordre et la criminalité, sont autant de domaines qui s'enchevêtrent et interagissent"... Le casting du film est prestigieux, mêlant plusieurs générations, plusieurs univers avec en tête de liste les femmes menées par Viola Davis patronne dans "Suicide Squad" (2016) de David Ayer et épouse dans "Fences" (2017) de et avec Denzel Washington. A ses cotés Michelle Rodriguez célèbre madame Toretto dans la saga "Fast and Furious" (2001-...), Elizabeth Debicki en pleine ascension avec "Macbeth" (2015) de Justin Kurzel et "Les Gardiens de la Galaxie 2" (2017) de James Gunn, Cynthia Erivo encore méconnue et vue récemment dans "Sale Temps à l'Hôtel El Royale" (2018) de Drew Goddard et Jacki Weaver cultissime matriarche de "Animal Kingdom" (2011) de David Michôd.
Chez les hommes il y a Daniel Kaluuya une des révélation des films "Get Out" (2016) de Jordan Peele et "Black Panther" (2017) de Ryan Coogler, et ceux qu'on ne présente plus avec Robert Duvall et Colin Farrell qui joue respectivement le père et fils et, enfin, Liam Neeson... Le film est souvent qualifié de "thriller" alors qu'il en est loin. Ce film est un drame policier tout ce qu'il y a de classique. Alors on peut citer deux paramètres que certains pourront qualifier d'"original" ; un twist sympa mais qui arrive beaucoup trop vite et amené de façon trop prévisible et, surtout, le gros coup en en faisant un polar féminin et féministe. En effet, pour une fois des femmes valent les mecs dans l'action... Cependant ça n'a rien d'original, en restant sur des groupes, on pourrait citer "Les Belles de l'Ouest" (1994) de Jonathan Kaplan, "Boulevard de la Mort" (2007) de Quentin Tarantino, "Sucker Punch" (2011) de Zack Snyder et actuellement "Les Filles du Soleil" (2018) de Eva Husson... Mais surtout on a connu Steve McQueen plus subtil que ce postulat aussi démago que simpliste, à savoir les femmes sont fragiles mais se transforment en combattantes courageuses face aux hommes prêts à tout pour survivre dans un système fait par eux et pour eux. Dans le même temps il manque un minimum de vraisemblance sur des femmes lambdas qui se transforment en braqueuses (avec ce que ça entraîne, tenir une arme, de sang froid, de penser à tous les risques... etc...) en seulement quelques jours.
Dans la narration on peut trouver un peu superflu les flash-backs et rêveries romantiques. Bref, pour le scénario et la construction du récit le film est parfois maladroit et un peu primaire ce qui est est assez nouveau pour un film signé McQueen. Ca reste une déception néanmoins le cinéaste reste un réalisateur talentueux et la mise en scène reste un point fort qui permet au film de rester sur les rails avec quelques bonnes idées dont quelques bons plan-séquences. Le film reste un divertissement efficace grâce à sa dimension politico-mafieuse mais aussi grâce aux performances des actrices, en particulier Viola Davis et Elizabeth Debicki ; à contrario le personnage de Jacki Weaver s'avère être soit complètement superflu soit entièrement sous-exploité. A défaut d'être un McQueen de haut niveau auquel il nous avait habitué, ce polar est donc assez bien calibré pour passer un bon moment.
Note :