Seven (1996) de David Fincher

par Selenie  -  25 Mars 2024, 09:47  -  #Critiques de films

Après l'échec relatif de son premier long métrage en tant que réalisateur avec "Alien 3" (1992), une réussite malgré les interférences de la production et les désaccords artistiques, David Fincher renie le film et cherche à rebondir. Il lit alors de nombreux scénarios et tombe sur un scénario original écrit par Andrew Kevin Walker sur un tueur en série qui tue en liaison avec les Sept Péchés Capitaux (en savoir plus ICI !) et se dit intéressé auprès du studio New Line mais entre temps le scénario avait été modifié par Jeremiah S. Chechick connu pour ses films "Benny and Joon" (1993), et qui a notamment changé la fin de l'histoire. Fincher refuse cette version et préfère la version originale et finalement New Line accepte le projet repoussant donc le scénario de Chechick qui va alors signer le remake "Diabolique" (1996). Le film est doté d'un budget de 30 millions de dollars et engrange près de 320 millions de dollars au box-office Monde ce qui en fait un des plus gros succès de l'année. Le film marque les esprits et est qualifié par le célèbre critique Roger Ebert comme "l'un des films les plus sombres et les plus impitoyables jamais réalisés par Hollywood." Malgré un succès rentable et des critiques élogieuses le film est étonnamment boudé par les récompenses. Fincher devient l'un des plus célèbres réalisateurs de son temps et retrouvera d'ailleurs son scénariste Andrew Kevin Walker pour "The Game" (1997), "Fight Club" (1999) et son tout récent et plus décevant "The Killer" (2023)... Alors qu'il est à sept jours de la retraite l'inspecteur Somerset tombe sur un crime peu ordinaire tout en accueillant malgré lui son nouveau partenaire et remplaçant l'inspecteur David Mills. Alors que d'autres crimes horribles sont découverts, Somerset flic blasé et cynique comprend qu'il s'agit d'un tueur en série bientôt identifié comme John Doe qui semble suivre le précept des Sept Péchés Capitaux. L'enquête avance mais les deux policiers sont finalement pris de court... 

L'inspecteur Mills est interprété par Brad Pitt devenu une des plus grandes stars de Hollywood après "Entretient avec un Vampire" (1994) de Neil Jordan, "Légendes d'Automne" (1994) de Edward Zwick ou "L'Armée des 12 Singes" (1995) de Terry Gilliam et qui retrouvera Fincher pour "Fight Club" (1999) et "L'Etrange Histoire de Benjamin Button" (2008), tandis que son épouse est jouée par Gwyneth Paltrow remarquée dans "Hook" (1991) de Steven Spielberg ou "Malice" (1993) de Harold Becker et qui deviendra une star avec "De Grandes Espérances" (1998) de Alfonso Cuaron et "Shakespeare in Love" (1998) de John Madden. L'inspecteur Somerset est joué par Morgan Freeman alors au sommet après "Impitoyable" (1992) de et avec Clint Eastwood et "Les Evadés" (1994) de Frank Darabont et retrouve après "Alerte !" (1995) de Wolfgang Petersen son partenaire Kevin Spacey alias John Doe remarqué juste avant dans l'autre chef d'oeuvre "Usual Suspects" (1995) de Bryan Singer qui va gravir encore les échelons avec "L.A. Confidential" (1997) de Curtis Hanson et "American Beauty" (1999) de Sam Mendes. Citons ensuite R. Lee Ermey vu dans "Full Metal Jacket" (1987) de Stanley Kubrick, "Mississippi Burning" (1988) de Alan Parker ou "Leaving Las Vegas" (1995) de Mike Figgis, Richard Roundtree vu dans "Les Nuits Rouges de Harlem" (1971) de Gordon Parks ou "Maniac Cop" (1988) de William Lustig, John C. McGinley acteur fétiche de Oliver Stone dont "Né un 4 Juillet" (1989) après lequel il retrouve l'acteur Reg E. Cathey aperçu dans "The Mask" (1994) de Chuck Russell, Richard Schiff vu dans "Malcolm X" (1992) de Spike Lee, "Bodyguard" (1992) de Mick Jackson ou "Speed" (1994) de Jan de Bont, Mark Boone Junior vu dans "58 Minutes pour Vivre" (1990) de Renny Harlin et "Mort ou Vif" (1995) de Sam Raimi et retrouvera Fincher dans "The Game" (1997) à l'instar de Michael Massee vu dans "The Crow" (1994) de Alex Proyas et retrouvera aussi dans "Amistad" (1997) de Steven Spielberg l'acteur Morgan Freeman et dans "Guy" (1997) de Michael Lindsay-Hoog l'acteur Richard Portnow vu dans "Radio Days" (1987) de Woody Allen ou "Good Morning Vietnam" (1987) de Barry Levinson, Leland Orser vu cette même année "Independance Day" (1996) de Roland Emmerich et "Los Angeles 2013" (1996) de John Carpenter, Richmond Arquette qui retrouvera également le réalisateur David Fincher dans "Fight Club" (1999), "Zodiac" (2007) et "L'Etrange Histoire de Benjamin Button" (2008), puis enfin n'oublions pas deux caméos par Charles S. Dutton qui était dans "Alien 3" (1992), et surtout le scénariste lui-même Andrew Kevin Walker en cadavre du premier crime... La première idée de génie du film est que l'acteur qui incarne John Doe est à l'origine inconnu et n'apparaît pas dans le générique de début pour lui donner une dimension encore plus mystérieuse. Au départ c'est pourtant R. Lee Ermey qui était envisagé pour le tueur, mais la performance de Kevin Spacey juste avant dans "Usual Suspects" a permis de confirmer le choix. Logiquement, il faut attendre le twist pour enfin voir le visage du tueur alors que les deux tiers du film sont passés. Jusque là on suit surtout les deux flics qui enquêtent de façon classique sur des meurtres qui eux ne le sont pas. Les meurtres sont particulièrement horribles et frappent par leur vices et tous ce qui peut entourer leur préparation. Somerset l'explique bien en commentant qu'il n'a jamais vu ça, l'incroyable patiente qu'il a fallu pour commettre ces crimes particulièrement hideux et machiavéliques.

Mais au fur et à mesure que les crimes et leur vice correspondant se dévoilent on est de plus en plus séduit par un scénario implacable qui mène au dernier acte. Un scénario malin pour un tueur plus machiavélique que jamais. En effet il faut imaginer un homme très méthodique, à la volonté hors norme, qui s'est créé une identité anonyme et une personnalité invisible pour préparer durant des années sept meurtres... ATTENTION SPOILERS !... Gourmandise est représenté par un homme qui a dû se forcer à se goinfrer jusqu'à ce que mort s'en suive, un crime encore plus odieux et malsain par son côté scatologique. Avarice est représenté par le massacre d'un avocat symbole du métier pourri par excellence, le meurtre le moins créatif et le plus "classique". Paresse avec la découverte d'un homme momifié mais encore (sur)vivant, le choc est un mot trop sage pour ce cas inouï. Luxure où un homme et une prostituée ont été forcé à une scène terrifiante façon torture porn, une scène dont la force repose sur notre imagination débordante d'autant plus effroyable. Orgueil, symbolisé par une mannequin dont la beauté éphémère saccagé a été au centre d'un choix tragique. Puis enfin l'Envie le péché que s'octroie John Doe lui-même, puis la Colère suite logique au précédent par le jeune flic et qui clôt le grand final... FIN SPOILERS !... Un final si choquante et si sombre que New Line a voulu la modifier mais David Fincher a refusé et surtout, le fait que Brad Pitt a menacé de quitter le projet a permis au réalisateur d'assumer et d'assurer cette fin si singulière. Si la fin dans ce côté logique du crime est du pur génie, néanmoins il faut avouer que c'est aussi sur cette séquence, ce dernier acte qu'il y a le tout petit défaut du film, soit Brad Pitt qui joue mal ces longues secondes qui débutent avec la découverte du colis, s'en suit ce qui mène à l'ultime exécution ; pleurs, tourne la tête façon oui non, crie et rebelote qui fait non n'est pas la meilleure performance de l'acteur, à l'instar d'une certaine Marion Cotillard qui mourra plusieurs années plus tard dans "The Dark Knight Rises" (2012) de Christopher Nolan. Pour l'anecdote, précisons que les livres de John Doe ont réellement été spécialement écrit pour plus de véracité ce qui a coûté la modique somme de 15000 dollars pour deux mois de travail, puis la blessure de Brad Pitt après l'agression de John Doe est réelle puisque l'acteur s'était réellement blessé lors du tournage, tandis que John Doe est un terme connu outre-Atlantique qui veut dire tout le monde et personne à la fois et renvoie donc forcément au titre en V.O. de "L'Homme de la Rue" (1941) de Frank Capra. Jamais le cinéma n'avait offert un serial killer ayant un but aussi précis. Ajoutons à ça une atmosphère aussi pluvieuse que poisseuse parfaitement mise en image qui colle idéalement aux meurtres dégueulasses. Sans le petit bémol pour Brad Pitt à la fin le film touche à la perfection, assez en tous cas pour avoir réinventer le thriller, et depuis copié 100 fois sans avoir été égalé. Un grand film à voir et à conseiller.

 

Note :            

 

19/20
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