Glory (1989) de Edward Zwick
Pas encore réalisateur des excellents "Légendes d'Automne" (1994) et "Le Dernier Samouraï" (2003) Edward Zwick vient alors tout juste de signer "À Propos d'Hier Soir" (1986) mais encore sans réel succès et inexpérimenté le financement de ce nouveau projet fut plus ardu ce qui fera dire au cinéaste : "Personne ne me tirait dessus, sauf les patrons du studio. Ce n'était pas des balles, mais ça faisait peur !" Mais la production est lancée avec un budget confortable de 18 millions de dollars. Le film raconte le destin du fameux 54ème régiment du Massachusetts pendant la Guerre de Sécession, premier régiment entièrement constitué d'afro-américains, mais vu par l'officier blanc Robert Gould Shaw (Tout savoir ICI !). Le scénario est écrit par Kevin Jarre, fils adoptif de Maurice Jarre et demi-frère de jean-Michel Jarre, connu également pour les scénarios de "Rambo II" (1985) et "Tombstone" (1993) tous deux de George Pan Cosmatos. Le scénariste s'est basé sur les livres "One Gallant Rush" (1965) de Peter Burchard et "Lay this Laurel" (1973) de Lincoln Kirstein, ainsi que sur l'abondante correspondance de Robert Gould Shaw. Le film est le premier succès du réalisateur, reçoit en prime les Oscars de la meilleure photographie, du meilleur son, et du meilleur acteur dans un second rôle pour Denzel Washington précédé du Golden Globes pour l'acteur... 1863, le guerre de Sécession ravage les Etats-Unis. Le jeune officier Robert Gould Shaw est promu colonel à la condition de prendre la tête du premier régiment composé uniquement d'afro-américains. Après avoir hésité il accepte mais malgré son investissement pour en faire un régiment digne de ce nom il comprend que ce régiment n'est qu'un vitrine. Le colonel va tout faire pour que son régiment ait les mêmes droits et devoirs que les autres régiments de l'Union jusqu'à leur première mission, prendre d'assaut le fort Wagner réputé imprenable...
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Le colonel Robert Gould Shaw (Tout savoir ICI !) est incarné par Matthew Broderick révélé et remarqué dans "Wargames" (1983) de John Badham, "Ladyhawke, Femme de la Nuit" (1985) de Richard Donner et "La Folle Journée de Ferris Bueller" (1986) de John Hugues. Son sous-officier est joué par Cary Elwes remarqué dans "Lady jane" (1986) de Trevor Nunn et surtout "Princess Bride" (1987) de Rob Reiner, tandis que les deux principaux afro-américains sont joués par Denzel Washington vu auparavant dans "Les Coulisses du Pouvoir" (1986) de Sidney Lumet et surtout l'excellent "Cry Freedom" (1987) de Richard Attenborough, puis Morgan Freeman alors dans une année charnière avec aussi "Johnny Belle Gueule" (1989) de Walter Hill et "Miss Daisy et son Chauffeur" (1989) de Bruce Beresford. Citons ensuite Andre Braugher vu plus tard dans "Peur Primale" (1996) de Gregory Hoblit, "The Mist" (2007) de Frank Darabont ou "She Said" (2022) de Maria Schrader, Cliff De Young apparu dans "Blue Collar" (1978) de Paul Schrader ou "Les Prédateurs" (1983) de Tony Scott, Alan North aperçu dans "Serpico" (1973) de Sidney Lumet ou "Highlander" (1986) de Russell Mulcahy, Bob Gunton vu juste après dans "Né un 4 Juillet" (1989) et "JFK" (1991) tous deux de Oliver Stone, Jay O. Sanders aperçu dans "Marjorie" (1983) de Martin Ritt et "Tucker" (1988) de F.F. Coppola, Raymond St. Jacques vu dans "Les Comédiens" (1967) de Peter Glenville ou "Invasion Los Angeles" (1988) de John Carpenter, John Finn remarqué surtout coup sur coup avec "Cliffhanger" (1993) de Renny Harlin, "L'Impasse" (1993) de Brian De Palma et "Geronimo" (1993) de Walter Hill, Mark Margolis vu dans "Scarface" (1983) de Brian De Palma et "Cotton Club" (1984) de F.F. Coppola, Richard Riehle vu la même année dans "Black Rain" (1989) de Ridley Scott, puis enfin Jane Alexander vue dans "Les Flics ne dorment pas la Nuit" (1972) de Richard Fleischer ou "Kramer contre Kramer" (1979) de Robert Benton et retrouve Morgan Freeman après "Brubaker" (1980) de Stuart Rosenberg... Pour commencer, si le matériau de base s'appuie sur des documents historiques et des recherches sérieuses le film demeure une fiction et ne reprend les faits que de loin pour une ligne directrice générale mais n'est en aucun cas un film historique fidèle aux événements. La liste serait longue et fastidieuse mais précisons entre autre que l'assaut du fort Wagner n'a pas coûté la vie à la moitié du régiment (même si ce fût un carnage et un échec), que la première bataille du 54ème n'a été livré que deux jours avant le fort Wagner, que le personnage du général Harker n'était âgé que de 25 ans et qu'il n'avait aucun lien avec le 54ème, que le Dom Pérignon n'existait pas encore, et surtout le colonel Robert Gould Shaw n'était certainement pas aussi vertueux - l'officier était surtout pris par son devoir, et s'il n'était pas ouvertement raciste il avait les réflexes de son temps et de par son statut comme en témoigne certains termes peu recommandables envers ses hommes du 54ème.
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Néanmoins le contexte géo-politique, racial et humain est magnifiquement rendu, rappelant aussi que les blancs de l'armée nordiste n'étaient pas uniquement composés d'abolitionnistes bien au contraire, que les nuances et les ambiguïtés étaient légion. On savoure dès le début la rencontre entre le jeune officier Robert Gould Shaw et la personnalité politique afro-américaine Frederick Douglas. Malgré la création du 54ème on perçoit toutes les difficultés, les singularités d'un tel régiment dans une guerre fratricide jusqu'à la scène aussi tragique que culte... ATTENTION SPOILERS !... le soldat Trip/Washington est punit et fouetté devant son régiment sur ordre du colonel/.Broderick... FIN SPOILERS !... séquence forte qui amène à débat, certaines sources indiquent que la sentence du fouet n'existait pas dans les rangs de l'armée de l'Union, d'autres dont l'équipe du film affirme le contraire dont Morgan Freeman qui déclara : "Les experts nous ont dit qu'en entrant dans ces camps, on voyait des gars attachés à des roues. C'était leur punition. On vous attachait, on vous fouettait, et on vous laissait là. Rien à voir avec la couleur, c'était une punition militaire." Néanmoins, la séquence reste marquante de par la performance magnétique de Denzel Washington et par une punition qui réveille forcément les démons de l'esclavage. Edward Zwick signe un film fort, qui appuie sans un peu trop l'hommage à un colonel blanc, mais qui reste un témoignage qui reste intéressant, émotionnellement prenant dont la seule partie un peu décevante reste l'assaut final à la dois trop long, trop fouilli, trop démonstratif. Un film à conseiller et à voir malgré tout.
Note :