La Jeune Fille à l'Aiguille (2025) de Magnus Von Horn

par Selenie  -  10 Avril 2025, 11:07  -  #Critiques de films

Après ses longs métrages "Le Lendemain" (2014) ou "Sweat" (2020) restés inaperçus chez nous, le suédois Magnus Von Horn se penche sur une affaire qui a défrayé la chronique au Danemark au début XXème. Il s'agit de l'histoire de la tueuse en série de bébé Dagmar Overbye (Tout savoir ICI !). Pour ce film ambitieux, le réalisateur-scénariste co-écrit le scénario avec Line Langebek Knudsen, qui écrit depuis une vingtaine d'années mais essentiellement pour des courts métrages et des séries TV inconnues chez nous. C'est la première fois que le cinéaste suédois tourne un film en langue danoise, avec un casting quasi entièrement danois, dans un film d'époque de surcroît en Noir et Blanc. Il avoue s'être inspiré de "La Liste de Schindler" (1993) de Steven Spielberg. Film interdit au moins de 12 ans... Copenhague, 1918, Karoline, une jeune ouvrière lutte pour survivre mais la chance semble lui sourire quand elle tombe amoureuse de son patron. Mais lorsqu'elle tombe enceinte et malgré les promesses la famille elle est abandonnée avec son bébé. Elle rencontre Dagmar, une femme charismatique qui dirige une agence d'adoption clandestine. Un lien fort lie bientôt les deux femmes, et Karoline accepte un poste de nourrice...

Karoline est interprétée par Victoria Carmen Sonne vue dans "Winter Brothers" (2018) de Hlynur Palmason, "Miss Osaka" (2021) de Daniel Dencik, "Godland" (2022) de Hlynur Palmason ou "Azrael" (2024) de E.L. Katz, tandis que Dagmar est incarnée par Trine Dyrholm vue notamment dans "Les Héros" (1996), "Festen" (1998) et "La Communauté" (2016) tous de Thomas Vinterberg. Citons ensuite Besir Zeciri vu dans "Way Home" (2024) de Charlotte Sieling et qui retrouve après "Wildland" (2020) de Jeanette Nordahl son partenaire Joachim Fjelstrup vu dans "Les Enquêtes du Departement V : Promesse" (2024) de Ole Christian Madsen et qui retrouve aussi après "Invasion Day" (2017) de Roni Ezra l'acteur Ari Alexander vu dans "Sons of Denmark" (2019) de Ulaa Salim, Tessa Hoder essentiellement vue dans des séries TV dont "Traque en Série" (2011) ou "Le Tueur de l'Ombre" (2019-...), Jacob Ojlev Jorgensen vu dans "La Chasse" (2012) et "La Communauté" (2016) tous deux de Thomas Vinterberg  et plus récemment dans "Speak no Evil" (2024) de James Watkins, Lizzielou Corfixen aperçue dans "Les Enquêtes du Departement V : Effet Papillon" (2022) de Martin Znadvliet, puis n'oublions pas Magnus Von Horn lui-même qui apparaît en tant que mari de Frida... Outre le Noir et Blanc, le réalisateur a fait deux autres choix essentiels. D'abord sur le fond en choisissant de ne pas suivre le processus d'un biopic sur la tueuse en série mais plutôt de suivre une femme ordinaire et pauvre qui la rencontre sans savoir à qui elle a à faire. Ensuite de reprendre plutôt les codes du conte de fée en version hyper réaliste (rappelons que les frères Grimm étaient plus dans le gore que Disney !) comme le précise le réalisateur  : "(une héroïne) vivant dans un grenier, un prince sur son cheval blanc qui se révèle être un lâche, un monstre sans visage mais au coeur pur et une sorcière cachée dans un magasin de bonbon..."... 

Et on est vite dans les bas-fonds post-14-18, la reconstitution est si forte visuellement qu'on pense à l'oeuvre de Emile Zola, avec un Noir et Blanc qui renvoie certainement moins à Spielberg qu'au cinéma expressionniste allemand de F.W. Murnau. Le et les tons appuie le côté sinistre d'un récit qu'on sait déjà particulièrement malaisant. La très bonne idée de choisir un personnage fictif comme ligne directrice se confirme, la pauvre Karoline/Sonne se retrouve dans une misère encore plus terrible après avoir été sans nul doute un brin naïve mais dans son malheur il y a toute un partie qui impose les conséquences physiques et psychologiques de la Première Guerre Mondiale. Des conséquences aussi déchirantes qu'effroyables qui sont aussi collatérales car les meurtres en séries en découlent peut-être ?! Dagmar/Dyrholm ne nous apprendra pas beaucoup mais la souffrance est palpable mais on reste cloué au fauteuil en se demandant la ou lesquelles ?! Le rythme est mesuré, prenant le temps de poser les problématiques et les enjeux sans jamais tomber dans le pathos ou le démonstratif tout en osant une certaine dose de glauque. Deux portraits de femmes brisées qui font les mauvais choix, qui se vampirisent presque jusqu'au plus affreux des crimes. Un film aussi envoûtant que terrifiant, ne jouant pas la carte du thriller pour offrir un drame psychologique hypnotique mais qui n'est pas dénué d'un petit optimisme.

 

Note :                 

 

16/20
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