Coka Chicas (2025) de Roxine Helberg
Nouveau long métrage de Roxine Helberg, cinéaste américaine mais originaire de France, Belgique et Italie, à qui on doit entre autre des épisodes de la série TV "The Girlin the Woods" (2021) et le film "Cold Copy" (2023) resté plutôt confidentiel. Pour ce nouveau projet ambitieux elle s'est inspirée d'une histoire vraie, trois jeunes femmes du 19ème arrondissement de Paris arrêtées après avoir servies de mules pour un trafic de drogues. La cinéaste explique : "Ce sont des vies qu'on sacrifie pour quelques billets, et derrière chaque "fait divers", il y a une tragédie humaine. J'avais envie de raconter ça, pas comme une leçon de morale, mais comme un film de tension, d'émotion, et de révolte. Le plus choquant, c'est que ce phénomène est quasiment invisible médiatiquement. On parle de saisies de drogue, pas des filles. Moi, je voulais raconter ce qu'on ne voit jamais : leurs peurs, meurs choix, leur courage, leur amitié. Le cinéma de genre permet justement d'explorer la réalité tout en assumant une certaine forme d'excès et en restant ancré dans des thèmes personnels. Il m'autorise à être audacieuse, à explorer les sujets de manière spectaculaire et à définir mes propres règles pour le monde que je souhaite créer." La réalisatrice-scénariste co-écrit son scénario avec Zangro, producteur-scénariste français entre autre derrière "Mignonnes" (2020) de Maïmouna Doucouré et de son propre téléfilm "Randam" (2022), puis avec François Garcia Fiore qui avait signé le scénario du film "Girasol" (2016) de Dilia Pacheco Méndez. Film interdit au moins de 12 ans avec avertissement...
/image%2F0935117%2F20250506%2Fob_59e442_cbf06c7f54ce04551f207d877524d3e6.jpg)
Trois amies inséparables issues de la banlieue parisienne sont venues dans une île des Caraïbes pour servir de mules, elles espèrent qu'ainsi, en ramenant de la drogue, elles vont pouvoir financer leur rêve d'ouvrir leur bar. Mais dès l'arrivée à l'aéroport, Jessica disparaît mystérieusement après un contrôle douanier. Les deux autres amies, Sarah et Chanel refusent de partir sans leur amie et partent à sa recherche. Mais leur enquête va les mener plus loin qu'elles l'auraient imaginer et elles doivent aussi assumer leur cargaison... Les trois amies sont incarnées par Zoé Marchal remarquée dans la série TV "SKAM France" (2016-2019) mais surtout fille de Catherine et Olivier Marchal pour qui elle a d'ailleurs joué dans le film "Overdose" (2022), Fadily Camara aperçue dans "Les Méchants" (2021) de Mouloud Achour et Dominique Baumard ou "Pas de Vagues" (2024) de Teddy Lussi-Modeste, puis Eva Huault remarquée dans la série TV "Ca c'est Paris !" (2024). Outre ses rôles principaux tenus par de jeunes actrices françaises, nous remarquons un casting international raccord avec la production et l'histoire, citons donc ensuite le britannique Vincent Regan apparu dans "Normandie Nue" (2018) de Philippe Le Guay ou "Aquaman et le Royaume Perdu" (2023) de James Wan, la canadienne Judith Rodriguez série TV "Hotel Cocaine" (2024), l'acteur argentin Vicente Santos, le argentin, l'ivoirien Eric Cullet aperçu dans "Nouveaux Riches" (2023) de Julien Royal, puis plusieurs acteurs dominicain avec Camila Santana et Wilson Urena dans leur premier rôle, Axel Mansilla aperçu dans "47 Meters Down" (2017) de Johannes Roberts, et enfin Pachy Méndez vu dans "Miriam Ment" (2018) de Natalia Cabral et Oriol Estrada ou "El Proyeccionista" (2019) de Jodé Maria Cabral... Le premier soucis réside dans le but de la réalisatrice qui propose un film à deux facettes comme elle l'explique plus haut, mais qui ne se mêlent pas et ne peuvent donner un équilibre cohérent. Ainsi, avec sa première partie (de "Ce sont des vies qu'on sacrifie... je voulais raconter ce qu'on ne voit jamais : leurs peurs, meurs choix, leur courage, leur amitié.) elle pose une certaine complaisance pour des filles qui préfèrent tout de même la facilité de l'argent facile et criminel plutôt que, comme la plupart des gens, d'aller chercher une façon honnête d'avancer. Par là même elle y voit du courage, leur peur... etc... mais elle oublie leur simple bêtise ou naïveté. Un peu facile tout ça. Avec cette déclaration elle impose surtout un sujet sérieux et un propos qu'elle avance alors même qu'ensuite elle justifie une certaine liberté pour son film de genre ("Le cinéma de genre... pour le monde que je souhaite créer."). Et là on la rejoint, avec la recherche d'un style de divertissement efficace et fun.
/image%2F0935117%2F20250509%2Fob_b751ed_0cebdd5083695ac4df53251c79da7010.jpg)
D'ailleurs, la réalisatrice-scénariste oublie vite son sujet de fond puisque dès la préparation elle a envoyé ses actrices en formation cardio-boxe-cascades au fameux Campus Univers Cascades. Une formation musclée au point que, par exemple, Fadily Camara a perdu 10kg. Mais, évidemment se pose la question de pourquoi et comment trois nanas seraient devenues des guerrières du jour eu lendemain et/ou en prévoyant leur avenir tumultueux ?! Là encore ça va en contradiction de la partie dite "réaliste" des pauvres mules prises au piège à l'insu de leur plein gré. Il n'y a pas une des trois amies qui rattrape l'autre, les dialogues sont d'ailleurs symptomatiques du problème, elles ont 25-30 ans et parlent, agissent et réagissent comme les bécasses ados de cité (wesh, "frère" entre elle ?!... etc...) c'est insupportable à l'oreille quand c'est aussi simplistes, primaire et surtout systématique et omniprésent à chaque minute sur toute la durée d'un film. Pourtant certains séquences font mouches, les scènes d'action et les scènes émotion surtout vers la fin. La réalisatrice avoue comme référence des thrillers coréens, et pas des moindres avec les chefs d'oeuvre nommés "Old Boy" (2005) de Park Chan-Wook et "J'ai rencontré le Diable" (2010) de Kim Jee-Woon, on ne perçoit pas ses influences dans le film mais on constate 2-3 passages musclés particulièrement efficaces, mais là encore malheureusement gâchés par des détails flagrants ; par exemple une tête fracassée plusieurs fois sur un tableau de bord pour une seule petite plaie, ou une baston violente qui finit en bain de sang mais ouf, un gros plan nous montre des ongles absolument intacts (?!), il est vrai que la manucure c'est essentiel ! C'est dommage car les actrices se donnent à fond, solides dans l'action, touchante (enfin !) dans deux scènes émouvantes à la fin. Roxine Helberg a de l'ambition mais son film est trop inabouti pour convaincre vraiment, quelques séquences font illusions mais toujours gâchées dans les instants suivants par des éléments maladroits ou râtés.
Note :