Mort de Philippe Nahon

par Selenie  -  19 Avril 2020, 16:20  -  #Décès de star - Bio

Corona ou non, aujourd'hui nous apprenons la mort de l'acteur Philippe Nahon ce 19 avril à l'âge de 81 ans.

Né en 1938 à Paris... Sa première apparition sur grand écran est pour un petit rôle dans l'excellent "Le Doulos" (1961 - ci-dessous) de Jean-Pierre Melville mais l'essai ne sera pas transformé et l'acteur va connaître une petite dizaine d'années de galères. 

Il rebondit grâce au théâtre vers 1969-1970 en jouant notamment les pièces "Cyrano de Bergerac" et "Le roi Lear". Des rôles qui le permettent de postuler à nouveau pour le cinéma. Ainsi on le voit sans "Les Camisards" (1972) de René Allio, puis "Les Doigts dans la Tête" (1974) de Jacques Doillon. 

 

Dès lors Philippe Nahon ne va plus s'arrêter de jouer même s'il va rester longtemps abonné aux seconds voir troisièmes rôles. Outre le cinéma il va apparare de plus en plus à la télévision à partir de 1974. L'essentiel de sa carrière va alors se dérouler sur le petit écran mais on peut le voir ou apercevoir dans des films comme "Le Pull-Over Rouge" (1979) de Michel Drach et "Clara et les Chics Types" (1981) de Jacques Monnet.

 

Sa carrière prend un tournant inattendu avec sa rencontre avec le jeune cinéaste Gaspard Noé qui lui offre le rôle principal dans un moyen métrage de 40mn : "Carne" (1991 - ci-dessous) où il incarne un boucher chevalin quasi-incestueux et meurtrier. Le film sera particulièrement remarqué pour son audace et, surtout, pour la performance de Philippe Nahon dont la carrière va prendre un essor certain.

Travailler avec un réalisateur de la nouvelle génération lui ouvre d'autres perspectives et il va commencer à tourner de plus en plus avec de jeunes cinéastes pour des courts métrages comme Erick Zonka, Pierre Vinour et Julien Leclercq.

 

Bien qu'il reste cantonné aux seconds rôles il tournent de plus en plus, pour des rôles plus marquants, et devient une gueule incontournable du cinéma hexagonal.

 

Il joue dans "Pigalle" (1994) de Karim Dridi, "La Haine" (1995) de Mathieu Kassovitz, "Les Anges Gardiens" (1995) de Jean-Marie Poiré et "Un Héros Très Discret" (1996) de Jacques Audiard.

 

Il rerouve son personnage de boucher chevalin dans la suite "Seul Contre Tous" (1998 - ci-dessous) de Gaspard Noé, cette fois un long métrage qui sera multi-primé dans divers festivals et qui offre une reconnaissance encore plus méritée à l'acteur.

Cette même année on le voit dans l'excellent "Le Poulpe" (1998) de Guillaume Nicloux qu'il retrouve après le tournage de "Seul Contre Tous", puis "Cantique de la Racaille" (1998) de Vincent Ravalec.

 

Il devient omniprésent dans le cinéma français et multiplie les expériences. Désormais il ne tourne constamment et régulièrement.

 

Il joue dans "Les Convoyeurs Attendent" (1999) de Benoît Mariage, "Les Rivières Pourpres" (2000) de Mathieu Kassovitz, "Le Pacte des Loups" (2001) de Christophe Gans, et retrouve ses amis avec "Une Affaire Privée" (2002) de Guillaume Nicloux et en reprenant brièvement son rôle culte de boucher dans "Irréversible" (2002) de Gaspard Noé.

 

Son charisme indéniable et sa gueule singulière l'impose dans les films de genre, on le voit donc dans les must comme "Haute Tension" (2003 - ci-dessous) de Alexandre Aja, "Calvaire" (2004) de Fabrice de Welz et "La Meute" (2010) de Franck Richard.

Mais il continue à explorer, et il s'impose toujours dans d'autres genres, surtout les comédies douces-amères et les polars sombres.

 

Citons pour les premiers "Michou d'Auber" (2007) de Thomas Gilou, "Cowboy" (2007 - ci-dessous) de Benoît Mariage, "Eldorado" (2008) de Bouli Lanners ou encore "Mammuth" (2010) de Benoît Délépine et Gustave Kervern.

Côté polar citons "Le Deuxième Souffle" (2007) de Alain Corneau, "MR 73" (2008 - ci-dessous) de Olivier Marchal, "Comme les Cinq Doigts de la Main" (2010) de Alexandre Arcady, "Gibraltar" (2013) de Julien Leclercq et sous-estimé "Colt 45" (2014) de Fabrice du Welz.

L'acteur a pourtant joué dans des films plus "grand public", ou encore dans des films plus "intellectuels". Pour changer un peu donc rappelons ces rôles où il est presque en tête d'affiche avec "Les Aventures Extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec" (2010 - ci-desous) de Luc Besson, "Les Petits Ruisseaux" (2010) de Pascal Rabaté et "Anton Tchekhov - 1890" (2015) de René Féret.

Et rappelons un petit titre de gloire, son rôle de commissaire-priseur dans la superproduction hollywoodienne "Cheval de Guerre" (2011) de Steven Spielberg.

 

Outre ses tournages toujours nombreux pour la télévision, et ses participations non stop aux courts métrages jusqu'aux années 2016-2017, son dernier rôle est pour un long métrage cinéma, dans "Moi, Maman, ma Mère et Moi" (2018) de Christophe Le Masne.

Philippe Nahon aura écumé nos écrans durant près de cinq décennies même si l'essentiel de sa carrière se concentre sur sa seconde moitié. Sa gueule unique qui exprime la violence extrême ou la sagesse en une demi-seconde aura marqué bon nombre de grands films.

 

Pour ma petite pensée cinéphile, j'ai toujours pensé qu'il aurait été un partenaire idéal pour un duo fantasmé avec Albert Delpy... Ca restera un rêve...

 

Philippe Nahon est mort ce dimanche 19 avril 2020 à l'âge de 81 ans.

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