Tony Rome est dangereux (1967) de Gordon Douglas

par Selenie  -  25 Mai 2021, 09:03  -  #Critiques de films

Ce film est adapté du roman "Miami Mayhem" (1960) de Marvin H. Albert, auteur spécialisé dans le western a déjà été maintes fois porté à l'écran comme avec les films "Le Trésor du Pendu" (1958) de John Sturges et "La Bataille de la Vallée du Diable" (1966) de Ralph Nelson. Par là même, on trouve un autre spécialiste du western derrière avec le producteur Aaron Rosenberg auquel on doit quelques chefs d'oeuvres du genre comme "Winchester 73" (1950) de Anthony Mann et "L'Homme qui n'a pas d'Etoile" (1955) de King Vidor. Un projet porté par Gordon Douglas, réalisateur lui-même habitué du western avec "La Charge sur la Rivière Rouge" (1953), "Sur la Piste des Comanches" (1958) et surtout l'excellent "Rio Conchos" (1964). Seul fait donc un peu exception le scénariste Richard L. Breen qui a néanmoins signé quelques bijoux dont "La Scandaleuse de Berlin" (1948) de Billy Wilder et surtout le chef d'oeuvre "Niagara" (1953) de Henry Hathaway. Le film sera un joli succès au box-office qui permettra à l'équipe de se retrouver avec la suite "La Femme au Ciment" (1968) adapté du même auteur... Détective Privé à Miami où il vit sur son bateau, Tony Rome est engagé par un milliardaire pour retrouver des bijoux qu'on aurait volé à sa fille. Très vite, le détective va s'apercevoir que chaque membre de la famille voudrait l'engager à l'insu des autres...

Le héros est incarné par la légende The Voice alias Frank Sinatra dont on peut citer quelques monuments dans sa filmo comme "Tant qu'il y aura des Hommes" (1953) de Fred Zinnemann, "L'Homme au Bras d'Or" (1955) de Otto Preminger et "Comme un Torrent" (1958) de Vincente Minnelli. La famille du milliardaire est composée par Simon Oakland vu dans "La Cannonière du Yang-Tsé" (1966) de Robert Wise, "Bullitt" (1968) de Peter Yates et surtout popularisé comme supérieur de Papy Boyington dans lma série TV "Les Têtes Brûlées" (1976-1978), son épouse a le charme de Gena Rowlands épouse et muse de John Cassavetes tournant d'ailleurs ce film entre "Un Enfant Attend" (1963) et "Faces" (1968) de son époux, puis la fille incarnée par Sue Lyon révélation sulfureuse de "Lolita" (1962) de Stanley Kubrick et "La Nuit de l'Iguane" (1964) de John Huston et malheureusement déjà dans le déclin. Parmi les alliés ou amis citons le flic joué par Richard Conte qui retrouve Sinatra après "L'Inconnu de Las Vegas" (1960) de Lewis Milestone et qui sera aussi dans la suite "La Femme au Ciment", puis Jill St John qui sera surtout connue pour être une Bond Girl dans "Les Diamants sont Eternels" (1971) de Guy Hamilton. Ensuite citons Lloyd Bochner qui retrouvera l'équipe également pour "La Femme au Ciment" et pour le pseudo-3ème de la trilogie "Le Détective" (1968), Jeffrey Lynn vu dans "Chaînes Conjugales" (1949) de J.L. Mankiewicz et "La Vénus au Vison" (1960) de Daniel Mann, puis Robert J. Wilke second couteau marquant qui retrouve Sinatra après "Tant qu'il y aura des Hommes" et qu'on voit ensuite dans plusieurs grands films dont "Vingt Mille Lieues sous les Mers" (1954) de Richard Fleischer et "Ecrit sur du Vent" (1956) de Douglas Sirk...

Au vu des artistes derrière le film on pourrait croire à un western moderne plus ou moins transposé mais on est bel et bien dans un polar façon Film Noir qui n'est pas sans rappeler l'Âge d'Or du genre à Hollywood et notamment le chef d'oeuvre "Le Grand Sommeil" (1946) de Howard Hawks. On retrouve l'archétype du détective privé, cool et solitaire avec un soupçon de cynisme, et on retrouve une enquête qui semble simple au premier abord et plusieurs femmes qui vont être à la fois alliées et pièges vénéneux. Mais le film a un gros défaut, pas des moindres et presque surprenant, Frank Sinatra lui-même ! En effet, plusieurs passages voit son personnage Tony Rome joue le dur à cuire, le gros bras ce à quoi Sinatra n'est pas crédible. D'abord sa carrure n'a jamais porté l'acteur dans ce genre de rôle, et ici ses 52 ans ne l'y aident encore moins en témoigne sa course poursuite à pied ou sa bagarre à mains nues qui se termine de façon plutôt risible d'un coup de pied enfantin où un réel gorille souffre le martyre "j"ai mal à ma jambe !". Toutes les séquences musclées avec Rome/Sinatra manquent cruellement de punch et restent donc les parties peu convaincantes. Malgré tout l'atmosphère un peu "all school" fait son oeuvre, la recette whisky-jolies filles-embrouilles fonctionne à merveille avec en prime le charme des actrices et le charisme de The Voice. Gordon Douglas signe un polar classique qui ne vaut que par le charme et l'exotisme ambiant, donc rien de franchement original mais ça reste un bon moment. 

 

Note :            

 

12/20
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